Liberté

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Plusieurs heures s'étaient écoulées avant que les policiers n'arrivent, suivis de près par un camion de pompier.
Pauline avait cru défaillir plusieurs fois en voyant Mason perdre connaissance et son pouls ralentir tout doucement comme tombe une nuit éternelle.
Tandis qu'elle était transportée au commissariat, lui était dans le camion rouge en direction de l'hôpital. Elle fixait nerveusement ses mains couvertes d'un sang qui n'était pas le sien. Elle espérait que Mason s'en sortirait. Et s'il ne s'en sortait pas, elle songeait très sérieusement à partir. Définitivement.

Puis elle repensait à leur baiser, un simple baiser qui l'avait littéralement retournée. Peut se faisait-elle des idée ? Peut-être que ce baiser ne s'était produit que parce qu'il était dans les vappes. Qu'il ne savait plus ce qu'il faisait.

Pourvu que ce soit faux, pourvu que l'amour qu'elle avait ressenti dans ce douloureux échange ne soit pas pas à sens unique.
Pourvu qu'il l'aime en retour.

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Tous ses membres étaient endoloris. Combien de temps avait-il dormi ? Sûrement assez pour que les policiers se permettent d'entrer dans sa chambre dans toquer.

Il s'attendait à tout, un sermon, des demandes d'explications, de la pitié. Mais certainement pas qu'une petite tête blonde passe sa tête par la porte et le regarde avec ses grands yeux bleus comme s'il était un revenant.

Et pourtant c'était bien Justin qui se précipita dans la chambre d'hôpital et qui se jeta sur son lit.

"Doux ptit monstre ... Souffla le jeune homme en se redressant avec difficulté et prenant le garçon contre lui.
-Il te réclamait, annonça un policier avec presque trop de solennité.
-Et vous me réclamiez aussi ?" Rétorqua Mason soudainement froid. Il s'était toujours méfié de la police. Peut être était-ce parce que la situation de sa mère ne lui permettait pas d'être irréprochable ?

"Nous devons parler.
-Je n'ai rien à vous dire.
-Nous savons déjà beaucoup de choses. Assez pour vous permettre d'entamer une procédure d'émancipation.
-Bien. Et mon frère ?
-Il reviendra à votre mère dès qu'elle sortira du centre spécialisé.
-Et en attendant?
-Il sera en famille d'accueil."

Mason soupira et frotta doucement le bras de Justin. Sincèrement heureux de l'avoir près de lui.
D'ailleurs à l'idée de devoir se séparer de cette frimousse, la tristesse l'envahit. Il voulait être libre, certes mais libre de voir son frère grandir auprès de lui.

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Pauline faisait profil bas. Le repas de famille était déjà assez agité pour qu'elle n'y rajoute sa participation.

Fallait dire, ces dernières semaines, les membres de cette famille s'étaient déjà assez déchirés.
Zack et ses rêves de devenir coiffeur, Polly qui ne demandait qu'un peu d'entrain pour son futur mariage pourtant si méprisé, l'histoire de leur oncle qui refaisait surface après plusieurs années.

En fait, il semblait que Pauline était simplement une conséquence de cette déferlante de désaccord. Elle était l'ombre de trop, l'imperfection la moins désirable. Des photos dénudées, une réputation de traînée, plusieurs allés simples pour la gendarmerie. Tout ce qu'on n'attendait pas d'elle. Ses résultats scolaires avaient chuté.

Elle avait cessé de lutter contre sa famille. Elle n'en n'avait plus ni le courage ni l'envie. Alors, assise à la terrasse, elle se contente d'observer distraitement la ville grouillante de touristes.
Elle pensait à quoi ressemblerait sa vie si elle était née autre part.

Certainement avait-elle de la chance, mais elle voulait plus que de la chance.

Elle voulait être libre.

Très cher abruti Où les histoires vivent. Découvrez maintenant