Très cher abruti

La rencontre

Pauline avait fugué, elle aussi. Parce qu'elle n'en pouvait plus de se sentir inutile, d'être punie dans sa chambre alors que la vie de son ami était en jeu à l'extérieur.
Puis il y avait eu un message, avec une simple adresse, exprimée un peu vaguement. Deux trois fautes d'orthographe, bien habituelles et qu'elle reconnaîtrait parmi des milliers.
Mason lui avait communiqué sa position. Il avait tout bonnement mis entre les mains de cette adolescente, sa vie. Elle avait accepté ce défi comme une invitation.

Elle ne savait pas pourquoi il l'avait choisie elle. S'il était vraiment dans les ennuis, il aurait dû appeler la police. Mais son choix s'était tourné vers elle. Alors elle avait accepté ce choix.

Après plusieurs heure de route dans un bus surpeuplé, elle finit par descendre à un arrêt. Elle marcha longuement, longea plusieurs champs avant d'arriver dans un village. Le village indiqué dans l'adresse. Puis elle chercha longuement la rue. C'était une rue adjacente bien isolée des autres rues, presque perchée sur une colline où quelques fermes persistaient.

Le cœur de la belle rousse s'accélérait au fur et à mesure qu'elle s'aventurait dans cet endroit inconnu. Son téléphone n'avait plus de batterie. Qu'avait-elle fait ? La pluie commençait à tomber et le ciel s'assombrissait.

Et si c'était un piège?

Ses idées furent bien vite repoussées quand elle entendit un gémissement. Elle était alors non loin d'une auberge visiblement vide en période scolaire. Elle se précipita vers l'origine du bruit et le trouva finalement.

Il était là, étendu sur le sol à l'ombre d'une paroi de l'auberge. Elle s'accroupit à côté de lui et passa une main dans ces cheveux blonds qu'elle avait bien souvent rêvé d'effleurer.
"Mason ... Il faut contacter les secours..."

Il ne répondit pas et la fixa à travers des yeux bleus embués de larmes. Il la voyait enfin ! Ce n'était pas les meilleures circonstances, certes. Mais c'était les circonstances parfaites pour voir un ange.

"T'es venue...
-T'as cru que j'allais laisser mon idiot préféré agoniser dans son coin ?"
En disant cela, elle prit place à côté de lui en s'adossant à la façade du bâtiment. Elle fouilla les poches de l'adolescent à la recherche du fameux téléphone qui allait les sauver.

Aucun réseau .

Elle soupira. C'était donc pour cela qu'elle avait reçu ce message. Elle l'avait reçu bien des heures après qu'il l'ait envoyé... Voire même des jours. ? Combien de temps devrait elle attendre avant de réussir à contacter les pompiers ?!

Elle fixa Mason et décida de l'attirer contre elle. Il ne faisait pas chaud et il était salement amoché. La pluie les avait à présent trempés... Il sourit en sentant cette étreinte protectrice de la fille qui l'avait initialement rejeté.

"Dis, Pauline, tu connais la blague d'une conne qui était sur un arbre ?"

Elle leva les yeux au ciel, ressentant un certain bouleversement en l'entendant. Elle soupira faiblement en rabaissant sa tête vers lui.

"Dis Mason, tu connais la blague du con qui dit non ?
-Non..."

Et un baiser rompit cette tempête d'émotions en une explosion de sensations. La lave dansait avec la rivière, la glace dansait avec le feu. Un tourbillon emportait tout sur son passage, dans le cœur de Pauline, qui manqua d'exploser.

Alors elle se promit que ce premier baiser ne serait pas le dernier.