Chapitre 2

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Elena Anderson.

Je courrais. Je courrais le plus vite possible. Je fuyais cette horrible chose qui me poursuivait. Je fuyais cette vie de contenance et d'apparence. Je voulais partir, je voulais disparaître d'ici. Je voulais être moi-même, celle que j'avais toujours été au fond de moi. Celle qui faisait que j'étais différente. Car je l'avais toujours su, que je n'étais pas comme les autres. Il me restait juste à savoir en quoi.

Des bouts de ma robe violette s'accrochaient dans les branchages et se déchiraient, laissant une trace de mon passage. Cette scène m'était familière. Et je me rendis soudainement compte que je vivais mon rêve. Ce songe, qui me hantait depuis des semaines, me montrait juste la voie que je devais suivre. Mon subconscient n'était pas détraqué en fait, au contraire. C'était le fond de mon âme qui parlait, ma différence qui m'avait guidée jusqu'ici. Il avait juste fallu que je m'en rende compte.

Épuisée, j'arrêtai de courir et m'appuyai contre un arbre. Je me laissai glisser jusqu'au sol et essayai de reprendre mes esprits. Je me sentais libre, mais pour combien de temps ? Car, malgré moi, j'allais devoir retourner dans ma famille. J'allais devoir redevenir cette fille modèle, cet autre moi qui ne voulait plus exister. Tandis que je me décourageais petit à petit, j'entendis des branches craquer. Je relevai brusquement la tête et vis une silhouette se dessiner dans l'ombre. On aurait dit un chien ou... un loup ! Celui de mon rêve. Je retins mon souffle et essayai de reculer mais je me cognai contre le tronc de l'arbre. J'étais prise au piège. Il s'assit tranquillement, comme dans mon rêve et me fixa de ses grands yeux dorés. Il avait un pelage brun avec une tache blanche sur le sommet de son crâne. Et alors, une voix résonna dans mon esprit. La même que celle dont j'avais rêvé. « Ce n'est pas moi que tu dois fuir. »

Stupéfaite, je ne me rendis pas compte que cela faisait maintenant deux minutes que je fixais cet animal, la bouche grande ouverte. Avais-je rêvé ou il venait de me parler ? De plus, ce que j'avais entendu était identique à ce qu'il me disait dans mon rêve. Je devais halluciner. Tout ce remue-ménage dans ma vie aujourd'hui m'avait vraiment affectée. Commençant à comprendre que j'étais devant un animal dangereux et que je ne m'étais toujours pas enfuie, je senti la panique monter en moi, comme un serpent qui s'enroulerait dangereusement autour de mon cou. Je ne devais pas laisser ce sentiment imprévisible prendre le contrôle. Je soufflai, et fixant le loup dans les yeux, je commençai à faire des pas sur le côté pour me dégager de devant le tronc.

« Je ne te ferai aucun mal. ». Encore cette fichue voix ! Je tournai la tête dans tous les sens, cherchant à savoir d'où elle provenait, même si je le savais déjà. C'était complètement démentiel, un loup ne pouvait pas parler ! De plus, elle résonnait dans ma tête, comme un écho. C'était impossible.

Quand j'entendis à nouveau un craquement de branche, je crus devenir folle. Je fixais le loup depuis plus de cinq minutes et il n'avait pas bougé d'un pouce. Quelqu'un d'autre était donc ici. Je priai alors le plus fortement possible pour que ce soit un homme ou une femme, et non un autre loup qui viendrait rejoindre son compagnon pour manger une humaine cinglée qui entend des voix.

« Il y a quelqu'un ? »

Cette fois-ci, la voix que je venais d'entendre était moins claire, comme lointaine. Elle n'avait pas raisonné dans ma tête. Quelqu'un était donc bien là. Je soufflai, soulagée. Mais c'est alors que le loup se redressa et commença à montrer ses crocs en grognant. Il regardait derrière moi. Je me retournai et vit une jeune femme blonde, paraissant plus vieille que moi. Elle était plutôt petite et menue et même si un loup menaçait de l'attaquer, elle semblait incroyablement calme. L'animal grogna plus fort et s'avança vers elle. Je vis alors qu'il n'allait pas tarder à l'attaquer. Que faire ? Une jeune femme innocente allait se faire attaquer par un loup, qui, quelques secondes auparavant, ne semblait pas vouloir me manger. Je me rendis soudainement compte que cette scène ressemblait étrangement à la suite du rêve que j'avais fait il y avait à peine quelques heures. Mais il n'y avait pas de serpent. Pourtant, j'avais l'impression qu'elle était en danger et je devais faire quelque chose. Je priai pour que ma voix ne disparaisse pas, comme dans mon cauchemar. La panique s'infiltra à nouveau en moi et je la senti s'installer, prête à assister au spectacle désastreux que j'allais causer par mon manque de contrôle. Je ne pouvais plus l'en empêcher.

Echos - EN PAUSE/RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant