Echos - EN PAUSE/RÉÉCRITURE

Chapitre 17

Alexandra Austen

Une tasse de thé nichée dans la paume de ma main, je laissais la chaleur de la boisson faire son chemin dans mon corps qui ne cessait de frémir. La petite maison d'Alba était écartée du village et soumise aux grands vents de la plaine qui s'insinuaient entre les murs fragiles. La vieille femme aux cheveux d'argent déposa une assiette de biscuits au centre de la table avant de s'asseoir en face de moi. Je saisis un gâteau sec et le trempai machinalement dans mon thé.

« Qui était ma mère ? demandai-je de but en blanc. »

Cela faisait deux jours que j'attendais de parler à Alba. Après notre rencontre renversante, elle m'avait promis de tout me raconter dans les jours qui venaient, s'éclipsant aussi rapidement qu'elle était apparue. Je n'avais pas pu attendre qu'elle fasse le premier pas. Le nom de ma soi-disant mère sonnait en écho dans mon esprit. Victoria. Je n'avais pas dormi ces deux dernières nuits, essayant de l'imaginer près de moi. Alba m'avait confondu avec elle, cela voulait donc dire qu'elle me ressemblait. Pourtant, il me semblait vraiment étrange de me dire que ma mère aurait pu se faire passer pour ma sœur jumelle.

En entendant ma question, la vieille femme sourit légèrement. Elle avait en effet l'air vraiment proche de cette femme qui m'avait mise au monde et son air triste me serrait l'estomac. Pendant ces deux jours, j'avais gardé espoir. Je m'imaginais déjà rencontrer ma mère.

« Ta mère était la femme la plus incroyable et courageuse que je n'ai jamais connue. »

Tandis qu'elle lâchait cette phrase, ses yeux s'embuèrent. Je me mordis la lèvre, impatiente de connaître l'histoire de ma mère, mais à la fois incroyablement anxieuse de découvrir ce qui lui était arrivé.

« C'était une jeune magicienne très prometteuse quand je l'ai rencontré. Je donnais des cours de magie aux plus de seize ans à l'époque. Je me souviens que ses parents m'avaient emmené Victoria, alors âgée de quatorze ans, pour assister à mes cours. Ils m'avaient supplié de la prendre, les pauvres, ils ne comprenaient pas son esprit trop vif. Alexandra, ta mère était une prodige de la magie. Je n'ai jamais rencontré personne d'autre d'aussi doué... Sauf, peut-être... »

Abasourdie par ses révélations, j'étais pendue à ses lèvres. Essayant d'analyser ses propos, je ne fis même pas attention à sa phrase en suspens. Avant même que je ne puisse lui demander quoi que ce soit, elle reprit.

« C'est dans mon cours qu'elle a rencontré ton père, Paul Carston. Elle était tellement belle que presque tous les garçons étaient amoureux d'elle, dit-elle en riant. C'est d'elle que tu tiens ta chevelure de feu et tes yeux verts d'eau. C'est pour ça que j'ai cru la voir en t'apercevant. Tu as toute sa beauté, et d'après ce que Greg m'a dit, son talent. »

Ses mots me touchèrent au plus profond de mon cœur. Découvrir tout cela sur ma mère me remplissait d'amour et de tristesse. Même si j'aimais mes parents adoptifs plus que tout, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à la vie que j'aurais pu avoir si j'avais été élevée par mes parents biologiques.

« Pourquoi j'ai été adoptée ? murmurai-je, des sanglots dans la voix.

-Avant que je ne te raconte la suite, il faut que tu saches que tes parents t'aimaient plus que tout. »

J'acquiesçai, une larme coulant le long de ma joue et l'appréhension me tordant le ventre.

« A dix-huit ans, Victoria est tombée enceinte. Elle a accouché d'un petit garçon. Nicolas. Ton frère. »

J'eus l'impression que mon cœur allait s'arrêter. Toute ma vie, j'avais grandi en tant que fille unique. Je n'avais jamais imaginé avoir un frère un jour.