33.

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J'ai tout fait pour l'éviter pendant trois semaines.
Tout fait pour pouvoir repousser ce moment : la discussion inévitable à laquelle j'étais censée me préparer.
Ouais, censée.

Jamais je n'aurai imaginé me trouver devant lui en serviette, toute mouillée, surtout quand, avec sa barbe naissante, ses cheveux un peu bouclés et son air hésitant, il prend tout l'espace.

Et lorsque je dois me faire violence pour ne pas courir vers lui, me lover dans ses bras, l'embrasser jusqu'à ne plus en sentir ma bouche, je me demande juste : POURQUOI ?

Il est évident que je suis folle de lui.
Bien malgré moi...
Les trois semaines sans lui parler ne m'ont pas aidée.
Au contraire.
Je suis encore plus impatiente de sentir ne nouveau son odeur.
Aller savoir pourquoi, elle m'apaise...

- Mae, ça va ?

Vu le ton qu'il emploie, je dois sûrement lui offrir une étrange vision.

Je lâche un râle de frustration.
La raison ? Je n'en ai aucune idée.
Je le contient depuis tellement longtemps.
Cette extériorisation me fait du bien, mais pas assez.

Il reprend, vexé de ma réaction.

- Je sais que tu ne veux pas me voir, mais je ne peux plus continuer comme ça. Il faut qu'on en parle...

Son ton brisé m'oblige à sonder son regard et ce que j'y vois me transperce jusqu'au plus profond de mon âme.
Si j'avais un doute sur sa sincérité, ce regard a balayé tout sur son passage.

Je ne pus que hocher la tête, les larmes aux yeux, tandis que je sentais mon coeur s'ouvrir un peu plus à chaque pas que j'effectuais vers lui.

Mon trouble le déstabilise je le sais bien. Il semble désarçonné et ne sait pas quoi faire.

Moi je sais. Je le prends dans mes bras et pleure.
Sauf que cette fois, je sais pourquoi.
Je sais que maintenant que j'ai goûté à lui, que je me sens en sécurité dans ses bras comme jamais je ne l'ai été, mon coeur ne m'appartient plus.

Je l'ai laissé s'engouffrer dedans, et à tout moment il pourra me l'arracher avec une simple parole, un seul acte.
Et je vais prendre ce risque.

Il enfouit sa tête dans mon cou, sent mes cheveux, puis pose un baiser sur le sommet de mon crâne.
Mes mains s'agrippent à son t shirt tandis que je calme ma terreur avec les battements réguliers de son coeur.

J'ai peur d'aimer.

Le problème, c'est que si je sais une chose, c'est que la peur ne change rien à la situation finale.
Je suis déjà foutue.

Nicolay pousse un soupir de ce que je pense être du soulagement, et un sentiment de plénitude m'envahit, me réchauffe.

Mes larmes taries, je tente de me dégager mais il resserre ses bras de façon protective, et un pic de panique me traverse tandis qu'il murmure :

- Reste encore un peu s'il te plaît. Je ne veux pas que ce moment soit terminé.

La panique soudaine qui m'a saisie à l'instant me laisse perplexe, parce que j'étais plus que bien dans ses bras, mais ce n'est pas le moment.

MarquésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant