Love in movie

Chapitre 3

Le vent souffle tellement fort que je me cramponne à mon siège. Jane, l'actrice qui interprète Mary me regarde en riant. Je lui souris. C'est la première fois que je joue dans un film et j'ai la chance de commencer avec les plus grands. Jane est très douée, déjà nominée deux fois à l'oscar du meilleur acteur sans l'avoir encore reçu. Avec elle, je me laisse aller. J'ai même parfois l'impression que c'est elle qui mène le jeu. Mon regard dérive doucement sur les maquilleurs et... Robert. Il ne cesse de jeter des œillades à sa coiffeuse qui ne sait plus où se mettre. Je croise soudain son regard dans le miroir et il me sourit. Pas un sourire courtois et poli, un sourire sournois et calculateur. Je suis loin de l'image que je me faisais de lui, ce sexe symbole adoré des femmes... n'est en fait qu'un dom juan de la pire espèce. Je soupire, puis observe les assistants qui bougent les décors. Nous allons tourner en pleine rue demain, il leur faudra bien la soirée et une partie de la nuit pour tout préparer. De mon côté, j'attends que le réalisateur m'informe que je peux quitter le tournage et rentrer chez moi. Un bon thé chaud et un bon bouquin pourraient me permettre de terminer la journée sur une note positive.

— Lydie ! Vous voilà, je vous cherchais, s'exclame-t-il.

— J'étais là, je vous attendais, lancé-je, un peu excédée par l'extravagance de monsieur Loodwig.

— Très bien, très bien. Demain, nous allons tourner une scène d'extérieure, fait-il, pensif, devant le bûcher.

— La scène de la mort de Mary ?

— Non, non, pas encore, plutôt sa nomination comme sorcière, me répond-il en regardant Jane qui discute avec un des garçons de l'équipe du son.

Je hoche la tête. Ses yeux se posent de nouveau sur moi et il me scrute des pieds à la tête.

— Demain, il faudra être expressive. Peu de paroles mais le spectateur devra voir à quel point Jud est paniquée.

Bien sûr, impossible de parler sous peine d'attirer l'attention sur elle. Jud va devoir la jouer fine, paraître détachée mais terriblement affectée. J'acquiesce à sa remarque et il m'invite à rentrer chez moi. Je le remercie et me dirige vers ma loge pour récupérer mes affaires. Lorsque j'ouvre la porte pour ressortir, je me retrouve nez à nez avec le goujat de service.

— Lydie c'est bien ça ? me demande-t-il, me détaillant une fois encore.

— C'est ça, dis-je d'un ton sec.

Alerté par la froideur de ma voix, il pose enfin son regard dans le mien et me demande si tout va bien. Rassurée, je lui réponds par l'affirmative et il sourit, satisfait.

— C'est la première fois que tu joues dans un film, non ?

— Oui, c'est une chance inespérée. J'ai été appelée par monsieur Loodwig qui m'a...

— D'accord, d'accord... Tu m'en diras tant, me coupe-t-il, l'air ennuyé.

Alors que j'insiste pour passer et ainsi rentrer chez moi, il me caresse le bras et lance d'un ton doucereux :

— Lydie, ça te dirait de sortir boire un verre...

Je plisse les yeux, attendant la suite de sa phrase.

— Chez moi par exemple.

Lorsque je vois sa langue passée sur ses lèvres et son regard lubrique s'attardant sur mes hanches, je le bouscule et ne peux m'empêcher de lâcher un grognement. Quel pervers !

De retour chez moi, je rumine la journée. Elle aurait pu être belle sans ce drôle d'énergumène. Quand je pense qu'il va falloir que je joue une histoire d'amour avec lui... Enfin, entre Jud et Donnovan. Je retire mes chaussures d'un geste ample et les jette à l'autre bout du couloir. Le manteau abandonné sur le sol, je cours m'affaler sur mon canapé, allumant la télé au passage. Les programmes défilent et rien ne me plaît. Je pousse un soupir tonitruant et me dirige vers la cuisine pour me préparer un sandwich. Le frigo est presque vide... Voilà ce que j'ai oublié de faire cette semaine... les courses ! Je referme la porte avec fracas, faisant valser quelques aimants. Les bras ballants, je regarde mes tranches de pains, sans aucune garniture, et haussant les épaules, je croque dedans goulûment. Après tout, une journée comme ça, ça creuse ! J'éternue soudain, et suis prise de frissons. Décidément, cette journée n'en a pas terminé avec ses mauvaises surprises. J'ouvre un placard et en sors mon thé préféré. Je le laisse infuser, impatiente et une fois prêt, je le bois doucement, assise dans mon lit, un livre calé entre sur mes jambes relevées.