electric love

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Je finis par sortir de l'église à regret. Je n'ai pas envie de retourner à la fête. De plus, les effets de l'alcool commencent à se dissiper : je tremble de froid et ma tête me lance atrocement. Je croise les bras dans une vaine tentative de réconfort et m'aventure au hasard dans la rue. Il n'y a pas un chat, il semble que je suis seule. Mes pas résonnent dans le silence.

- Drink up baby, stay up all night with the things you could do, you won't but you might...

J'en profite pour chantonner, histoire de me réchauffer.

- The potencial you be that you never see, the promises you'll only make. Drink up one more time, forget all about the pressure of days. Do what I say and I'll make you okay, I'll drive them away the images stuck in your head...

La fraicheur de la rue et le bruit sourd des voitures au loin m'ôtent un poids des épaules. Je me sens étrangement plus légère. Peut-être parce que je suis loin de Michael, ou peut-être parce que je décuve.

- People you've been before that you don't want around anymore...

Une seconde voix s'ajoute à la mienne.

- They push each other and won't bend to your will, I'll keep them still.

La voix est claire et angélique, suave. Je me retourne aussitôt pour apercevoir une silhouette svelte calée contre une moto noire à quelques mètres. Même chemise jaune nouée, même visage d'Adonis. C'est le garçon à la guitare électrique verte.

- Tu as une jolie voix, me complimente-t-il. Pourquoi tu n'es pas montée sur scène tout à l'heure?
- Je chante pas en public.

Je mord ma lèvre inférieure, incertaine de ses intentions. Après tout, je ne le connais pas.

- C'est dommage.

Il se détache de l'engin et avance nonchalamment de quelques pas, mains dans les poches.
- Je t'ai pas entendu avec le bruit qu'il y avait, dis-je.
- Je sais, c'était l'enfer, on a pas pu joué.
- Vous êtes plusieurs?
- Ouais, j'ai des musiciens.
- Oh, alors t'es un vrai artiste?

Il sourit et semble comprendre une blague qui m'échappe.

- Pas toi?

C'est à mon tour de sourire.

- Ce n'est pas mon domaine.
- Je dirais que...

Il penche la tête et fait mine de réfléchir.

- Tu écris?

Je hoche la tête puis renifle. La fraicheur commence à se faire sérieusement ressentir, si je ne rentre pas bientôt, j'attraperai froid.

- Qu'est-ce qui m'as trahis?
- J'en sais rien, je l'ai deviné dès que je t'ai aperçu.

Je secoue la tête en souriant.

- Tu rentres comment? Me demande-t-il sans se départir de son demi sourire, un sourire d'enfant.

LES NUITS D'OPIUMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant