Chapitre 9 [Noah]

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   - Qui a fait ça? je demande, plus qu'énervé par ce que j'ai sous les yeux.

   Mais le silence demeure. Je crois que nous sommes tous sous le choc. Enfin, tous sauf ceux qui l'ont fait. Comment peut-on faire une chose pareille?

   Voulant désespérément trouver le ou les coupables, je reprends:

   - Ils sont morts! Et, contrairement à ceux qui ont pris feu dans le bus, leurs familles auraient pu réclamer leurs dépouilles! Vous voulez quoi, qu'on les trouve comme ça et qu'on nous prenne pour des cannibales? Vous voulez qu'on finisse en asile psychiatrique?

   - Faudrait déjà qu'on nous retrouve, s'exclame Arthur. C'est peut-être notre seule chance de ne pas finir comme eux!

   - Mais on a trouvé de quoi faire des provisions...

   - Tu comprends pas? Tes racines ne suffisent pas! Ça va pour un repas mais ça fait bientôt deux jours qu'on est là. Si on ne mange pas quelque chose de consistant, on va mourir de faim!

   - Oui et July, Ryan et Bryan ne sont toujours pas revenus!

   - Si ça se trouve, ils sont bien au chaud pendant qu'on crève dans cette foutue forêt!

   - Mais... on a fini par trouver de l'eau et on peut tenir plusieurs jours sans nourriture...

    Les autres ne sont pas très réactifs à mes arguments. Ils n'ont pas tord non plus... on est une petite vingtaine dans les bois, au milieu de plantes et de créatures qui pourraient nous tuer... si la faim ne s'en charge pas toute seule.

   Ils ont raison. On doit trouver quelque chose à manger... mais on ne peut quand-même pas faire ça, merde! Ce sont des êtres humains, nos semblables, des personnes à côté desquelles nous nous sommes assises pendant quelques heures et qui partageaient les mêmes objectifs que nous...

   S'en est fini pour eux! Leur vie s'est arrêtée, sans raison apparente. Contrairement à nous, leur avenir est définitivement détruit... Nous, on a encore une chance: on doit se battre, survivre en espérant pouvoir vivre à nouveau...

   Finalement, Arthur a raison. Ce n'est pas avec quelques poignées de baies et de l'eau sale issue d'un maigre ruisseau que nous survivrons. Cela me fait de la peine à avouer, beaucoup même puisque j'enfreins ainsi la loi et plusieurs codes religieux en y pensant, mais c'est peut-être notre dernière chance. L'occasion de regagner Seattle autrement que dans un cercueil...

   - Mais on ne peut pas faire ça! proteste Ivy de sa petite voix révoltée.

   Elle a raison: on ne peut pas, personne ne peut. Elle défend mes convictions mieux que moi, elle me redonne presque foi en mes idées, celles pour lesquelles je me suis battu quelques minutes plutôt avant de renoncer face au raisonnement d'Arthur.

   - On pourrait chasser, propose une voix à quelques mètres de moi. On aurait de la viande et on n'aurait pas à se livrer à... ça.

   - Et chasser quoi? rigola Gregg. On fait peur à toutes les petites bêtes. Et les autres? Elles sont bien trop grandes pour qu'on espère remporter le combat!

   - On a qu'à tendre des pièges un peu plus loin, près du ruisseau, essaya Caleb. Après tout, les animaux aussi doivent boire...

   - C'est pas bête. Avec un peu de chance, on pourra enlever les cordes qui servent à fermer certains sacs pour faire des collets...

   Et c'est ce que nous avons fait. Trois collets, tous placés à des endroits stratégiques. Sauf que... il reste un problème. Nous sommes le matin et les petits animaux qui pourraient tomber dans nos pièges, eux, ne sortent que de nuit. Il faut donc trouver un repas pour aujourd'hui...

   - Attendez, articula une voix que je ne reconnaissais pas. C'est quoi ça?

   Le jeune homme désigne du bout de son doigt une forme qui venait sûrement de dégringoler la colline. Une forme particulière...

   Sans plus attendre, j'approche. Mon cœur s'accélère à chaque pas tandis que ma respiration se bloque involontairement. Je crois que mon corps anticipe le choc. Quelque part, je sais déjà ce que je vais trouver en bas de la colline...

   Je n'y suis simplement pas prêt. Mon cerveau refuse de mettre un mot sur cette forme qui hypnotise pourtant mes yeux. July. Le corps endormi, blessé, rouge à certains endroits, entaillé comme si on l'avait transpercée de dizaines de coups de couteaux.

     À suivre...

Last Days of SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant