Chapitre 1 [Ivy]

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Les cris aiguës retentissant au loin me sortent petit à petit de mon sommeil. Mon corps engourdi refuse de se lever. Que s'est-il passé? Où suis-je? Et qui (ou quoi) cri comme ça?

Les cris persistent et je m'efforce d'ouvrir mes lourdes paupières en dépit de la luminosité aveuglante. Tout ce que je vois, dans un premier temps, se résume à de grands arbres, sûrement des pins, dont le feuillage apporte une protection partielle aux rayons perçants du soleil.

Je ne me rappelle pourtant pas m'être aventurée dans les bois. Non, ce n'est pas possible. Dans mon souvenir le plus récent, je suis dans un bus avec d'autres adolescents de mon âge. Nous devons partir vers New York pour participer à un trimestre d'été destiné à nous préparer à notre entrée à la fac.

Sachant que nous sommes tous originaires de Seattle ou des alentours de la cité d'émeraude, le trajet en bus est censé durer un peu plus de deux jours. C'est long mais, au moins, le prix est bien plus abordable qu'en train ou en avion.

Les cris perpétuels me ramènent à la réalité. Je dois vraiment voir de quoi il s'agit. J'essaie alors tant bien que mal de prendre appui sur mes mains tremblantes. Je ne m'y connais pas très bien en médecine mais je crois que je suis en état de choc.

Aussitôt ai-je relevé le buste qu'une affreuse douleur vient frapper mon crâne. Tout devient alors flou autour de moi et je manque de tomber au sol. Après quelques secondes en position assise, je tente de me relever, en vain.

Mes jambes sont si faibles que je n'arrive pas à prendre appui dessus. En plus, ma cuisse droite me fait terriblement mal. Je crois que quelque chose y est planté.

Oui, plusieurs petits bouts de verre et d'acier ornent ma cuisse, faisant couler du sang sur mon jean troué et sali. Machinalement, j'essaie de crier pour demander de l'aide mais aucun son ne daigne sortir de ma bouche.

Mes cordes vocales ont cessé de fonctionner, sûrement à cause de ce qui vient de se passer. Je suis terrifiée. Qui ne le serait pas?

Je me réveille seule, blessée et en état de choc dans ce qui semble être une clairière au milieu d'une forêt assez dense. Je n'ai pas le moindre souvenir de ce qui s'est passé et aucun moyen de demander de l'aide.

Soudain, aux cris et aux bruits des branches bougeant sous l'effet du vent s'ajoute ce qui ressemble à une autre voix, humaine. Je tourne rapidement la tête, trop rapidement car ma migraine s'intensifie et j'ai beaucoup de mal à voir ce qui se dirige vers moi.

La voix m'est totalement incompréhensible et c'est seulement quand il s'accroupit à côté de moi que j'arrive à distinguer les traits de son visage. Il n'a pas l'air d'être blessé mais dans ses yeux bruns baigne une profonde angoisse qui ne me rassure pas du tout.

J'essaie de lui demander son nom, où nous sommes et ce qui s'est passé mais mes cordes vocales me font de nouveau défaut. Il doit sans doute voir que je tente désespérément de communiquer car il finit par se présenter:

- Je suis Noah, j'étais dans le bus, moi aussi. On a eu un accident. Je ne sais pas combien de personnes sont mortes mais on doit sortir celles qui sont toujours dans le bus au plus vite.

À suivre...


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