Chapitre 6 [Noah]

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Caleb pose son regard effrayé sur moi. J'aimerais pouvoir l'aider mais je n'en mène pas plus large que lui. Pourquoi cherche-t-il de l'aide de mon côté d'ailleurs? Je ne me suis jamais retrouvé confronté à une telle situation. Peut-être pense-t-il que, connaissant la nature pour y avoir passé des étés à faire du camping avec mon père, je pourrais lui apporter une explication rassurante?

Le problème, c'est qu'il n'y a aucune explication possible. On a retrouvé un doigt humain, coupé et plein de sang séché mais qui n'est pas en état de décomposition. Enfin, il y a bien quelques possibilités... mais elles sont plutôt alarmantes.

Le regard de Caleb persiste. Je dois dire quelque chose, prendre une décision au plus vite. Sans trop réfléchir, j'articule quelques mots avec autant d'assurance que possible:

- On ne doit pas tirer de conclusions trop hâtives: il y a plein d'explications possibles...

- Oui, on a qu'à le mettre de côté en attendant d'être sûrs de sa provenance, me soutient un garçon petit et fin qui doit être Charlie.

Tout le monde reste silencieux et je ne craint plus qu'une chose: que quelqu'un proteste et énonce les questions qui se bousculent dans ma tête à haute voix. Mais, heureusement pour moi, personne ne le fait, personne n'ose même si je lis dans leurs yeux leur envie d'avoir des réponses. Nous restons juste là, immobiles au milieux des grands arbres, à nous dévisager pendant ce qui me semble être les plus longues minutes de ma vie.

- En attendant d'en savoir plus, on devrait essayer de trouver de la nourriture, je propose tout en espérant que la corvée leur permette d'oublier l'effroyable découverte.

Il se passe une poignée de secondes avant que les premiers manifestent leur accord et se remettent à chercher les racines des plantes que je leur ai montrées un peu plus tôt. Tout le monde se remet peu à peu au travail, tentant de penser à autres chose, de ne pas imaginer ce que signifie la découverte de ce doigt ensanglanté au beau milieu des bois.

Je repars en direction de Calleigh et Ivy qui sont toujours avec les blessés pour faire un point sur les stocks de médicaments et de pansements même si je me doute que les nouvelles seront mauvaises. Et c'est le cas de le dire. Calleigh m'annonce qu'il nous reste une boîte et demi d'aspirine en comptant celle retrouvée dans un des sacs éjectés hors du bus et seulement dix compresses.

On est mal. C'est pire, si le voyage de July, Dylan et Bryan au sommet de la colline ne nous permet pas d'attirer l'attention des secours, je ne sais pas si nous pourrons survivre un jour de plus. Car oui, il n'y a que quatre blessés sérieux, mais il ne faut pas oublier les blessures superficielles qui pourraient cacher des problèmes bien plus graves.

Certains d'entre-nous ont des entailles peu profondes qui pourraient tout de même s'infecter et d'autres souffrent de maux de crânes ou de ce qui ressemble fort à des entorses. Je me suis d'ailleurs rendu compte qu'Ivy porte régulièrement une main à la partie droite de ces côtes. Elle y a sûrement reçu un choc.

Quand je m'éloigne des blessés, Charlie me rattrape:

- Tu penses que c'est une bête? me chuchote-t-il.

- De quoi?

- Le doigt.

- Non, une bête n'aurait pas laisser de la chaire comme ça...

- C'est bien ce que je me disais. En plus, la section est trop droite...

- Tu es sûr?

Il acquiesce ce qui, je ne sais comment, me glace le sang.

- On doit aller le voir discrètement, je reprends.

Tout le monde est occupé à sa tâche ce qui nous laisse l'opportunité d'aller voir l'état du doigt (que nous avons laissé avec ceux qui ne se sont pas réveillés) sans trop être vus. Je met le doigt sur l'un des corps inanimés et l'observe attentivement.

Charlie a raison: la coupure est nette. Tout semble écarter la piste de la bête.

- Et si c'était pas un animal? me surprend Calleigh dans mon dos.

Je me retourne et découvre une grande jeune femme blonde aux yeux perdus debout face à moi. Je suis sur le point d'essayer de la rassurer quand elle reprend sur le même ton vague:

- Et s'il y avait autre chose dans ses bois que les bêtes qui nous surveillent la nuit?

À suivre...

Publication du prochain chapitre: Lundi 14 août

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