Q(A-U)TRE

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— Quoi ?

Elle croyait avoir mal entendu, tout en sachant qu'elle avait une très bonne qualité auditive.

— Vous plaisantez ? Vous ne comprenez pas que...

Je baissai la tête en essayant d'empêcher le sourire qui me chatouillait les lèvres ; comme j'étais heureux de pouvoir lui faire cette proposition !

— Je suis sérieux, annonçai-je avec émotion.

Elle était si belle sans son inconscience. Assurément, elle ne savait pas combien, à quel point, je l'aimais.

La main à son front, Alice me lança un regard noir auquel je m'étais attendu en repassant à la boutique pour refaire la même erreur.

— Je t'aime, Alice.

— Merde, Fred, pour qui est-ce que vous prenez pour me mettre devant le fait accompli et aussi indécemment ? Je ne tolère plus vos procédés, j'en ai marre !

— Je n'ai pas prononcé le mot... je vous ai juste demandé d'être ma femme.

— Et quoi ? Vous allez vouloir qu'on ait un enfant, et qu'on s'en aille vivre en Australie ?

— Je penchais plutôt pour une île reculée, mais pourquoi pas.

— Je ne suis pas votre chose.

— J'ai été la vôtre pendant des années et je n'oserai jamais vous en demander autant. Est-ce que vous entendez autre chose que mariage quand je parle ? Je vous parle d'amour, Alice !

— Qu'est-ce qui vous dit que moi je vous aime ?

Voilà ce qu'elle m'avait répondu avant de fuir en claquant une porte dont le bruit résonne encore dans tout mon être. J'avais été con de penser que, d'espérer que... Parce que dans toutes mes prévisions, j'avais été égoïste. Érotomane plus précisément.

Depuis, elle ne me regarde jamais plus d'une minute. Quant aux mots, ils sont froids et professionnels uniquement.

J'ai installé une pluie sur un soleil, et je m'en veux.

Dis lui qu'elle t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant