Le Retour du Mal

8. Questionnement

Des pouvoirs... Alors cela pouvait exister. 

J'étais perdue dans mes pensées lorsque Mona me prit dans ses bras en me rassurant, me disant que tout allait aller pour le mieux et qu'ils allaient me sortir de là.

Au bout d'une heure à parler un peu avec chacune des personnes présente dans la salle, Miranda, une femme d'une cinquantaine d'année, sortit du repaire afin de voir si toute l'agitation provoquée par ma fuite avait cessé. Je ne m'attendais pas à un tel miracle mais j'espérais au moins que tout soit plus calme.

-Voici ce que je propose, dit Akim. Deux de nous resterons constamment ici au côté de Lola dans l'éventualité où l'un des sbires de Pommel trouve notre planque. On fera des roulements pour que personnes ne s'inquiète de la disparition soudaine de deux membres de ce monde. Inutile de vous dire que nous devrons faire comme si de rien était face aux assassins. 

Tous hochèrent la tête. Cela me semblait être un bon plan. Même si je tenais à rentrer chez moi au plus vite, cela ne voulait pas dire que je devais prendre des risques inconsidérés. Et puis, j'avais bien envie d'aider ces personnes à sauver la Terre. Le fait de penser ça me paraît excessif, je ne me considère pas comme une héroïne, loin de là. Mais j'avais envie d'être utile et surtout ne pas servir la cause du docteur Pommel en étant son cobaye et amener le mal sur la planète où j'ai toujours vécu. 

Je me tenais debout contre le mur lorsque je vis Klaus venir vers moi, un verre à la main.

-Tiens, bois ça, me dit-il avec un grand sourire.

-Qu'est-ce que c'est ? Lui demandais-je en saisissant le verre.

L'homme se mit à rire.

-Ne t'en fais pas c'est seulement un jus de fruit ! Ce n'est pas parce qu'on est dans un autre monde qu'on se met subitement à boire des potions magiques ou autres mélanges à base de bave de crapaud.

Je le regardais dans les yeux et esquissais un sourire. Il n'avait pas tort. Je ne savais pas pourquoi j'avais eu peur du contenu de ce verre.

-Dis moi, Klaus, j'ai une question. Comment ça se fait que vous parliez tous aussi bien français si vous venez de pays différents ? 

-Je ne sais pas. Je suppose que c'est un don qu'on reçoit quand on arrive dans ce monde. Amanda a toujours parlé en français et dès le premier jour je l'ai comprise. Je garde quand même la connaissance de ma langue maternelle mais elle ne me sert presque jamais. Et puis on a pris l'habitude de parler en français entre nous alors pourquoi changer ?

-Tu penses que le fait que je sois française a influencé le docteur Pommel à me choisir comme cobaye ?

-C'est difficile à dire...je n'ai pas accès à ses recherches. Mais il a du choisir au hasard. Tu sais, il ne faut pas que tu te poses trop de questions là dessus.

-S'il m'a choisi au hasard, comment ça se fait qu'il connaissait mon nom ?

Klaus réfléchis un moment mais ne semblait avoir aucune réponse. Visiblement il ne savait pas grand chose sur ce monde. Il fallait que j'en sache davantage. Je voulais en savoir davantage. J'ai toujours été d'une nature très curieuse et je souhaitais vraiment comprendre la raison de mon arrivée ici. Pourquoi moi et pas un ou une autre. 

-Tu ne saurais pas si un des membres du groupe pourrait m'éclairer ?

-Pourquoi est-ce que tu veux savoir tout ça ? 

-Je me dis que le meilleur moyen de se battre contre ce docteur et cette Amanda c'est d'en savoir un maximum sur eux et par conséquent sur leurs travaux de ressusciter les assassins en quelque sorte. 

-Laisse nous faire Lola. C'est à nous de régler cette histoire, pas à toi. Nous ferons tout pour te renvoyer là d'où tu viens. 

-Mais maintenant que je suis ici je me dois de vous aider. Je ne peux pas rester là à me tourner les pouces alors que vous mettez votre vie en danger.

-Notre vie, nous l'avons déjà perdue.

Les yeux de Klaus se mirent à briller. Je vis qu'il essayait de contenir ses larmes et me sentis immédiatement coupable d'avoir lancer cette conversation.

-Je suis désolée...je voulais pas te faire de mal.

-Ce n'est rien, me dit-il en essuyant une larme qui avait finalement roulé sur sa joue. Tout ce que tu dis part d'une bonne intention mais tu comprends, nous avons perdus notre vie à cause d'une erreur. Nous avions tous tellement de projets que nous n'avons pu réaliser...Et je n'ai pas envie qu'il t'arrive une chose pareille. Tu es jeune et tu dois profiter de ta vie.

Sur ces mots, il me tourna le dos et partit s'installer sur une chaise autour de la table, seul.

Je me demandais bien ce qui avait pu lui arriver. Mais le moment était plutôt mal choisi pour lui demander.

Je me décidais finalement à boire une gorgée de mon jus de fruit lorsque Miranda réapparut dans la pièce, comme par enchantement. Sûrement un de ces fameux pouvoirs.

Elle était plus pâle que lorsque je l'avais vu tout à l'heure mais après tout, je ne l'avais vu qu'une fois et plutôt brièvement. Mais je réalisais que j'avais bien raison lorsque je vis une tache sombre sur son pull, au niveau de son épaule.

Un des membres du groupe, Nicolas, se précipita vers elle et la fit s'asseoir sur une chaise.

-Ça va aller, dit-elle, ce n'est qu'une égratignure.

-Ça m'a l'air d'être bien plus qu'une égratignure, lui répondit Nicolas. Ne bouge pas je vais chercher de quoi te soigner.

L'homme alla ouvrir une armoire où se trouvait, pansements, alcool, médicaments...Bref tout ce qu'il faut pour soigner les plus petits maux aux plus grandes blessures.

-Que s'est-il passé Miranda ? 

Ce fût Akim qui avait posé cette question, l'air grave. Miranda, elle, était toute tremblante pendant que Nicolas s'occupait de sa plaie. Malgré cela, elle restait calme même si cela se voyait que quelque chose, que je supposais grave, venait de se produire.

-Je ne sais pas...je n'en suis pas certaine...Je n'ai pas envie de m'avancer sans être sûre de ce que j'ai vu.

-Mais qu'est-ce que tu as vu ?

Un silence s'installa. Puis Miranda nous expliqua toute l'histoire. Une histoire à faire froid dans le dos.