5. L'ouverture des portes

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Lorsque je rouvris les yeux, il n'y avait plus personne autour de moi. Du moins je le supposais car je n'entendais plus aucun bruit. J'étais allongé sur une table et la seule chose que je voyais était le plafond tapissé d'un papier peint avec des fleurs immondes. Je voulu me relever mais quelque chose m'en empêcha. Mes poignets et mes chevilles étaient sanglés à la table.  Je pus tout de même relever la tête pour voir ce qui se trouvait en face de moi. Une porte. Une énorme porte en bois. Sur sa gauche se trouvait une gigantesque bibliothèque remplie de livres. Je ne doutais pas qu'ils étaient en rapport avec la science. A moins que le docteur soit un féru de roman d'amour, ce qui me paraissait impensable. Il fallait absolument que je trouve un moyen de me détacher et de sortir de cet endroit. Cela allait être compliqué mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas rester là à attendre sagement le retour du docteur ou d'un quelconque fou furieux. Je commençais à agiter mes poignets dans tous les sens mais les sangles ne bougèrent pas d'un pouce. Je fis la même chose avec mes chevilles mais avec le même résultat. 

Je compris alors que je ne pourrais jamais défaire ces sangles. Les larmes commencèrent à me monter aux yeux et je me mis à penser à ma famille, à mes amis que je ne reverrais sans doute plus jamais. Et pire que ça. Si ce Stephen Hopes prenait mon apparence, peut-être allait-il être en contact avec mes proches et qui sait ce qu'il pourrait leur faire subir. J'envisageais les pires scénarios lorsque soudain, j'entendis du mouvement derrière la porte. Le bruit d'un trousseau de clés me parvint jusqu'aux oreilles. Puis une clé tourna dans la serrure et la porte s'ouvrit. Je décidais de fermer les yeux pour essayer de paraître inconsciente. 

Des pas se dirigèrent vers moi puis s'arrêtèrent. La personne se trouvait juste à côté de moi. Mes paupières tremblaient et j'avais du mal à les maintenir fermées mais j'espérais que cela ne se remarque pas. Soudain, je sentis qu'on desserrait les sangles de mes poignets. Puis celle de mes chevilles. Je ne savais pas ce qu'il allait se passer maintenant mais j'avais très peur. Je me doutais que c'était fini. Que jamais je ne pourrais regagner mon monde et qu'il ne s'agissait pas d'un simple rêve. 

-Je sais que tu es réveillée, me chuchota une voix. Ouvres les yeux.

J'hésitais. Cela ne ressemblait en aucun cas à la voix du docteur Pommel. L'homme qui me parlait avait une voix douce. 

-Tu n'as pas à avoir peur, je suis là pour te sauver. Nous n'avons pas beaucoup de temps avant que le docteur revienne alors s'il te plait ouvres les yeux.

Peut-être était-ce une ruse mais de toute façon je n'avais pas le choix. Cela pouvait représenter une chance de fuir cet endroit. J'ouvris alors lentement les yeux et vit un homme, grand, la quarantaine. Il me tendait la main pour m'aider à descendre de cette table. Je le fixais dans les yeux plusieurs secondes puis saisis sa main. Au début, j'avais du mal à tenir sur mes jambes et l'homme me retint. Puis petit à petit, je réussis à tenir debout toute seule.

-Tiens enfile ça.

Il me tendit un tailleur, des escarpins et une perruque blonde qu'il venait de sortir de sa mallette. Lui même était habillé en costard et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Je voulais lui demander des explications mais le moment était plutôt mal venu alors je m'habillais rapidement sans un mot. 

-Si jamais quelqu'un nous pose des questions surtout tu ne dis rien. Laisse moi faire.

Je hochais la tête et il se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit et regarda de chaque côté du couloir avant de me faire signe de le suivre. Il referma la porte à clé et remis le trousseau à l'homme qui se trouvait devant la porte, le garde. Ce dernier nous fit un clin d'œil et je compris que c'était un complice de l'homme avec qui je me trouvais. Du moins c'était ce que j'en déduisais. 

Nous marchâmes un long moment dans ces couloirs interminables sans croiser la moindre personne. Les murs étaient en pierre et il ne faisait pas très chaud. J'avais l'impression que nous nous trouvions dans des souterrains. Je me demandais même si ce monde avait une ville, de la lumière ou bien des maisons car pour l'instant, la plupart de ce que j'avais vu était des couloirs et je n'avais encore jamais vu la lumière du jour.

-Arrête de regarder partout. Ça paraît suspect. Si jamais on croise quelqu'un tu vas nous faire repérer.

Je me concentrais pour regarder uniquement droit devant moi lorsque nous nous trouvâmes face à une porte. L'homme actionna la poignée mais la porte résista.

-Merde. Quelqu'un l'a refermé. 

L'homme se mit à réfléchir. Il semblait sérieusement ennuyé.

-J'aurai bien un moyen de nous faire passer mais ça risque de ne pas être discret. On pourrait faire le tour mais ça nous prendrait trop de temps et le docteur ne va pas tarder à s'apercevoir que tu as disparu.

-On ne peut pas crocheter la serrure ? Osais-je demander.

L'homme se mit à rire doucement.

-On n'est pas dans un film, ma belle,  ça marche pas ça. Non tant pis pour la discrétion. Éloigne toi un peu.

Je me mis un peu sur le côté comme il m'avait dit et l'observait. Il passa sa main à l'intérieur de sa veste et en sortit un petit objet rectangulaire. L'homme souffla dessus et l'objet se mit à grandir jusqu'à prendre la forme d'une énorme masse. Il devait être doté d'une force incroyable car la masse semblait peser très lourd.

Il se positionna bien en face de la porte et s'apprêta à frapper.

-Bouches toi les oreilles. Ça risque de faire du bruit.


Le Retour du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant