1: Imprudence

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L'air humide et chaud emplissait cette soirée de fin d'été. L'atmosphère étouffante de ce monde se ressentait encore plus à cette période. Elle déambulait seule dans la forêt depuis un mois. Sans but précis ; elle survivait en quelque sorte. Son esprit ne pensait qu'aux rôdeurs, aux morts, à sa survie et au danger. Elle se demandait si elle continuerait à survivre encore longtemps. La nourriture devenait de plus en plus rare a trouver ainsi que les munitions. Piller était devenu son job à temps plein. Au fond d'elle, elle savait qu'elle ne pourrait pas survivre un mois de plus seule. Allait-elle trouver à manger cette nuit ? Un abri ? D'autres survivants ? Ou bien pire ? Après avoir passé la journée enfermée à dormir dans une vieille maison abandonnée poussiéreuse, elle reprit la route en début de soirée vers le nord. Errer la nuit était une idée suicidaire certes, cependant, cela lui permettait de ne croiser que les morts et non l'espèce humaine.


***


Après trois longues heures de marche dans la pénombre, elle prit une pause assise au pied d'un grand chêne. Elle voulait se détendre quelques minutes avant de reprendre son périple sans fin. Lorsqu'un claquement de dents argumenté d'un rugissement cruel guttural craqua dans la forêt silencieuse. Elle se leva rapidement en alerte et se retourna nerveusement, un rôdeur s'approchait vers elle en titubant. Elle sortit de son étui rapidement sa longue machette et s'approcha de la puanteur. Elle frappa son tibia à l'aide de son pied, le genou du rôdeur se fêla, celui-ci tomba violemment au sol. La bête se tortillait au sol en essayant de se relever, rapidement elle s'agenouilla et planta sa machette profondément dans son œil. Le rôdeur anéanti, elle s'affaissa au sol en reprenant sa respiration. Ce mouvement l'avait épuisé, il fallait absolument qu'elle trouve de la nourriture si elle ne voulait pas finir comme lui. Après avoir repris ses esprits, elle essuya sa machette sur son jean sale et continua sa route.


Au plus elle avançait au plus l'obscurité devenait glaçante, elle éclairait son environnement à l'aide de sa lampe de poche. Même avec ça, elle avait du mal à apercevoir les environs. Tout à coup, une forme ronde attira son attention au sol. Curieuse, elle pointa le faisceau lumineux en direction de la forme, ce fut un porte-clé en forme de boule de billard avec au bout une clef. Elle se demandait pourquoi cette clef se trouvait ici au milieu de nul part. Elle enfourna la clef dans sa poche. En regardant le sol de plus près, elle put apercevoir grâce aux brindilles et aux feuilles environnantes que des pas s'entremêlaient, il y a dû avoir du mouvement par ici se disait-elle. Quelqu'un a dû se battre. Les traces de pas menaient droit vers la forêt. Ne voulant prendre aucun risque elle continua dans la direction inverse des pas. Son nouveau chemin l'amenait droit vers une route. Elle n'aimait pas marcher près des routes elles étaient dangereuses, mais elle n'avait pas le choix. Elle continua avec précaution.


Près de la route, elle scruta chaque recoin pendant plusieurs minutes. Personne ne semblait être là. Elle sortit du sous-bois prudemment munit de sa machette. Et aperçu un camion blanc garé en plein milieu de la route. La portière du côté conducteur était grande ouverte ainsi que celle du coffre. Elle s'approcha lentement sans un bruit vers l'arrière. Et à sa grande joie, le coffre était rempli de vivres. Une vingtaine de boîtes de conserve, des bouteilles d'eau, des livres et surtout une dizaine de fusils. Étonnée, elle ne savait pas si elle devait pleurer de joie ou bien s'enfuir le plus vite possible. Quelqu'un était ici il y a peu de temps. Elle referma les portes délicatement, et s'avança vers l'avant du véhicule. Du côté conducteur rien, aucune clef sur le démarreur. Un pistolet trônait sur le siège passager avec une boîte de munition. Ce n'est pas bon. Puis elle fit rapidement le rapprochement, la clef qu'elle avait trouvé démarrait certainement ce camion.


Elle s'assit sur le siège sans hésitation, son cerveau bouillonnait. Elle enfourna la clef dans le démarreur et d'un coup sec démarra. Le ronronnement du moteur la combla de joie, c'était sa chance, il fallait qu'elle parte avec. C'était une question de vie ou de mort. Avec une once de culpabilité, elle appuya sur l'accélérateur et parti à la hâte.


***


Elle roulait depuis quelques minutes maintenant, en se sentant extrêmement honteuse. Elle savait qu'elle avait commis une erreur. C'était égoïste. Mais elle en avait besoin. Elle espérait sincérement que ce camion n'appartenait pas à une famille avec des enfants. Puis soudain, elle aperçut cinq véhicules qui stationnaient en plein milieu de son chemin. Ils la bloquaient. Une dizaine d'hommes attendaient autour de leur camion, en regardant tous dans sa direction. Elle commença à trembler. Paniquée, elle tapa des mains sur le volant de colère, elle était foutue et c'était de sa faute. Les hommes hurlaient de l'autre côté :


"Putain on t'a attendu toute la nuit Danny bordel bouges toi !" Elle arrêta le camion à une distance raisonnable pour qu'ils ne puissent pas la distinguer.


"Mais qu'est que tu branles putain" un des hommes commençait à s'approcher d'elle et pointa sa lampe vers elle.


Il fallait qu'elle réagisse au plus vite. Elle examina le périmètre. Ces hommes avaient laissé assez d'espace entres deux camions. En une fraction de seconde, pensant à sa mort prochaine, elle appuya sur l'accélérateur. Elle n'avait plus rien à perdre. Les hommes hurlaient après elle d'arrêter. C'était trop tard, les hommes lui tiraient dessus elle s'abaissa se collant au siège passager. Le camion zigzagué dans tous les sens...


Puis l'obscurité apparut.

Warm shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant