L'épais bout de bois laissait l'ouverture à une petit pièce sombre, simple. Un escalier en angle montait sur le coin de la salle principale, tandis que le mur de gauche, couvert d'urnes et autre contenant. De verre ou d'argile, de pierre ou métal quelconque, toute formes et couleurs permettaient aux veufs et veuves de choisir un moyen de conserver les poussières, la cendre de bois et du cadavre qui brûlait avec. Selon la croyance Cimérienne, brûler un corps permettait de libérer l'âme en question. Le corps de l'être restait en cendre et devenait alors une relique du passé de la personne et de ce que lui avait donné en amour ses proches. Quoi qu'il en était que l'enterrement en caveau, synonyme de richesse était souvent privilégié à cela.
Alors que la jeune femme ouvrait la porte, le vent s'engouffra dans la boutique, faisant craquer les marches de l'escalier. La bâtisse silencieux, endormie, semblait s'être en un instant sortie des rêves et chimères de son sommeil. Sur le coin d'un grand comptoir en bois, agonisait une bougie de cire dont les larmes et le sang coulait doucement, recouvrant progressivement le bois et le sol du comptoir. Sa vacillante flammèche projetait sur les murs de sombres ombres dont les formes torturées auraient faite pensé à des démons tout droit sortis de la tombe. Une pile de livres couvrait le bois de la table et au centre, une simple clochette en argent. Un objet simple mais brillant d'une telle lueur que le cadre sombre dans lequel elle se situait aurait poussé tout humain censé à s'en saisir du plus vite.
Et la femme n'échappa pas à la règle. Elle tendit la main vers l'objet d'argent, ses doigts frêles s'en saisissant. Le petit son cristallin qui s'échappa de l'avertisseur de présence résonna comme le glas lugubre de minuit, sonnant dans la belle échoppe.
Un bruit sourd s'échappa du fond de la boutique privée, comme si l'on eut fait tombé un livre ou bien une masse de bois. Des pas traînant suivèrent le son de masse tandis qu'un fin rai de lumière passait doucement sous le pas de la porte de bois qui séparait sans doute la zone de travail de l'autre. La porte s'ouvra alors lentement. Un homme mince, pale et squelettique passa sous le cadre, se pliant de par sa grande taille. Il était vêtu d'habits simple mais classieux, un grand tablier blanc couvrant le bas de son corps dont on pouvait apercevoir, ça et là, tâche de suie ou de suif, rosâtre de sang et gris de cendre.
-Bonj'... commença la femme.
L'homme leva la main, coupant sa cliente un instant. Il retira son tablier avant de tremper une plume dans un encrier, faisant tomber un goutte d'encre sur le bout de planche de son sol avant de raturer quelques mots sur un papier, soufflant doucement, sans doute à cause de la fatigue de par ses yeux et leurs cernes de charbon. Il reposa enfin sa plume, craquant ses phalanges contre le bois noble lui servant de comptoir avant de poser ses deux yeux d'un bleu profond tranchant avec le noir de ses cheveux. Silencieux un temps, il prit finalement la parole.
-Bien le bonjour madame. Que puis-je faire pour vous ? dit-il d'une voix très grave et calme, posée au possible.
-Je... Euh... Je...
La femme bafouilla un petit moment avant de finir par tendre un petit papier avec une rature, un simple numéro.
-Hum... A oui, je vois ce qu'est cela. Bien... J'ai en effet reçu votre défunt... Avec les commandes déjà en attente ainsi que feu votre mari... D'ici six jours je vous amènerais ses cendres.
La jeune veuve semblant avoir envie de parler, dire un mots, un murmure. Mais ses larmes semblaient se tenir à sa gorge, lui serrant la voix au point que de sa gorge ne puisse s'échapper qu'un triste hoquet.
Elle poussa la porte donnant sur la rue tandis qu'il restait là, debout, un fin sourire s'étirant lentement sur son visage.
"Un client de plus une paye supplémentaire" se disait-il sans doute.
Pour lui, la mort n'est pas une fin en soit. C'était un passage vers une suite connue seulement du défunt. Et c'est à la mort, sur la table, que les morts livraient leurs plus grands secrets.Il passa la porte de son atelier. Une odeur acre et forte emplissait le nez à peine le pas franchit. Dominante, cette odeur de sauje aurait pu rendre nauséeux les plus habitués. Et pourtant, elle arrivait habilement à couvrir la puanteur de charogne due aux dizaines de morts sur les tables. Il avait pour routine d'ouvrir leur corps sur la longueur retirant les organes tierces. Le foie, le pancréas et les intestins seraient remplacés par de la cendre fine. Elle qui permettait d'assecher le corps pour en faire une conservation plus longue.
La mort est certes horrible... Mais pour Jurghen, elle était rentable.
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Cendres de Guerre
ФэнтезиDeux provinces sont en guerres pour de petites raisons. La mort fait ripaille sur les champs de bataille et fait agoniser lentement ces Terres. Jurghen, embaumeur du Royaume suit au mieux les courant du fronts de par les corps qu'il doit préparer ou...