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Pauline m'explique depuis déjà dix bonnes minutes que mes fringues resteront dans ma valise, -celle que mon oncle a apportait ce matin- que je peux utiliser la salle de bain uniquement une à deux fois par jours, et qu'il m'est interdit d'utiliser l'eau chaude, puisqu'elle en a besoin pour ses soins de cheveux. Autant dire que ça fait dix longues minutes que je me retiens de l'étrangler et de la balancer par la fenêtre de sa chambre.

" Je crois que j'ai tout dis. " Dit-elle en réfléchissant. " Ah oui ! J'allais oublié. Tu dormiras dans la chambre d'amis. "

Ça va, je m'attendais à pire. Elle me fait signe d'un geste de main de la suivre, et me fait entrer dans la chambre en face de la sienne.
Cette maison est vraiment parfaite, je veux dire par là que tout est parfaitement carré, parfaitement bien rangé, chaque chose est à sa place en gros.
J'examine un peu la chambre dans laquelle je vais dormir, et comprends mieux pourquoi Pauline me disait que je garderai mes affaires dans ma valise. Il n'y a pas d'armoire ou de meubles pour ranger mes vêtements. Il y a deux salles de bains dans cette maison, une pour ses parents, et une pour elle et moi. Tout comme moi, elle est fille unique, mais ça ne montre pas pour autant que nous sommes pareilles. Au contraire ! Nous sommes même très différentes.

" Pauline ! Quelqu'un pour toi ! " Lui dit sa mère.

Je dépose ma valise et sors discrètement de ma chambre pour rejoindre Pauline. Je n'aime pas vraiment l'ambiance de ma chambre, je la trouve trop, rose.
Je longe le petit couloir et descends les escaliers pour arriver dans le salon, mais m'arrête en bas des escaliers en voyant qui se trouve à l'entrée de la maison sur le tapis d'extérieur. Je reste figée et ne détache pas mes yeux de lui sans vraiment comprendre pourquoi. Pour le moment, il ne me voit pas, et est concentré à donner une pile de feuilles à Pauline.

" Tiens, je crois qu'il y a tout. " Lui dit-il.

" De toutes façons si il en manque, tu fais le reste de mes devoirs jusqu'à la fin de l'année. " Dit sèchement Pauline.

Il est vraiment mal à l'aise, et lorsqu'il relève les yeux et qu'il me voit, Pauline se tourne pour voir ce qu'il regarde, et claque ses doigts devant son visage.

" C'est Willedia, elle est dans notre classe. " Lui dit-elle. " Eh oh ! Je te parle là. " Elle claque de nouveau ses doigts devant son visage, et Malo la regarde enfin. " Tu peux t'en aller c'est bon. "

Malo ne dit rien de plus et quitte la maison.

" Qu'est-ce qu'il t'a apporté ? " Demandais-je à Pauline.

" Mes devoirs pour la semaine. " Dit-elle comme si c'était évident. " Pourquoi ? "

Je ne lui réponds pas et continue mon chemin jusqu'à la porte. J'ai besoin de sortir un peu, et de prendre l'air. Je déteste être enfermée trop longtemps.
Alors que je pose ma main sur la poignet de la porte, Pauline m'arrête en m'appelant, les mains sur ses hanches.

" Et tu comptes aller où comme ça ? "

" Je n'ai aucun compte à te rendre. "

" Tu es chez moi, alors c'est moi qui décide. "

Je garde le silence et quitte la maison sans attendre de voir la réaction de Pauline.
Je marche durant quelques minutes, les mains dans les poches le long de la route, et arrive finalement dans un parc très calme. Il y a juste un couple vers la droite assis sur un banc, alors je me dirige vers la gauche.
Qu'est-ce qui se serait passé si j'avais étais quelqu'un d'autre ? Peut-être que je serais comme Pauline, ou encore comme Mélanie, une fille vraiment timide et réservée dans ma classe.
Alors que je suis plongée dans mes pensées, j'aperçois quelqu'un au loin qui marche dans ma direction en me faisant coucou d'un signe de main. Oh non, pas Marvyn... Je n'ai vraiment pas envie de le voir maintenant.

WillediaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant