J'ai mal. Mes pattes me semblent rempli de lave et une grosse migraine me broie la tête. J'essaie de bouger ; mes pattes sont toutes engourdies, mais la douleur commence à se dissiper. Ce sont des voix qui m'ont réveillées. Des voix d'homme. Il me semble reconnaitre la voix du soldat. J'ai peur, et n'ose pas ouvrir les yeux. Le soldat que je connais est en train de parler :
- Oui Général. Cependant ce chien peut nous être utile, pour des missions et...
- Stop. Je ne suis pas con, et je sais que vous ne prendriez pas le risque qu'il encombre juste pour une mission, répliqua le général, d'un voix lasse. Maintenant expliquez moi ce que vous avez en tête, et vous avez intérêt à me convaincre.
Je soulève difficilement mes paupières ; je suis dans un petite pièce et la table sur laquelle je suis en occupe une grande partie. Les deux hommes sont seuls dans la pièce. Celui que j'ai entendu en premier est dans un piètre état. Son arcade sourcilière est ornée d'une coupure rouge. Une vieille cicatrice trône sur son nez, entre ses yeux. Une autre plaie plus récente occupe sa joue droite. Il se tient voûté, comme si son dos le faisait souffrir. Malgré tout, il dégage une force et une beauté incroyable.
- Bien Général. Il se trouve que les troupes ne sont pas au mieux de leur forme, de leur motivation, répond t'il. Ce chien pourrait apporter quelque chose qu'il manque ici.
L'autre homme se tient droit, et a un regard sévère, dur et qu'on comprend sans pitié.
Maintenant réveillé, j'essaie de me lever et tombe immédiatement, trop engourdi, en glapissent. Comme le regard des deux hommes se tourne vers moi, je me recroqueville. Je revois dans ma tête le soldat qui s'élance, le sifflement qui le précède. J'ai peur. Où suis-je ?
Le soldat jette un coup d'œil à ce qui doit être son supérieur, qui acquiesce.
- Merci souffla le premier homme.
Il se lève et tend ses mains vers moi. Surprit, je recule. Les image de la femme en haillon me reviennent. Il est pareil. Je me mets désespérément debout et essaie de bouger pour sauter de la table, mais encore une fois mes jambes tremblent. Cette fois, c'est lui qui me rattrape. Je me débat, et je vois le général hausser les sourcils.
- Vous avez deux jours dit ce dernier d'un air très sérieux. Deux jours pour me montrer que vous avez raison. Si après ce délai vous ne l'avez pas apprivoisé, on s'en débarrasse.
- Deux jours, s'exclama t'il, les yeux écarquillés ? Bien monsieur, mais je..
- Deux jours, et ne commencez pas. Nous savons tous les deux que ce n'est pas un endroit de plaisance ici, ce pourquoi je vous accorde ce laps de temps. Si il n'est pas docile, c'est hors de question que l'on le garde.
- Bien.
A ces mots, le soldat m'attrape d'une poigne ferme sans que je m'y attende. Sous la surprise, je me recroqueville, et il sort de la salle. Nous sommes, une fois sortis, dans un long couloir. Si long que je n'en voit pas la fin. Sur chaque côtés, des portes. Plein. Je me laisse bercer par le rythme de ses pas et son odeur me remplit le museau. il sent bon : un mélange entre l'odeur des forêts et celle des champs. Une odeur apaisante qui me donne un élément de sa vie : il passe du temps dehors.
On marche et au fur et à mesure l'homme se met à me parler :
- "Moi c'est Tony. Je suis un simple soldat. Tu dois être un chiot abandonné.Tu sais, je sais que la guerre c'est mauvais, et je suis désolé si c'est... la cause de ta solitude, mais tu sais, on a pas vraiment le choix."
Il marque une pause puis reprend, comme pris de remords,
-" Bah oui, il faut bien gagner sa vie ! Et puis c'est pour la bonne cause, nous combattons ici pour donner à manger à mon pays."
Je le regarde. Je vois la souffrance dans ses yeux bleus, aussi sombres qu'un ciel d'orage.On se fixe sans qu'il ne dise rien, puis, comme pour chasser le silence oppressant du couloir, il me parle. De tout, de rien. Il me dit que lui aussi avait perdu sa famille dans une fusillade, mais qu'il s'était caché, lui, et n'avait pas été vu par ces militaires qui avait tué de sang froid tous ces innocents. Une larme solitaire roule sur sa joue quand il dit :
-"Ils ont tué mes parents et mon grand frère. Ils ont pris mon plus jeune frère : selon eux, il pourrait faire un soldat de plus quand il serait grand. Alors ils l'ont épargné. Il avait trois ans. Quand ils ont commencé à tuer tout le monde, quelqu'un s'est interposé. Il est mort."
Interrompant son récit, Tony regarde autour de lui ; nous sommes toujours dans le même couloir que tout à l'heure, mais il y a beaucoup plus de chambres aux portes ouvertes, et de bifurcations possibles. Malgré tout, Tony continue d'un bon pas, sachant où il va. Dix minutes plus tard nous arrivons devant une porte, où il est écrit une chose que je ne comprend pas. Tony tape un code, et la porte s'ouvre. Dedans il y a une pièce avec un lit recouvert d'un drap grisâtre.une fenêtre au contours noir. Une lampe noire également, ainsi qu'un simple rideau, gris pour sa part. Beaucoup de choses sont dans ces ton ici, ici. Au fond de cet espace relativement étroit, à côté d'un bureau où des piles de papiers sont empilées se trouve une porte tout à fait banale, faite de boisclair.
Le jeune homme traverse la pièce et l'ouvre.Après la sombre pièce du fond, celle ci me semble irréelle tant elle est lumineuse et colorée. SI éblouissante qu'elle me rend aveugle quelques secondes.. Ca y est, mes yeux s'habituent à cette clarté. Maintenant j'y distingue du bleu clair et du orange qui habillent ce qui semble être une salle à manger.
Tony s'assoie, puis me pose sur une table où un journal est froissé. Epuisé et les pattes endolories, je reste sur le flanc. Le soldat se lève et remplit un bol d'eau qu'il me tend. Je bois d'abord lentement mais je me rend compte que j'ai très soif. Alors je bois sans retenue. Un instant plus tard le bol est vide. Je m'allonge et pose ma tête sur mes pattes. Je commence à m'assoupire quand une sirène retentis. Aussitôt, Tony reviens de la pièce noire dans laquelle il était et m'explique :
- "C'est le couvre feu. Tous les soirs à 20h, le sirène sonne et après ça on ne peut plus sortir de nos appart'. Une autre nous dira quand on devra arrêter toutes nos activités pour dormir".
Il soupire, passe sa main dans ses cheveux et reprend, d'une voix empreinte de lassitude :
- "La vie ici est tout sauf facile. On est pas libre de nos gestes, de nos occupations ou même de ce que l'on dit. Mais c'est comme ça hein, on y peut rien. La guerre c'est pas une partie de plaisir.. Bon, il faudra que je te trouve un nom. Je verrai. Allez on va manger, avant de devoir aller dormir."
Il me fait un sourir crispé, et j'essaie de l'imiter. Il faut croire que je suis particulièrement doué, car très vite il s'exclame :
- "Tu sais sourire ?"
Quand il parle, je ne comprends pas vraiment mais là, je saisi le truc. Alors je lui sourit encore plus. Le soldat est aux anges, il est heureux je crois. Alors ça me réchauffe un peu le coeur. Il me dit ensuite, la voix chargée d'émotions :
- "Ici, on a pas beaucoup d'instants de bonheur. Tu vas t'appeler Espoir.
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Jusqu'où ?
AdventureVoir la vie différemment, avec d'autres yeux, d'autres occupations et d'autres pensées. Rencontrer de nouvelles personnes, ayant bien souvent un tragique destin. Voir la guerre et toutes ses raisons. Comprendre dans la douleur. Surv...