J'ai peur. Je sais qu'elle a faim. Je commence à comprendre. Je suis son festin, malgré mon jeune âge. Je recommence à me débattre, mais elle s'accroche à moi, m'en étouffant presque. Les nombreux pavés manquants la font trébucher. Soudain, elle tombe. Lâchant un juron, elle s'écrase de tout son poids sur moi. Elle n'est pas bien lourde, mais le choc m'assomme légèrement. Profitant de l'occasion, je me dégage du mieux que je peux de ses mains squelettiques. J'y arrive, et je commence à courir, mais elle ma rattrape vite. Sa vitesse me surprend. Sa main m'écrase au sol, et m'immobilise. Elle m'étouffe. Je gémis de peur etde douleur face à cette pression. Elle me reprend dans ses mains. Ses mains sentent mauvais. Elles sentent les poubelles. Je me débats, mais rien n'y fait. Elle me met à hauteur de son visage et me regarde. Elle fait un sourire carnassier : "Tu ne veux pas rester avec moi ?" me dit elle d'un ton menaçant. Je ferme à nouveau les yeux. Elle se remet en route.
Soudain, nous entendons des voix graves, à quelques rues. Je rouvre mes yeux, et je vois les siens s'écarquiller. Elle s'arrête et sonne à une porte. Personne ne vient, et elle essaie une autre sans plus de résultat. La rue semble abandonné, et les voix se rapprochent. Les hommes parlent forts, certains crient. Ils ont l'air en colère. La fille fait demi-tour, et cours vers une ruelle. Je sens l'odeur de sa peur, les hommes ne lui veulent pas du bien. Ils doivent être dans la rue que nous avons quitté, à présent. Elle met une main sur mon museau, et je ne peut presque plus respirer.
La bande se rapproche, et j'entends enfin leur parole, du moins par brides. « ... sert à rien John, tu vas faire comme on te le demande, et tu seras non seulement payé mais é-par-gné, dit un premier, en détachant bien les syllabes du derniers mot ». Je n'entends plus ce qu'il disent, jusqu'à qu'un deuxième s'exclame « C'est facile pour toi ! Toi t'as pas de famille, alors tuer des gosses, ça te fait rien, non !». A ces mots, je comprends que celui concerné c'est jeté sur l'autre aux bruits des coups que j'entends, et aux différents jurons qui en sortent. Des cris se font entendre, et le premier reprend, après un court répit :« Je veux pas faire ça, tu le sais. Sauf que c'est soit eux soit nous, et que si tu ferme les yeux tu seras payé, et tu aura protégé la nation... » Une troisième voix se fait entendre : «Sérieusement ? Tu t'entend parler Georges ? C'est des conneries tout ça, t'es pas con tu sais que c'te guerre c'est que pour les ressources, que pour le fric ! Tout le monde le sait ici ! ». Il a l'air hors de lui, et finit sa tirade en criant. Je les entends bien maintenant, ils vont croiser notre ruelle, bientôt.
Je recommence à me débattre, et surprise, la jeune fille enlève sa main de mon museau. Comme je glapis, les voix cessent net. Une s'élève : « Qui est là ? Vous ne devez pas être dans les rues, à cette heure ! ». La jeune fille est terrorisée. La voix reprend : « Écoutez, vous avez surment entendu notre conversation. Nous n'allons pas vous tuer ». Quelques voix protestèrent, mais elles s'arrête vite. Un homme arrive dans la ruelle, et je sens la jeune fille se tendre, et avoir un mouvement de recul. Il est grand, a le teint basané mais surtout est habillé en camouflage. L'homme reprend : «N'ayez pas peur. Vous ne devriez pas sortir comme ça ! Vous êtes tombez sur nous mais ç'aurait pu être n'importe qui d'autre !» Les autres hommes arrivent, tous dans la même tenus. La fille ne parle toujours pas. Il reprend «Oh mais vous avez un chien ?». Des avions passent au loin. Il s'approche de moi. Je me tortille, mais la fille me serre encore plus fort. Le militaire fronce les sourcils et reprend : « Lâchez le ! Vous voyez bien que vous l'étouffez ! ». Elle ne bouge pourtant pas.
Au loin, des bombes crépitent comme des feux d'artifices. Et puis ce sifflement. Je vois tout leur regard monter vers le ciel, mais bloqué, je ne peux pas. Alors, et comme au ralentit, je vois le regard de l'homme qui change, et qui s'élance vers nous. Il prend les épaules de la jeune fille, et la plaque au sol. Elle hurle, mais son cris est couvert par l'explosion. Ma vue devient rouge. Puis noire, et j'ai froid, terriblement.
Salut !
Est ce que ce chapitre vous a plus ? Encore une fois, n'hésitez pas à commenter, ça me fait vraiment plaisir et ça me permet de m'améliorer !
A bientôt peut être dans les commentaires ^^ !
Roxtaire.

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Jusqu'où ?
AdventureVoir la vie différemment, avec d'autres yeux, d'autres occupations et d'autres pensées. Rencontrer de nouvelles personnes, ayant bien souvent un tragique destin. Voir la guerre et toutes ses raisons. Comprendre dans la douleur. Surv...