Chapitre 2

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« Tout d'abord, bonjour à tous. Je suis M. Powell, le directeur de l'établissement. Merci beaucoup d'être présent ce soir pour la fameuse soirée qui chaque année, fait peur à de nombreux élèves : la cérémonie de répartition par spécialités. Je demanderais ensuite à tous les étudiants de monter sur scène. »

Stressée comme jamais, je suis les autres sur l'estrade. Il y a énormément de monde. Au moins... mille personnes, serrées les unes contre les autres, attendant elles aussi les résultats avec impatience. Et encore, ce n'est rien si on ajoute les personnes qui regardent en retransmission.

J'ai l'impression que je vais faire une crise cardiaque. Vraiment. Je ne me sens vraiment pas bien. Entre boule au ventre de stress et migraine à cause de la lumière qui m'éblouit, je suis vraiment mal.

M. Powell commence à appeler les élèves par ordre alphabétique.

« Alana Adams, prise avec une note de 67,3/100 dans la spécialité biologie et sciences naturelles. Félicitation, jeune fille. »

Celle-ci se retient d'exploser de joie. Elle a eu de la chance d'être prise dans ce qu'elle avait demandé. On espère tous que ce que va annoncer le directeur nous donnera un ravissement semblable. Heureuse, elle échange son badge noir d'étudiante contre un badge vert, puis retourne à sa place. Le directeur continue.

« Jim Atkins, échoue avec une note de 42,5/100. Le rattrapage aura lieu dans deux mois. Tachez d'être plus rigoureux. »

Il ouvre de grands yeux, d'abord surpris, puis des larmes commencent à apparaître sur ses cils. Il les ravale, puis va chercher son badge blanc, dédié à ceux qui sont recalés.

Plusieurs sont encore appelés puis vient le tour de Mya Campbell. Elle est juste avant moi. Je suis prise d'une crise de panique. Cham, heureusement, m'aide à reprendre mon souffle avant que quelqu'un ne s'en aperçoive. Notre dispute est apparemment mise de côté pour l'instant.

Mya est admise en mécanique. A sa tête, on peut facilement deviner que ce n'est pas ce qu'elle avait choisi. Elle prend son nouveau badge gris, puis retourne à sa place.

C'est à moi. Il va annoncer mon nom, puis dire dans quoi je suis admise. Si je suis admise... Je suis angoissée à un point...

« Dayan Cruz, pris avec une note de 71,8/100 dans la spécialité médecine. Félicitation. »

Je crois d'abord m'être trompée. Mais en réfléchissant, je me rends compte qu'alphabétiquement parlant, il devrait être derrière moi. Je ne comprends pas. Est-ce que le directeur s'est trompé ? Je suis perdue. Je jette un regard interrogateur à Cham, qui m'annonce par un signe de tête que je devrais prévenir M. Powell qu'il m'a oublié. J'attends donc qu'un garçon du nom de Simon prenne son badge gris, puis demande :

- Excusez-moi, M. Powell, il me semble que vous m'avez oublié...

- Quel est votre nom ? demande-t-il, agacé.

- Craig...

- Vous n'êtes pas sur ma liste.

Puis il prend une autre feuille, fronce les sourcils, me regarde, puis regarde la feuille à nouveau. Il se mord la lèvre, relève la tête et me regarde d'un air grave. « Qu'est-ce que j'ai fais ? » Il secoue la tête puis pousse un soupir.

- Pauvre petite. Murmure-t-il.

- Excusez-moi, qu'est-ce que j'ai fais ?

- Vous avez eu 98,7/100.

Je vais exploser d'euphorie, lorsque mon regard se tourne vers le public. Ils ont tous des mines dépitées. Je me dis qu'ils sont peut-être, je ne sais pas, jaloux ? Mais j'entends soudainement mon père hurler.

- NE L'EMMENEZ PAS ! VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT !

Des officiels se mettent à le saisir en lui criant de se taire.

Je suis en totale non-compréhension. Je me tourne vers les autres étudiants, qui ont l'air aussi perdu que moi.

- Ce n'est pas bien ? dis-je d'une toute petite voix, en me tournant le directeur.

- Si, n'écoutez pas ce monsieur. Toutes mes félicitations ! C'est excellent !

- Ce monsieur est mon père.

- Ah, excusez-moi. Alors, continuons, Maëlle Di...

- Je n'ai pas de spécialité ? Pas de nouveau badge ? le coupais-je.

- Mademoiselle, vous poserez vos questions plus tard.

- Attendez, où va-t-on m'emmener ?

- Mademoiselle, ne vous croyez pas au-dessus de tout juste du fait de votre note, vous n'êtes pas seule.

- Mais non, pas plus tard ! Qu'est-ce qu'il se passe ??

- Cheryl Craig, taisez-vous, si vous ne voulez pas recevoir une deuxième heure de NRP !

Puis, je ne sais pas pourquoi. Sûrement l'addition de ma journée de merde, de mon heure de nettoyage des robots professeurs - alias NRP, du stress et de l'angoisse, mes jambes se dérobent. Cham essaye de me rattraper, sans résultat : je m'écroule au sol. Ma vision se trouble, puis plus rien. Le noir complet. J'entends quelques voix m'appeler, mais je suis ailleurs. Loin. Très loin.

J'ouvre les yeux. Plafond blanc. Odeur de biseptine. Je reconnais immédiatement la puanteur des hôpitaux. J'ai un affreux mal de crâne, et je vois flou.

- Cheryl ? Cheryl ! Ca va ? s'exclame ma mère.

- J'ai très mal à la tête... et aussi au poignet gauche. Dis-je en tentant de le déplacer.

- Non, non, ne le bouge pas, il est cassé !

- Ah merde !

Mince, ma mère déteste que je dise des gros mots... j'attends qu'elle me fasse une remarque mais rien. Je l'observe attentivement. Et malgré ma vue floutée, je constate que ses yeux sont rouges et gonflés.

- T'inquiète pas, maman, j'ai seulement perdu connaissance, et mon poignet va s'en remettre, tu sais.

- Ce n'est pas ça qui m'inquiète...

Je vais lui demander ce qui la préoccupe, lorsque tout me revient comme un coup de massue. La cérémonie. Ma note. Les cris de papa. D'ailleurs, où est-il ?

- Où est papa ?

- Il s'est fait emmener...

- Quoi ? comment ça ?

- J-je ne sais pas...

- Maman... ne pleure pas...

- J'ai peur...

- De quoi maman ? Il n'a rien fait de grave !

- Non, pour toi...


* Encore une fois, merci de lire mes chapitres ! Suite bientôt, sûrement mercredi 😏 *

Moi, CherylOù les histoires vivent. Découvrez maintenant