Chapitre 8

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Je suis réveillé par une lumière qui inonde la pièce, un faisceau de lumière passe
par la fenêtre et vient s'écraser au sol. Je cligne des yeux plusieurs fois, je vois
flou, je vois net, je vois flou encore une fois avant de voir l'espace qui m'entoure
clairement. Je pousse la couverture à mes pieds et sors ses derniers du lit. Je
frissonne lorsque la plante de mes petons effleure le parquet froid. Je me
redresse et me stabilise, avant d'avancer jusqu'à la porte. Elle est entrouverte, je
glisse mes doigts le long de la fente, les resserre et tire doucement. Dans un
léger grincement, la porte tourne sur ses gonds. Je m'avance jusqu'au bout du
couloir ou une odeur de pain chaud vient allécher mes papilles. Je pousse une
nouvelle porte qui fait apparaître une pièce plus grande et plus lumineuse. Le
temps que mes yeux s'habituent à la luminosité, je distingue une vague
silhouette de grande taille. J'aperçois à présent ses traits avec plus de détails. C'est une femme d'âge mûr qui arbore un sourire rassurant, elle porte une
longue robe striée de rouge et de noir. Ses yeux se déplacent régulièrement, au rythme du pain qu'elle est en train de découper. Ils arrêtent subitement leur
mouvement et regardent en ma direction, ses pupilles sont de couleurs
noisettes et pétillent d'énergie. Je m'avance de quelques pas tout en la fixant du
regard. J'arrive à la table, elle est située à l'opposé de moi. Je tire une chaise et
m’assieds. La femme se redresse et part près de la cheminée, où elle prend une
assiette posée sur un guéridon près du feu ondulant au rythme de l'air qui
circule. Elle revient vers moi avec l'assiette et la pose devant moi. « Bonjour, mon chéri, dit-elle d'une voix douce. Régale-toi. »
Je jette un œil à l'assiette, il y a une tranche de pain qui a l'air moelleux et des
fruits des bois entreposé autour. Je commence à manger avant d'être
interrompu par la dame:
-Tu as bien dormi Spinelle ? Tu n'as pas trop eu froid ?
- Oui, répondis-je à sa première question avant d'en poser une à mon tour. Papa
est parti ?
- Oui mon cœur. Il est allé chercher un colis à la boutique avant d'aller rejoindre
les acheteurs.
- Il va bientôt rentré ?
- Mais bien sûr ! Il sera là pour le souper. Que dirais tu d'aller voir le
bibliothécaire avec moi après ton petit déjeuner." Je hoche de la tête en signe d'approbation et continue à manger. Après avoir fini
de manger, je monte dans ma chambre et part m'habiller. À peine quelques
secondes plus tard, je ressors de ma chambre tout habillé et retourne dans la
pièce principale ou ma mère m'attend, un panier à la main. Je m'avance jusqu'à
la porte, reste derrière ma mère lorsqu'elle l'ouvre. Je sors de la pièce pour
atterrir dans un couloir embouchant à un escalier. Je me dirige vers l'escalier
sans savoir si maman me suis, j'entends l'engrenage de la serrure qui se ferme. Je continue ma route et descend à l'étage inférieur. Je ne sais pas si, nous
pouvons qualifier ce petit sas d'entrée de pièce. Il y a juste une porte, en bois. Je
l'ouvre est découvre une grande rue plongée dans la lumière. Une poignée tout
au plus de passants traversent dans diverses direction cette petite partie du village. Je les regarde tout en attendant que ma mère descende. Son apparition
devant la porte me prévient que nous pouvons continuer notre trajet jusqu'à la
bibliothèque. J'entends simplement le bruit de la porte se refermant. Lorsque
ma maman s'avance dans la rue, je viens me placer à ses côtés. Nous traversons
maintes et maintes rues et ruelles que je connais, à force de les traverser, par
cœur. Des odeurs et des bruits s'infiltrent jusqu'à les oreilles et mes narines, ils
sont variés. Cela va de l'odeur du pain provenant de la boulangerie à l'odeur des
déjections humaines déversées dans les rues. J'entends aussi le bruit des
vêtements qui se frottent entre eux et les pieds des passants qui martèlent le sol. Si je n'étais pas habitué, je pense que j'aurais un mal de tête et je serais
désorienté. Nous arrivons devant une porte en piteux état, des morceaux de bois
se sont détachés de celle-ci, le poignet et les gonds sont couverts de rouille. Une
affiche en fin de vie est suspendue par deux clous au-dessus de la porte, il est
difficile de déchiffrer ses B, E et d'autres signes déformés par le temps qui sont
écrits en lettre noires sur la plaque. C'est dans un grincement strident que la
porte s'ouvre, nous entrons et découvrons une température supérieure à celle
de l'extérieur, une odeur de poussière. La pièce est illuminée par le peu de
lanterne accrochés au mur, le fond est tellement profond qu'il est noyé dans la
pénombre. Des rangées d’étagères sont disposées parallèlement, il n'y a
personne, seulement les livres. Sortit de nulle part, un homme apparait devant
nous. Il me paraît assez jeune, il porte de petites lunettes rondes sur son nez, il
les ajuste à l'aide de sa main libre, l'autre, porte une pile d'ouvrages d'un
nombre de pages assez important. Cet individu le fait penser à un caton, un air
sévère et rude qui cache une grande sagesse .Il nous dévisage de haut en bas, l'air curieux. Ma mère ne se laisse pas désemparé par cet homme, elle dit d'une
voix douce: "Bonjour, je suis Madame Irefeg, je viens pour emmener les livres que mon mari
vous a emprunté et ceux qu'il vous offre. -...Madame Irefeg... Mais oui ! La femme du marchand. - C'est bien cela, répondit-elle posément. - Excusez-moi, je ne vous avez pas reconnu. Permettez moi de vous saluer
convenablement. Je suis le bibliothécaire, M. Nopre".
Il fait une révérence tout en prenant sa main et en déposant le bout de ses lèvres
sur celle-ci. Les joues de ma mère se colorent légèrement de rouge. Après s'être
redressé, il ajoute : "Suivez-moi donc". Il commence à partir, ma maman aussi, elle se retourne et me dit que je pouvais
déambuler dans la bibliothèque en l'attendant. Je ne lui fais pas redire et fonce
vers les étagères. J'effleure la côte des livres du bout des doigts, cela me procure
une sensation agréable. J'ai toujours aimé la lecture et les livres, leur odeur, leur
touché, le bruit que fait les pages quand on les tourne. Je jette un œil aux titres
de ces trésors, nombreux sont ce que j'ai lu, nombreux sont ceux dont j'ai envie
d'effleurer les pages et nombreux sont aussi ceux qui ne m'attirent point. Je me
rends compte que la luminosité a grandement diminuée, je vois alors que je suis
arrivé à la fin du rayon. Je fais demi-tour et vais chercher une lanterne pour
éclairer ce cuir assombrit, avant d'aller en direction de la rangée adjacente. Je
continue à vadrouiller et à divaguer dans mes pensées, encore quelques instants
avant de voir la silhouette de ma mère au bout de la rangée dans laquelle j'étais
arrivé. Je tourne sur moi-même et vais à la rencontre de ma mère. Elle a toujours
son panier au bras, seule différence, il est vide. M.Nopre est là, caché dans
l'ombre. J'entrevois dans sa main, un livre à la couverture rigide et orné d'une
"armure" argentée. La pièce est trop sombre pour distinguer le titre, je distingue
seulement des symboles indéchiffrables: "Tu as finis ce que tu voulais faire Spinelle, me demande ma mère en brisant le
silence. Nous pouvons y aller ?
- Oui, c'est bon". Nous sortons du rayon à la queue leu-leu, lorsque je dépasse la fin de la rangée, M.Nopre m'attrape le bras brusquement. Je sursaute et me tourne vers lui
apeuré, il me tend le livre et me chuchote : "Garde le bien précieusement, tu pourrais en avoir besoin." Je hoche la tête avec difficulté, prends le livre et cours à la suite de ma maman
qui a déjà passé le pas de la porte. Je suis ébloui par la lumière qu'émet le soleil, mes yeux ont besoins de quelques secondes pour s'adapter à la luminosité
changeante. Lorsque ma vue est plus claire, je remarque que la rue est déserte. Pas une personne n'est présente, cela m'inquiète un peu sur le coup. Il doit être
l'heure de manger, tous les habitants sont rentrés chez eux. Nous reprenons le
chemin du retour tranquillement, le même chemin en sens inverse est pris. J'aperçois une personne rentrer dans sa maison, cela me rassure, j'ai cru que le village était vide. Un cri strident retentit et brise le silence du village. Le bruit
terminé, c'est au tour d'un son grave et puissant qui retentit, c'est le cor. D'après
la longueur de la note, c'est un message d'alerte. Ma mère accélère la cadence et
marche plus vite, je m'adapte à sa marche. Nous marchons tellement vite, c'est
à peine si nous courrons. La porte de la maison apparait devant nous plus vite
que ce que je ne l'aurai pensé. Ma mère l'ouvre d'un coup, attend que je sois
rentré pour la claquer et la refermée à clé. Nous montons les escaliers à une
vitesse folle, ma maman fait pénétrer la clé dans la serrure, tourne et l'ouvre
encore brusquement. Le même scénario se répète, elle attend que je rentre
avant de refermer la porte. La porte refermée, une femme agitée et apeurée que
je n'ai pas souvent vu, pousse un meuble devant la porte afin de la barricader. Une fois cette tâche terminée, nous avons à peine le temps de nous tourner, qu'une lumière fonce vers la fenêtre et la brise. Le feu se propage sur le mobilier
en bois et se rapproche à une vitesse importante. Ma mère me crie de monter
dans ma chambre et d'attendre. Elle me fait tellement peur, que je n'ose pas la
contredire. Je cours dans ma chambre et vois plusieurs boules de feu rejoindre
la première. Ce sont à présent des flammes gigantesques qui traverse la maison
et qui ondule au gré du vent entré par la fenêtre brisée. Une fois dans ma
chambre, je me glisse sous mon lit et attends. J'ai toujours le livre en mains, je
ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas jeté ou mis autre part pour me protéger. J'entends un cri aigu, je prie de tout cœur pour qu'il ne provienne pas de la
personne à laquelle je pense. Mais je ne fais que me mentir à moi-même, au fond
de moi je sais que ce bruit ne peut provenir que d'une personne. Alors j'attends
tristement, quelques secondes, quelques minutes, peut-être même quelques
heures, je ne sais pas. Cela fait tellement de temps que j'attends, que j'en ai
perdu la notion du temps. Je réfléchis et pense à ce qui vient de se passer juste
dans la pièce d'à côté. Ma pensée est coupée par le vacarme que produit ma
porte en tombant. Le feu est arrivé jusqu'ici, je sors de dessous mon lit et tente
en vain de trouver une issu. Ma fenêtre est trop petite pour laisser passer mon
corps. La fumée se propage dans la pièce et vient obstruée ma vue et remplir
mes poumons. Viens le moment, ou mes poumons ne supportent plus l'air
impur, il lâche

Les Chroniques Du Cristal: Le Nécromancien De JadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant