Une vie transformée à jamais

2: Elle était de la police..

Narrateur Maud Griezmann:
Paris, 14 novembre 2015:
Je suis toujours au téléphone avec ma mère. Elle essaye de me calmer et me rassurer. J'ai failli laisser ma vie dans cette salle de concert. Je suis tellement reconnaissante envers cette policière qui est restée avec moi. Ma mère donne ensuite le téléphone à mon frère Théo qui est en larmes:
Théo: J'ai eu tellement peur pour toi Maud.
-: Je.. Ça va.. Enfin physiquement.. Mentalement c'est autre chose..
Théo: Tu veux que je vienne te tenir compagnie? Je ne veux pas te laisser seule..
-: Tu ferais ça pour moi?
Théo: Je ferais tout pour toi tu le sais très bien. Je t'aime tellement grande soeur..
-: Je t'aime aussi Théo.. Tu veux bien rester au téléphone avec moi le temps que je rentre...?
Théo: Tout ce que tu voudras.

J'avance lentement vers ma voiture, toujours troublée. Je conduis doucement jusqu'à chez moi en parlant toujours avec mon petit frère. Il faut aussi que j'appelle Antoine. Il doit être encore plus paniqué que Théo. Je me gare devant mon immeuble et monte en courant les escaliers. Je m'enferme chez moi à doublé tour et attends que mon frère arrive. Il coupe la conversation téléphonique en me disant qu'il sera là dans moins de trente minutes. Je me prépare du thé et m'assieds sur le canapé en repensant à celle qui nous a sauvé la vie. Ses collègues n'ont quasiment rien fait pour nous. En plus, elle a pris soin de moi quand je suis sortie de la salle. Je ferme les yeux et ma sonnette retentit. Je regarde mon téléphone et vois un message de Théo. Je lui ouvre la porte et il me prend dans ses bras. Je n'arrive plus à contenir mes larmes et pleure contre lui. Il m'embrasse le crâne et me serre un peu plus fort. Je regarde l'heure sur mon portable. Il est trois heure du matin et je ne pense pas que je devrais réveiller mon frère. Il doit être fatigué par le match. Je lui envoie un message en lui disant que je suis avec notre plus jeune frère et que je n'ai rien de grave. A peine envoyé, quelqu'un frappe à la porte de chez moi. Je regarde Théo et il me dit que c'est peut-être nos parents qui sont venus. J'entends une voix que j'adore mais qui est brisée par la tristesse. J'ouvre la porte et il ne m'a sûrement pas entendue et vue:
Antoine: Dit moi que t'es là Maud et que tu vas bien...
-: Je suis là.. En sécurité.. Rentre..

Il se jette sur moi et me serre extrêmement fort. Je passe mes bras derrière sa nuque et Théo entoure également mon corps pour me rassurer un peu plus:
Antoine: Dieu merci tu es en vie... J'ai eu terriblement peur Maud..
-: Moi aussi.. Mais je suis là avec vous maintenant..
Théo: On devrait se reposer un peu..
-: Tu restes Anto..?
Antoine: Oui, je reste avec vous. Didier m'a autorisé à rentrer quand il a vu mon état dans les vestiaires.. J'ai imaginé le pire et Hugo et Raphaël ont tout fait pour que je puisse venir ici.

Je pars me doucher rapidement et retourne avec mes deux petits frères. Je leur embrasse les joues et file au lit. Je me mets en plein milieu comme à mon habitude. Je ferme les yeux et mon matelas penche des deux côtés. J'entends des bruits de ceinture et de vêtements qui tombent au sol. Je regarde ce qu'il se passe et vois mes deux frères en t-shirt et caleçon. Ils se glissent sous mes draps, chacun d'un côté du lit et passe leurs bras autour de moi:
-: Qu'est-ce que vous faites?
Antoine: On fait comme quand on était petit.
Théo: Vous avez pas bien grandi vous deux.

Je souris avant de fermer les yeux et essaye de trouver le sommeil. Je sais que je me suis endormie parce que je me réveille en sursaut dans les bras d'Antoine. Théo dort profondément à nos côtés. Mon footballeur favori m'emmène dans le salon et me refait une tasse de thé. Il s'assied contre moi et passe son bras autour de mes épaules. Il laisse un baiser sur ma tempe:
-: J'ai eu tellement peur Antoine.. Je ne sais même pas comment elle s'appelle. Je ne la reverrais sûrement jamais et je ne pourrais pas la remercier.. J'ai jamais vu une femme avec autant de courage.. Elle n'était pas avec ceux qui intervenaient normalement.... Elle était de la police..
Antoine: Il faut que je retrouve cette femme alors.
-: Je ne sais même pas son nom. Mais son visage est gravé dans ma mémoire.
Antoine: On va la retrouver. Je te le promets. Qu'est-ce qu'elle a fait d'autre?
-: Elle a tué deux monstres comme elle l'a dit tout à l'heure, elle a calmé ma crise d'angoisse. La dernière chose qu'elle ait faite c'est s'asseoir au milieu de la route et me ramener une bouteille d'eau et des gâteaux. Ensuite, elle est repartie avec ses collègues.
Antoine: Il faut qu'on l'invite à dîner et qu'on lui offre quelque chose pour la remercier. Je vais faire mes recherches pour savoir qui elle est.

Je lui lance un maigre sourire et essaie de me rendormir dans ses bras. Il est cinq heure et je n'arrive pas à me reposer. C'était la pire nuit de ma vie et je ne souhaite ça à personne. Pas même à mon pire ennemi. Antoine veille sur moi et me caresse le bras pour me fatiguer. Il s'allonge sur le canapé et je m'allonge sur lui. Il joue avec mes cheveux et je m'endors grâce à ça.. Je me réveille quelques heures plus tard, toujours dans les bras du footballeur. Je me détache de lui et allume la télévision. Il raconte tout ce qu'il s'est passé cette nuit puis ils passent le discours du président. Il parle pendant un bon gros quart d'heure avant de dire qu'une cérémonie d'hommages sera faite dans quelques jours et qu'une légion d'honneur sera remise sans préciser à qui ni pourquoi. Il faut que ce soit à cette femme. Elle a eu énormément de courage et si ça ne tenait qu'à moi, elle aurait toutes les ''médailles'' du monde. Après le passage du président, les journalistes reprennent la parole et montre les images de l'assaut. On y voit très bien cette femme, de dos. D'ailleurs, sa tenue ne leur a pas échappé:
Journaliste 1: Un policier serait entrer avec les intervenants. Nous pouvons le voir sur ces images.
Journaliste 2: Si quelqu'un le connaît, ou pense le reconnaître, veuillez vous présenter dans le commissariat le plus proche de chez vous.
Journaliste 1: Selon nos sources, ce serait lui qui aurait tiré sur les assaillants.
Théo: Il a porté ses couilles quand même.
-: Elle Théo. Elle a porté ses couilles qu'elle n'a pas d'ailleurs.
Théo: Il est choqué Impossible..
Antoine: J'étais dans le même état quand elle me l'a dit.
-: On va avoir peur d'une araignée mais elle, rien ne lui fait peur.
Théo: On est des tapettes en vrai.
Antoine: Ironique Nan tu crois? Il change de sujet T'as mangé Mau'?
-: J'ai pas faim..

Je vais me faire engueuler par mes frères mais toute cette histoire me rend malade. J'ai juste envie de partir d'ici quelques temps. Je crois que je vais retourner chez mes parents pour changer d'air et être loin de tout. Je prends le verre de lait et le biscuit que me tend Anto. Je bois une petite gorgée et croque dans le gâteau. Je lui donne le reste et retourne dans ma chambre pour pleurer. Je prends mon ours en peluche qui me servait de doudou quand j'étais petite et le serre contre moi. La porte de ma chambre grince et Théo débarque. Il s'installe sur le matelas et m'assieds sur ses jambes. Je passe mes bras autour de son cou et y mets ma tête. Il me frotte doucement le dos et me serre un peu plus:
Théo: Calme toi Maud.. Je suis là d'accord?
-: Je.. Je vais.. pas réussir...
Théo: On est là grande soeur. On va t'aider. On ne te laissera pas seule.
Antoine: Tu vas venir quelques temps à Madrid pour être loin de tout ça. Eva est d'accord avec moi.
-: Comment elle va..?
Antoine: Il baisse la tête Elle est bouleversée par ce qui nous arrive en ce moment...
-: Toine...?
Antoine: Il se met à pleurer Elle a perdu le bébé...
Théo: C'est pas vrai..? Si c'est une blague elle est nulle... Antoine se jette sur nous C'est pas possible...

Théo nous serre tous les deux en ayant les larmes aux yeux. Nous étions déjà attachés à ce bébé et je n'imagine pas comme ça doit être dur pour notre frère.