LA FUITE (3)

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Un organisme spongieux déposa son humidité sur ma joue, libérant une odeur de cafard brûlé vif dans un mouchoir.

C'est en me léchant la joue que Pouky me réveilla.

- Elle est adorable ! s'exclama Susanna.

Je ronchonnais et me levais en bâillant. Je la suivis en bas pour manger. Il y avait sur la table des céréales, du lait, des fruits, et Asoë. Oui, elle était debout sur la table et essayai d'attraper la lampe au plafond.

- Asoë ! Descends de là ! Que fais-tu ?

- Je voulais attraper le chapeau de la lumière pour le faire tomber et faire crier papa.

- Il a assez de travail comme ça !

- Bah il a qu'à s'occuper de nous sans qu'on lui demande !

- Allez, tu vas être en retard, va te préparer.

Elle obéit sans ronchonner.

Je m'assis sagement et mangeais ma pomme en silence. Elle me servit un jus d'orange et me regarda manger, debout, en face de moi. C'était, je dois avouer, quelque peu gênant.

- Où veux-tu qu'on aille ? demanda-t-elle.

- C'est que je ne connais pas bien ce genre de boutiques. répondis-je.

- J'ai une petite idée.... on part dans 15 minutes !

Je hochais la tête et filais dans la salle de bain. On m'avait de faire comme chez moi. Certes, mais je n'avais rien à utiliser comme chez moi ... Susanna m'indiqua où étaient les brosses à dents de rechange et une serviette de bain. Il faudra à l'occasion que je lave mes affaires. Oui, je sais ce que vous vous dites : ''quelle hygiène déplorable !". Mais essayez de fuir avec un seul petit sac à dos vous !

Après 10minutes environ de préparation, j'étais ... sortable. Plus ou moins. Plutôt moins. Mais plus qu'avant. Bref, je rejoins Asoë qui était devant la porte, pile à l'heure, droite et sage.

- Tu aimes aller à l'école ? demandais-je.

- Je m'ennuie. me répondit-elle.

Je n'ajoutais rien et montais dans la voiture. Elle ne dit rien pendant toute la durée du trajet. Arrivée devant l'école, Susanna l'embrassa et Asoë sortit de la voiture en m'adressant de grands signes de la main. Je me sentais presque coupable envers la mère.

- Bon, c'est partit ! s'exclama-t-elle.

Cela devait faire longtemps qu'elle n'était pas sortie avec une amie...ou quelqu'un. Bizarrement, elle et sa fille m'avaient super bien intégrées. Je ne me sentais absolument pas chez moi mais intégrer la vie d'une famille était une expérience intéressante. Presque regrettable pour celle-là. Une mère en manque d'affection de la part de son mari, une petit fille surdouée qui s'ennuie et un père qui ne vit que pour son travail. J'avais presque l'impression qu'il était plus l'intrus dans cette famille que moi. Mais ce qui me désole, c'est que j'aurais énormément voulu les aider, mais je devrais partir un jour ou l'autre. Et apparemment j'apportais un peu de fantaisie et de réconfort dans cette maison. Remarque, il n'y a pas de situation plus fantaisiste qu'une gamine qui rapporte sa meilleure amie la faucheuse dans son garage.

Nous arrivâmes dans le grand parking d'un centre commercial.

- On va commencer par Chez Loly ! dit Susanna.

La devanture faisait très femme d'affaire, et très cher aussi. Mais soit. Plus je dépense d'argent, moins vite je partirais. Tiens, je vais peut-être faire des folies tous les jours de la semaine !  (je crois que le papa grincheux me tuerait s'il l'apprenait ...).

Mais où est passée la Faucheuse ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant