Chapitre 9

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Il ne manquait plus que ça!

-Sidy et moi sommes des cousins, germains certes mais dans notre culture ce n'est pas interdit. Nous avons grandi dans la même cour. Il était brillant surtout dans les études et je voulais lui ressembler. Mais quand lui a décidé de prendre une épouse et que mon père lui a proposé de me choisir, j'étais contrainte de les abandonner. Je lui en ai voulu car il m'a parqué dans une maison pour que je lui serve de pondeuse, c'est ce qu'a sous-entendu sa famille. Nous sommes venus à Dakar car il avait une proposition de travail dans l'administration sénégalaise. Quitter le Mali a été insupportable mais ce qui l'était encore plus c'était la solitude une fois dans cette ville inconnue. J'étais dans une cage dorée, devant faire plaisir à mon mari. Un sentiment de rebellion est né un matin quand je discutais avec le boy* de la maison. Ce même jour je me suis donnée à un autre homme, un homme qui n'était pas mon mari. Je n'ai pas regretté. Au contraire! Je préférais même ses ébats. Mon vice a continué. Il m'a présenté à ses amis qui venaient chaque jour un par un pour me donner du plaisir en échange de quelques billets. Sans que mon mari ne se doute de quelque chose. J'avais plus de courage.
Nous avons déménagé quand il a su que j'étais enceinte. Ce n'est que le jour de l'accouchement de mon aînée que j'ai su qu'il était vraiment le père. J'ai douté tout au long de ma grossesse. En allant en consultation j'ai fait la connaissance d'autres femmes sénégalaises. Je sortais en cachette laissant mon bébé à ma mère en lui disant n'importe quoi. Mes Amies étaient comme moi, en quête du sexe mâle. On a fait tous les hôtels de la ville avec des hommes plus ou moins jeunes que nous, peu importait.
Deux ans plus tard, je retombe enceinte. Cette fois, j'étais certaine que mon mari n'était pas le père. Par chance le petit garçon me ressemblait. Sidy n'en revenait pas. De plus le petit a apporté beaucoup de bienfaits. Un logement de fonction lui a été attribué en plein centre-ville et d'autres privilèges. Mais moi je n'étais pas heureuse, je n'avais pas l'attention de mon mari. J'allais la chercher laissant mes enfants avec Mbène, la bonne.
Les enfants grandissaient et mon mari me soupçonnait. On se disputait tous les jours devant eux car je lui tenais tête. En effet, j'ai appris qu'il a mis enceinte une jeune femme. Elle est venue elle-même me le dire. J'ai attendu qu'elle accouche pour la faire tuer. C'était mon premier meurtre. Mon mari n'a jamais su qu'il a un enfant hors mariage, cet enfant n'est jamais apparu. J'ai voulu me venger, il ne pouvait plus m'interdire de sortir. Tous les soirs, on se battait, on se criait dessus. Il n'osait pas me répudier car je savais beaucoup trop de choses: comme le fait qu'il a ruiné et assassiné son chef afin de le remplacer et la cause de toute cette fortune que nous avons que je tairai.
J'avais ma manière d'aimer mes enfants même si je n'étais pas proches d'eux. Surtout Issa même si je ne connaissais pas son père. Donc quand un soir je suis rentrée après une soirée avec des amies et qu'on m'a dit qu'il était malade, j'ai cru devenir folle. C'était la première fois que j'avais bu et mon fils m'a vue ivre. Il ne cessait de répéter ce nom: "maman Khar". Quand je me suis approchée, il a eu un hoquet et a vomi. Du sang! Mon petit garçon était extrêmement mal. Je ne savais pas quoi faire. Pour moi cette Khar était la cause de cette maladie soudaine. Ils m'ont dit qu'il a vomi du jus que lui aurait donné cette femme. Je ne pouvais pas parler à mon mari qui était très en colère contre moi, j'empestais l'alcool. Je me suis changée et nous sommes partis à l'hôpital. "Maman Khar", il ne disait que ça, tout au long du chemin. J'ai contacté notre marabout familial qui m'a dit que c'est cette femme qui mangeait mon bébé et qu'il fera tout pour l'en empêcher. Par contre les médecins ont révélé qu'il avait une insuffisance cardiaque détectée tardivement. C'était faux! Ils voulaient juste lui trouver une maladie. J'ai convaincu mon mari en lui parlant de ce qu'a dit le marabout et il m'a soutenue. Tôt le matin je suis allée m'en prendre à la sorcière. Je devais la démasquer devant tout le monde et comme toutes les sorcières, elle a démenti. Je l'ai menacé pour qu'elle arrête de ronger le coeur de mon bébé.
Elle aurait dû m'écouter. J'ai fait sortir Issa de cet hôpital de nuls, suivant les directives de mon marabout. Je lui donnais à boire ce qu'il m'avait envoyé. Il ne cessait de le faire sortir, avec plus de sang. Mbène m'a supplié de le ramener chez le médecin mais je n'ai pas voulu entendre. Entre 3 heures et 4 heures du matin, il a cessé de dire Maman Khar. Il ne respirait plus. Je l'avais perdu. (Elle essuie une petite larme). Khar venait de manger mon petit. Je devais me venger. Alors, j'ai laissé mon mari s' occuper des funérailles, moi je devais m'en prendre à cette femme et à toute sa maudite famille. Après avoir quitté son lieu de travail où j'ai fait savoir à tout le monde qu'elle venait d'achever mon fils, tous les membres de ma famille sont allés lui donner la raclée de sa vie avec ses enfants. Mais ils m'ont dit que son mari n'y était pas. Lui je lui ai réservé une autre surprise. Le lendemain, dès qu'il est entré dans son taxi les hommes de main de mon mari l'ont égorgé sans laisser de traces. Je lui ai pris ce qu'elle avait de plus chère. Ensuite, j'ai convaincu les habitants de la maison pour qu'ils porte plainte contre elle et qu'on la sorte de cette maison. Elle était à la rue avec ses petits sorciers. Khar est rentrée chez sa mère. J'ai appris grâce à mes sources que son dernier était finalement décédée. Je n'en étais que plus heureuse. Maintenant son autre fils et elle sont introuvables. Je suppose que la nature l'a engloutie et que le petit est devenu un délinquant. Elle ne m'intéressait plus. Je me suis concentrée sur ma fille Sarata à qui j'ai donné beaucoup d'amour. Mais elle me déteste désormais et je ne peux pas te dire pourquoi.

TacheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant