Chapitre 20

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Souvent, il faut savoir céder la place à la personne qui la mérite plus que vous. (deuxième partie ).

Quelques heures avant.

Il était seize heures. Coumba revenait du salon de beauté, habillée d'une jolie taille basse en getzner rose bonbon avec de la broderie moderne de toutes les couleurs lumineuses qui allait bien avec son teint clair, accompagnée de ses amis d'enfance et de ses cousines. Elle est descendue de la voiture décorée pour l'occasion et les griots faisaient tinter leurs instruments de corde. Chantant ses louanges et ceux de ses parents.
Sa grand-mère et les femmes de ses oncles ont étalé des pagnes tissés sur son chemin. Elle a longuement embrassé son homonyme en pleurant. Celle-ci lui a essuyé les yeux en riant.

Soudain, des battements sonores se font entendre. C'étaient les hommes que Mami Caro avait engagé pour faire le batuka*, une danse spécialement cap-verdienne que des hommes et des femmes dansent en symbiose.

En bonne petite fille de pourtougaise *, Coumba prend un foulard qu'elle attache au ras des fesses. Sa cousine vient de sortir du cercle qu'ils ont vite formé, elle la remplace et les cris se font plus fort. Elle joint ses doigts en l'air et fait des rotations de hanches et de reins diantrement sexies. Elle se tourne, se retourne, bouge telle une déesse de la danse. Oubliant même qu'elle est la mariée. C'est qu'elle est une férue de cette danse.

-Si tu danses un jour comme ça pour ton mari, sois sûre qu'il te mangera dans la main. Lui chuchote son amie Thiané.

Elle sourit, le coeur battant. Comme si elle venait de se rendre compte qu'elle allait se marier avec l'homme qu'elle n'aime pas.

Avec son amie, elles laissent les autres continuer la danse. Sa tante l'a fait appelé pour qu'elle aille s'installer sur son lit et se couvrir avec un de ses voiles le temps qu'on prononce le fameux "Al Khairi ", qui représente le terme marquant l'union des deux jeunes mariés.

Hier soir, alors qu'il était très tard, elle a reçu un appel de Mountaga qui lui a demandé de sortir car il avait quelque chose d'important à lui dire. Elle a refusé mais il a insisté. Le son de sa voix montrait le sérieux des choses. Elle a changé sa tenue et a mis un chandail pour ne pas prendre froid.

-Excuse moi si je t'ai réveillé, dit-il une fois qu'elle s'est installée dans la voiture.

-Je ne dormais pas encore. Tu m'as fait peur au téléphone.

-J'ai juste besoin de quelques éclaircissements avant demain.

-Mais...

-Laisse-moi parler s'il te plaît. Tu sais que je t'aime plus que tout. Dès qu'on s'est vu dans ce salon de couture, j'ai su que tu seras ma meilleure moitié. J'ai galéré pour avoir rien qu'un rendez-vous, pour venir te voir chez toi, c'était pire. On est passé d'amis à... je ne sais même pas ce que nous sommes en ce moment.
Il y a quelques jours, tu me dis que si je cherche vraiment une femme, je peux te prendre. Surpris et surtout croyant que mes prières ont été exaucés j'ai sauté de joie. Là j'ai un problème. Je veux savoir ce qui t'a poussé à m'épouser.

-Mountaga, tu as été un grand ami. Tu étais toujours partant pour m'aider. Si je m'apprête à étendre mon métier jusqu'à Dakar c'est grâce à toi. Tu es très important pour moi. Je me marie avec toi parce que je pense que tu es l'homme qu'il me faut. Je n'ai aucun doute là dessus.

-De la reconnaissance ! Rit-il. Il n'est pas trop tard pour tout annuler Coumba.

-Si ça l'est. Et je n'ai pas envie d'annuler. Qu'est-ce qui te prend ? Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?

-Tout en t'écoutant parler, je n'ai pas entendu la réponse que je voulais.

-Je vais dormir avant que mes cousines ne se rendent compte de mon escapade. Tu devrais faire de même, tu n'as pas les idées bien claires.

TacheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant