Chapitre 24

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L'ego ? Ça nous empêche de vivre comme il faut. On en souffre sans savoir qu'elle est la cause de notre souffrance.

La nuit a été longue, la plus longue de sa vie. Elle n'avait plus de larmes. Alors que son mari est allé à la mosquée, elle s'est levée pour prendre un bain. Elle a lavé tout son corps avec amertume puis a fait ses grandes et petites ablutions.

Elle ouvre la partie de son dressing pour sortir l'habit de prière qu'elle a acheté avec l'argent de son thian *, ce que son mari avait donné le jour du mariage religieux. Elle sort le sachet où il y avait le drap qui prouvait sa chasteté et le Coran qui était dans le tiroir.

Elle fait plusieurs rakats puis ouvre le livre Saint pour lire des  versets. Elle pleure et les larmes tombent sur les pages. Elle ferme et enlève le drap de son sachet.

-Allah, tu es témoin de l'amour que je voue à mon mari. J'étais prête à l'adorer comme un esclave mais il a abusé de ma soumission. Hier, il m'a violentée et j'en souffre. Je serai hypocrite de continuer de le regarder dans les yeux alors que je suis dégoûtée par son attitude. Je Te demanderai de me soutenir dans la décision que j'ai prise et de m'accompagner.

Elle essuie les dernières gouttes salées puis se lève pour tout ranger. Elle va à la cuisine pour lui préparer son petit déjeuner. Il est rentré de la mosquée et est allé s'habiller. Elle sort le cake du four puis découpe six parts après avoir saupoudré de sucre glace. Elle dépose le tout sur la table à manger, avec le pain, le beurre, le fromage, l'eau chaude et la tasse de café.

-Salam Aleykoum. Dit-elle sans le regarder.

Elle entend sa réponse dans sa chambre. Lorsqu'il a fini, il est allé la prévenir qu'il s'en allait. Elle a fait semblant de dormir. En temps normal, elle l'aurait accompagné jusqu'à ce que le bus du personnel de l'aéroport vienne le prendre.

À neuf heures, elle est allée à l'atelier. Elle prépare son premier défilé de mode avec deux collections. Celle pour les femmes qu'elle a nommé "collection Thioro Cisse " et l'autre c'est la "collection Sangue ". Comme elle appelle son mari. C'est celle qui est dédiée aux hommes. Avec un groupe de jeunes stylistes, ils ont organisé ce défilé sous la houlette de Colé  Ardo  Sow, une icône de la mode au Sénégal. C'est une chance pour elle d'avoir été choisie pour y participer alors qu'elle vient juste de commencer.

Elle dessine des modèles très jolis et chacun dans son équipe est motivé pour que cela soit une réussite.

Elle est arrivée au bureau, calme. Elle avait habitué ses employés à son rire et ses blagues. Ce matin, elle avait l'air triste et elle s'est enfermée dans son petit bureau pour dessiner.

Coumba déchirait tous les croquis qu'elle a réalisé. Elle faisait du n'importe quoi et cela l'énervait. Elle jette tout à la poubelle puis se prend la tête en pleurant.

À treize heures, elle prend son sac pour rentrer chez elle. Elle ne devait pas sortir de chez elle. C'était une mauvaise idée d'être venue travailler.

Chez elle, elle se fait un sandwich qu'elle ne mange même pas. Elle décide d'aller cuisiner pour ne pas s'ennuyer. La cuisine lui a toujours permis d'oublier ses problèmes.

-Coumba ? Entend-elle.

C'est Ass qui vient de rentrer du travail. Il a l'habitude de crier son nom devant la porte et elle, elle court l'accueillir avec un baiser et récupère son sac.

-Honey ? T'es là ?

Il parcourt la chambre et le salon pour la chercher.

-Tu ne m'as pas entendu, demande-t-il en passant ses bras autour de sa taille quand il l'a trouvée dans la cuisine. D'habitude, tu es plus accueillante.

TacheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant