Promesse

CHAPITRE 15

Alors que j'avais espéré passer une nuit complète pour rattraper mon sommeil, mes espoirs furent rapidement réduits à néant. 

Suite à cet incident, je me retrouve dans l'incapacité la plus complète pour fermer les yeux et m'apaiser. Pourtant dieu seul sait à quel point je suis fatiguée et que dormir me ferait le plus grand bien. Des bruits de pas dans les graviers, des voix qui s'élèvent discrètement, des personnes circulant dans le couloir... tout un tas de choses qui me perturbent au point de ne pas réussir à fermer les yeux. Rien de grave ne s'est produit : je n'ai pas subi grand chose outre le fait d'être poursuivie par trois hommes saouls. Mais étrangement, je me sens vulnérable et je n'arrive toujours pas à saisir pourquoi cela m'est arrivé. Il y a beaucoup de personnes à qui pire est arrivé, elles s'en remettent plus ou moins rapidement mais elles sont capables de passer cette dure épreuve. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de me reprocher cette situation, je ne cesse de me répéter que ce n'était rien mais je n'arrive pas à fermer l'œil et à retrouver ma sérénité.

À force de me tourner et me retourner dans mon lit, une sueur froide m'envahit rapidement et je me retrouve sur pieds avant même que je ne le réalise vraiment. Je vais vers ma fenêtre, j'ai besoin d'air frais pour pouvoir respirer et calmer ce pouls qui se sent manifestement encore attaqué. Mais même l'air depuis ma fenêtre ne me soulage pas. Je pense qu'il faut que je marche mais l'idée de retourner seule dehors ne m'enchante pas beaucoup. Cependant je sais pertinemment que je n'arriverai pas à fermer l'œil de la nuit si je ne vais pas me détendre.

Toujours vêtue de ma nuisette je me convainc d'aller marcher pour quelques minutes seulement et de venir me coucher rapidement. J'enfile mon grand manteau en laine qui descend en dessous de mes genoux, attrape mes chaussures et sors de ma chambre. Le couloir est plongé dans le noir le plus complet, j'allume la lampe de mon téléphone et je descends les marches le plus discrètement possible. Arrivée en bas, je n'aperçois pas le gardien, la lumière du perron est allumée mais personne à l'horizon. J'ouvre alors la porte et m'apprête à sortir quand je me rends compte une fois à l'extérieur qu'il y a quelqu'un assis sur les grandes marches du château.

Prise d'un élan de panique, je sursaute, mes émotions sont vives ce soir, mais je me rends vite compte que je connais ce dos et ce pull bleu marine.

Ayden qui s'est aperçu de mon intrusion se retourne brutalement, comme pris sur le vif. Je bafoue quelques mots incompréhensibles pour m'excuser mais son regard s'adoucit dès qu'il pose ses yeux sur moi.

- Que fais-tu là April?

Sa question n'est pas froide, il ne semble pas contrarié de me voir.

- Je n'arrivais pas à fermer l'œil.

Il ne répond rien sur le coup, se contentant de juger ma tenue d'un air amusé.

- À cause de ce qui s'est passé tout à l'heure ?

- Oui.

- Tu as déjà meilleure mine, je me suis réellement inquiété quand je t'ai vue.

Je lui souris tendrement. Je me rappelle bien de son doux visage inquiet, qui ne trahissait rien de sa perfection. À une heure pareille de la nuit, il reste toujours à tomber. Je me rapproche de lui et vais à m'asseoir à ses côtés, il ne m'en voudra pas de prendre mes aises.

- En soit ce n'est rien de très grave.

- Tout de même... enfin je suppose que tu n'es pas venue ici pour ressasser cette mésaventure mais plutôt pour trouver du calme ?