Ce fut un coup de feu qui me tira de ma léthargie. Un coup de feu tout proche. Le Raffleur face à moi pris ses jambes à son cou, laissant Sifflet à mes pieds, mort.
Il ne fallait pas me toucher.
Un second coup de feu. Puis un troisième, et un silence. Il y a des bruits de course et lentement, je tourne la tête. Il y a une boule rouge qui coure, suivie de deux garçon et d'un adulte.
L'image change subitement pour laisser place à un grand champ, avec une femme et deux enfants qui courent vers moi, tout sourires. La femme est resplendissante, les deux enfants se ressemblent comme deux gouttes d'eau. L'image est joyeuse, vive et lumineuse.
- Elia!
Je reviens brusquement à la réalité, et les larmes me montent aux yeux. Je vais en avoir pour plusieurs jours. Jojey est devant moi, accompagnée de l'adulte. Il porte un uniforme de policier, mais on lit dans ses yeux qu'il n'aime pas le porter. Jojey me regarde, jette un coup d'œil au Raffleur mort à mes pieds puis veux me prendre dans ses bras.
Je fais un véritable bond en arrière, manquant de trébucher sur une bordure de route.
- Elle ne va pas te faire de mal, me dit l'adulte.
- Ce n'est pas ça, dit Jojey avec un regard d'excuse. Elle ne veux pas qu'ont la touche, ça à un rapport avec son don.
L'adulte hausse les épaules, puis s'approche du Raffleur pour prendre son pouls, comme si il espérait qu'il soit encore ne vie. Il secoue, non sans surprise, la tête de gauche à droite. Les deux garçons sont partis à la suite du deuxième Raffleur, chose que je ne comprends pas. Ils veulent se vendre?
- C'est étrange... dit l'adulte.
- Quoi donc? demande Jojey en s'approchant du cadavre.
L'adulte se relève en époussetant ses mains sur son pantalon d'uniforme. Il me lance un regard soupçonneux puis dit :
- Je n'arrive pas à trouver la cause de la mort. Pas d'étranglement, de blessure par balle, de plaie à la tête, il n'y à aucune blessure, le corps est intact.
- Il n'as pas pu mourir comme ça, fait remarquer Jojey.
L'adulte s'apprête à répondre, mais les deux garçons reviennent, le Raffleur entre eux. Le premier garçon est grand et doit avoir douze ou treize ans, il a des cheveux jaune paille et des yeux très foncés, presque noir. Le second est roux, une dizaine d'années et a des yeux vert. Je devine instantanément qu'il est de la famille de Jojey. Le Raffleur semble sonné, ce qui explique qu'il se laisse facilement dirigé par les deux garçons. Ces derniers s'approche et forcent le Raffleur à s'agenouiller. Jojey relève la tête, le nez en l'air, en position de défi.
- Comment t'appelles-tu ? demande l'adulte.
- Frank, répond le Raffleur.
Ses yeux ont du mal à faire le point, je me demande ce que les garçons ont bien pu lui faire pour le mettre dans un tel état. Je reste muette, car je n'ai absolument rien à dire. Le garçon roux me jette un petit coup d'œil en fronçant les sourcils, mais reporte son attention sur le Raffleur. Ce dernier semble incapable de dire quoi que ce soit d'autre.
- Laissons le repartir, dit le garçon aux cheveux jaune. Faisons lui signaler un R.A.S dans cette zone et puis basta!
- Sûrement pas, Léon, objecte le roux. Il risque de parler. Tuons-le.
- Je suis d'accord avec Val, dit Jojey en hochant la tête. Tuons-le, ça fera un Raffleur de moins.
Les trois se tourne vers l'adulte, guettant son avis.
- Je ne sais pas, finit-il par dire. Ont à déjà deux cadavres sur les bras.
Donc le troisième Raffleur, celui qui poursuivait Jojey, est mort. Je n'en ai rien à faire, mes yeux sont fixé sur un point imaginaire. Il y a des souvenirs qui m'assaillent, mais ce ne sont pas les miens. Ce sont ceux du mort. Dans deux ou trois jours, les flash backs s'arrêteront, mais ces deux ou trois jours vont être éprouvant, à vivre les souvenirs d'une personne qu'ont a tuée.
- Elia, tu est toujours avec nous? Me demande Jojey avec inquiétude.
J'acquiesce silencieusement.
- Elle est muette? demande Léon, le garçon aux cheveux jaune.
- Non, dit Jojey, de plus en plus inquiète. Je ne sais pas ce qu'elle a...
L'adulte fait des va-et-viens entre le corps du mort et moi, puis s'agenouille, comme devant une gamine de cinq ans.
- Tu t'appelles Elia, c'est ça? demande t'il.
Non, je m'appelle Marie-Louise. A ton avis?
Devant mon absence de réaction, l'adulte soupire.
- Elia, c'est toi qui l'a tué? me demande t'il doucement.
Oui. C'est moi qui l'ai tué. Tout comme j'ai tué ce policier qui était venu chez moi. Tout comme j'ai tué Zoé, ma cousine. Tout comme j'ai tué les quatorze Raffleurs précédents qui ont eu le malheur de me toucher. Ça fait quinze, maintenant.
- Laisse-là, dit Val. Dit-nous plutôt ce qu'ont fait de lui.
L'adulte se relève pour s'approcher du Raffleur, mais Jojey ne me quitte pas des yeux. L'adulte semble peser le pour et le contre. Soudain, le Raffleur se redresse et tente de s'enfuir, mais Léon lui barre la route en créant un mur de glace. Le Raffleur, Frank, fait un bond en arrière. Jojey n'a pas le temps de réagir qu'il bondit vers moi.
Non! Pas deux fois!
Heureusement, il m'attrape le bras et sort un couteau de son slip. Sérieux? de son slip? Il pose la lame sur mon cou, en restant néanmoins à une bonne distance. Jojey lève aussitôt les mains, imité par l'adulte et Léon.
- Peuh! Fait Val. Tue-là, ont ne la connais pas.
- Val! Hurle Jojey. Monsieur, reprend t'elle face au Raffleur, ne la tuez pas, prenez-nous, mais ne la tuez pas.
Frank semble hésiter. Même si il me tue, il aura trois jeune, soit 60 000 €. C'est un joli magot, surtout quand on est fauché. La lame s'appuie sur mon cou et je sens ma peau s'irriter. Le Raffleur me pousse dans le dos, en prenant le soin de ne pas toucher de peau nue.
Ah. OK. Je vais servir de bouclier humain.
Mais c'est trop pour Val. Ces yeux virent au rouge, et je sais qu'il veut viser le Raffleur. Mais c'est moi qu'il touche. Mes yeux se mettent à me brûler, mais Jojey pousse Val, ce qui fait perdre le contact visuel.
La lame du couteau s'éloigne un tout petit peu de mon cou et j'en profite pour me retourner et me mettre face au Raffleur, qui laisse tomber sa lame sur le sol et lève les mains, en signe de soumission. Tout le monde halète.
- Butez-le! Hurle Léon.
- Je n'ai pas mon flingue, dit l'adulte.
Je regarde autour de moi. Val me lance un regard irrité.
- Toi, va chercher son couteau, qu'ont l'achève! Me crache t'il.
- Ne me tuez pas, je vous en prie, gémit Frank.
Personne n'y fait attention. Val me répète son instruction.
- Ne lui parle pas sur ce ton, dit Jojey. Elle est sous le choc.
- Et alors, ça ne l'empêche pas d'aller chercher un couteau. C'est moi qui le tuerais, c'est une chochotte.
AH non. Je suis tout sauf une chochotte. Je m'avance sans un mot, Frank gémit, et je lui touche le visage.
Cette fois, c'est plus court, plus flou. Les souvenirs défilent, et le dernier est, et sera toujours, une paire de grands yeux bruns.
Frank s'effondre.
Mort.
Jojey pousse un cri. Val est stupéfait.
Et je m'évanouis.
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Elia Strickland 1.Recherchée
Science FictionElia est recherchée. Elle n'a tué personne, son crime, c'est d'être née à la mauvaise génération. Tous les mineurs sont recherchés. Du moins, ceux qui ont échappé aux premières rafles. Il n'y a pas de liste, mais tous mineurs trouvé est remis au Cen...