L'Éclair et la Vitesse

47 6 1
                                    

Je mettais la patience de Jojey et Quentin à rude épreuve. Je marchais lentement, butant sur tout, les yeux rivés sur la tablette encore tachée de sang coagulé. Je regardais tout les dossiers de jeunes signalés -et toujours pas trouvés-, car il y en avait pas mal, contrairement à ce que je pensais.

Au bout d'une heure de marche, lors d'une pause pour les petits qui fatiguaient, j'ai regardé dans les dossiers des Retrouvés.

En premier, tout en haut, il y avait les dossiers de Maude et Val.

Val a donc été attrapé.

J'ai cliqué sur son dossier, mais il n' y avait rien de très intéressant. Pareil pour Maude.

Je n'ai pas dit à Jojey que Val avait été attrapé. Il vaut mieux. Nous avancions sur une route au bitume craquelé, avec des panneaux abandonnés. De temps à autre, une voiture, de celles qui roule encore, passaient. Elles ne manquent jamais d'accélérer en nous voyant.

- Elia, accélère, mêmes les petits vont plus vite !

- Ouais, ouais...

Pourtant, je n'accélère pas. Je consulte dossiers sur dossiers. Le plus vieux attrapé avait dix-huit ans quand son don c'était manifesté, et la plus jeune : dès le ventre de sa mère, créant des champs de force autour d'elle. Le bébé fut tué à la naissance.

J'ai beau fouiller, il n'y a aucun rapport sur ce qui se passe une fois les enfants vendu au Centre de Recherche. Pas un indice, rien.

Au bout d'une heure de marche supplémentaire, Quentin était à deux doigts de m'arracher la tablette des mains et de la fracasser sur le bitume.

Il en aurait eu le temps, sans doute, si une voiture n'avait pas fait un dérapage contrôler juste à côté de nous, et qu'une femme n'avait pas sauté en marche, arme en main. Jojey à lâché Laurie pour projeter avec ces ondes de choc la voiture; et Quentin à fait un brusque mouvement de main... sans aucun résultat. La femme à ricané :

- Tu ne peux pas m'atteindre !

Elle  tapote sa poitrine : le logo du Centre de Recherche brille sur sa chemise.

- Je suis immunisée contre vos talents !

Elle à pointé son arme sur le cœur de Jojey :

- A genoux !

Nous nous sommes exécuté en silence. Deux fois en quelques heures, je commence à croire que Jojey me porte la poisse !

La femme s'est approchée, puis à posé le canon de son arme sur le front de Timothy, qui sanglotait. Mon Dieu, elle va abattre. Elle à dodeliné de la tête, ses cheveux bruns en coupe militaire bougeant légèrement.

- Je ne dois en ramener que trois, a-t-elle dit. Vous comprendrez, j'en suis sûre, le fait que je ne garde que les trois ayant le plus de valeurs...

Elle appuya sur la détente; le minuscule Timothy plongeant en arrière sous la force de l'impact.

Je vis Quentin tenté quelque chose avec ce mains, mais sans aucun résultat. Puis la femme, l'air froid et sans aucun scrupule, pointa son arme sur la tête de Paul.

Ce dernier sembla se concentrer, mais la femme rit :

- Mon bonhomme, tu ne peux rien me faire, je suis immunisée.

Sa tête est propulsée en arrière dans une gerbe de sang.

- Arrêtez ! Hurle Jojey. Ce ne sont que des bébés ! Vous ne pouvez pas...!

- Bien sur que si, je peux, dit la femme avec un sourire de psychopathe en se plaçant devant Laurie, les corps des petits Paul et Timothy gisant à peine quelques mètres plus loin.

J'essaie d'établir un plan, une stratégie, mais je  n'y arrive pas.Je ne ressens que la terreur.

La sadique appuie sur la détente, la détonation... et Laurie cligne des yeux, les joues trempés de larmes et la bitume crachotant sous les larmes toxiques de la petite fille. La femme appuie une seconde fois, puis une troisième, sans succès.

Soudain, il y a un bruit des plus écœurants, et la femme tombe, son cou tourné à presque 360 degrés.

Je bondi sur mes pieds et, tablette en main, sans même vérifier que Jojey, Quentin et Laurie vont bien, je décampe.

Je cours, la respiration sifflante, les yeux piquants. Je slalome entre les misérables maisons, les arbres aux airs piteux et cours sur la macadam inégal.

Je ne  sais pas où je vais, seul but : mettre le maximum de distance entre moi et le groupe.

Mes chevilles hurlent à l'agonie, et au moment où je m'arrête, tremblante, épuisée et surtout à deux doigts de vomir, un garçon, de quatorze ans, aux cheveux blonds platine, apparaît devant moi :

- Déjà crevée ?

- Mais t'es qui ?! Hurlais-je en me relevant.

- J'm'appelle Matthias. Et j'ai sauvé la vie de la gamine, là bas. Je te suis depuis tout à l'heure. Tu n'est pas très rapide.

- Dégage ! Crachais-je. Je fais cavalier seul !

- Désolé ma jolie, je vais devoir t'embarquer.

- QUOI ?!?!

Il ne me laisse pas le temps de réagir et, sans que je ne pus le voir venir, je fus projeté sur une épaule et le vent se mis à siffler à mes oreilles, les contours du paysage devenant flou. Cet idiot avait pris le soin de se couvrir presque partout, afin que je ne puisse pas le tuer.

Le trajet fut court, entre dix et quinze...secondes.

Mais dès que nous nous stoppâmes, je tentais d'envoyer un coup de poing dans la jolie petite tête de Matthias, mais je ne fus pas assez rapide.

Il me déposa sur le sol, mais tout tourne autour de moi, et je m'effondre sur le sol, incapable d'articuler un traître mot, ma tablette serrée contre mon cœur, comme si c'était mon bébé à moi.

Une jeune fille, aux contours flous, s'approche.

Je tente de bouger, mais ça tourne, tourne et tourne encore.

Je sens une piqure dans mon bras gauche, et tout devient noir.

Elia Strickland 1.RecherchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant