7- Retour au passé.

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Notre fils va avoir deux ans, et ne nous lâche pas d'une semelle. Il est urgent de le socialiser. C'est la dernière année de maternelle de sa soeur, et nous pensons que ce sera plus facile pour lui s'il fait sa rentrée lorsque la grande y est.
Mes patrons sont prévenus de ma volonté de reprendre le travail. C'est mon droit, la loi m'y autorise. Elle leur autorise aussi à modifier mes fonctions antérieures d'autant plus facilement que mon contrat est tacite !
Ils me proposent donc, et avec mon accord de modifier mon temps de travail ! Je partirai le soir à 16h30. Ainsi je récupérerai ma grande à l' école et son frère chez la nounou.

"Bien sûr me glisse ma patronne, certaines fois en cas d'absence de vos collègues, vous devrez rester !!"

Je ne réaliserai la portée de ces paroles que plus tard. Là je suis juste heureuse à l'idée de reprendre le travail après les fêtes de Noël. 

Commence la course à la nounou, que nous découvrons dans un immeuble derrière chez nous. Après plusieurs essais, il est clair que ce n'est pas gagné.

Le jour de ma reprise, le marathon qui devra être mon quotidien commence.
Préparer les deux : la grande a cinq ans et a déjà l' habitude de ceci. Son frère habitué à avancer à son rythme est beaucoup moins malléable !

Évidemment, il pleut. Je commence par ma fille, il n' y aura pas de crise à gérer. Pas trop le temps de discuter, ce matin. Il est presque huit heures, il me faut accélérer le mouvement. Le petit est bien calme, j'espère que cela va durer mais j'avoue que mon stress à moi monte crescendo ! Un petit bisou à ma fille, et elle est déjà partie, ouf.

Devant la porte de la nounou, il commence à chouiner. Et quand elle ouvre la porte, cela augmente. Tout l'immeuble est au courant, j'adore. Je le déshabille en le réconfortant d' une voix douce mais moi aussi je suis triste. Ne pas lui montrer surtout, ne pas lui montrer...Je donne les dernières consignes à la nounou, très calme : elle a l' habitude.
De toute façon, vu la feuille que je lui ai laissée, elle devrait être au top, ou me prendre pour une dingue !
Il est huit heures trente, il faut que je fonce. J'ai le trajet, trouver une place, fumer une clope en y allant en essayant d' apprivoiser cette boule dans mon ventre. Un petit bisou, puis un autre avant de le laisser dans les bras de la nounou, ce qui déclenche des hurlements. J'ai mal au coeur, et je m' efforce de me calmer...en fumant une cigarette. Je trouve une place plutôt facilement. Et je vais au boulot, réalisant que je fais peut être la plus grosse bêtise de ma vie.

Une heure après, tout est oublié. J'ai très vite repris mes marques. Je me rappelle très vite pourquoi j' aime être au milieu des livres. Dans un coin de ma tête, je pense à mon fils, il est presque dix heures.

- Mayou, téléphone pour toi ?

Vous la sentez la panique qui monte en moi ? Jamais Philippe ne m'appelle et puis elle n' a pas dit - Philippe au téléphone.

-  C' est la nounou (et mon ventre se serre très fort), je ne sais plus quoi faire. Il ne me laisse pas l'approcher il hurle depuis votre départ  Il faut que vous veniez...

Je raccroche et à priori mon visage doit être expressif car les deux secrétaires comprennent qu' il y a un problème.  Et en effet, il y en a un et de taille. Je reprends le boulot aujourd'hui après deux ans et je dois déjà demander à partir car mon fils pleure !!

Argh !  La patronne va pas aimer du tout, et en effet quand je lui en parle, inquiète, elle n'est pas du tout heureuse de mon manque de professionnalisme. Du coup, je fonds en larmes, et après avoir certifié que je serais là l' après midi, je fonce chez la nounou.

Elle m'ouvre, et m' entraîne vers la pièce de vie. Elle m' indique le coin derrière le canapé où mon fils est recroquevillé. Il tremble et pleure en silence et c' est encre plus effrayant. Et j' ai beau lui parler, il ne m' entend pas, retranché dans son angoisse. Au risque de provoquer une réaction plus violente encore, je l'attrape et le prends dans mes bras pour le bercer en silence. Et cela fonctionne...au bout d' une demi-heure. Il me fait un câlin et regarde la nounou d'un air désagréable. Celle-ci m' annonce donc qu' elle ne comprend pas, mais que du coup, elle ne souhaite pas renouveller l'expérience. Par contre, elle a une collègue dans l'immeuble qui est en attente d'agrément et qui pourrait me dépanner. Je ne pense pas que ce soit franchement génial d' en rajouter une couche pour le moment et je rentre chez moi avec le petit en mode koala. Je le mets au lit, et il s' endort immédiatement. J' en profite pour appeler ma belle-mère afin qu' elle me dépanne. Je ne peux pas me permettre de manquer !
Puis j'appelle la nounou en attente d' agrément qui me fait bonne impression. Rendez vous est pris pour le soir même quand j' aurais récupéré les deux enfants.

Un petit aller retour plus tard pour déposer le petit chez Mamie et je peux retourner au boulot. Puis récupération express de la grande et deuxième aller retour pour récupérer le petit frère .

Et pour finir rencontre avec la nouvelle nounou à qui il sourit !!!

Champagne !!!

Journal d'une patiente...impatiente.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant