8- Enfants...

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Le rythme est pris. Tous les matins, je dépose l'aînée à l'école. Son frère dans les bras, essayant petit à petit de l' habituer à cet endroit où son entrée est prévue en Mars.
Il n'est pas propre, mais l'école a besoin d' enfants pour éviter une fermeture de classe.

Certains matins sont plus chagrins que d'autres mais la nounou a un atout de poids : une fille un peu plus jeune que mon fils. Ils jouent beaucoup.

Mon travail se passe bien. Il y a juste un léger problème angoissant que je vais être obligée de résoudre très vite.

Aucune règle n'a vraiment été établie. A l'origine je devais terminer le soir à 16h30, sauf qu'elle ( ma patronne)  préfère décider sur le moment. M'obligeant donc à aller quémander l'heure du départ au quotidien. 
Je ne veux pas rentrer dans cet esclavage, aussi je demande à avoir un entretien avec les deux patrons.
Il est évident qu' ils n' apprécient pas mon initiative. Mais au final, j'ai gagné sur l'essentiel. Je pars tous les soirs à 16h30. En contrepartie, je ne suis plus à la vente mais à la réception de la marchandise. J'avoue que les premiers jours, je me sens mal, le contact avec certains clients et nos conversations me manquent mais, la porte de la réserve s' ouvre assez souvent sur l'un d'eux ce qui a le don d' énerver ma patronne.

Le plaisir de récupérer ma fille tôt et d'aller ensemble chercher son petit frère en vaut la peine. Le rituel du soir se fait sans hurlements à un rythme plus serein. Et quand Philippe arrive, il lui reste à en profiter. Ses journées sont fatigantes, le métier de plaquiste n'est pas de tout repos.

L' hiver est froid et le petit souvent malade. Il traîne depuis quelques jours une mauvaise toux très sifflante qui m' inquiète. Rien à voir avec  les bronchites habituelles.
Nous discutons avec Philippe lorsque notre fille déboule dans la salle du haut de cinq ans.

- Maman, Sylvain fait du bruit. Il m' empêche de dormir.

Je la suis dans la chambre et en effet, le bruit de sa respiration est forte. Je rassure Elodie et embarque le petit avec moi après avoir recouché la grande.
Évidemment, il est grognon mais ne semble pas avoir de température.
Inquiets par les sifflements, nous préférons appeler le médecin de garde. Celui-ci très vite arrivé ( les avantages des villes de taille moyenne ) ne met pas longtemps à soupçonner une crise d' asthme.
Une ordonnance et Philippe part récupérer cela à la pharmacie de garde. Le médecin lui donne une bouffée de ventoline et attend une amélioration qui ne vient pas.
Son inquiétude manifeste aggrave la nôtre et très vite il prend la décision. Urgences. Le temps d' organiser un transfert de la grande chez ma soeur et nous voilà parti avec le petit et sa respiration sifflante.

Sur place, le médecin a déjà donné les informations et le petit est vite pris en charge. Des grognements, il est vite passé aux hurlements qui ne s' arrêtent qu'avec les quintes de toux. Après deux vérifications de son poids, ils décident de le garder et, après la pause d'un masque qu'il n'essaye même pas d'arracher, ils le montent en pédiatrie.
Et là, de nouveau le poids pose un problème. Quoi ? Oui il n' est pas épais : 9 kg à 18 mois. Le médecin nous renvoie à la maison et la dernière image que j' emmène avec moi est mon fils dans un lit à barreaux avec un masque sur le nez.
Comme vous pouvez  imaginer, je n' arrive pas à dormir et à 7 heures tapantes j'appelle pour avoir des nouvelles !
L' infirmière me rassure et me dit que nous pouvons venir le voir d' ici une petite heure.
Dans la salle d'attente, nous entendons des rires et tout de suite nous allons mieux !
Il siffle encore un peu, et il est très fatigué mais le médecin nous l'assure, il va bien. Il préfère le garder quelques jours pour bien lui dégager les poumons bien encombrés et faire quelques examens complémentaires.
Nous repartons : Elodie, sa grande soeur, s'inquiète et nous devons la récupérer.

Le lendemain, je dépose ma fille à l'école et fonce direct à l' hôpital. Personne dans la chambre, un bref moment de panique interrompu par un éclat de rire et une cavalcade dans le couloir. Le médecin me sourit, presque gêné.

- Il a fait le tour avec moi, tout va bien. Il a la pêche. dit-il avec un sourire à mon fils qui a déjà trouvé mes bras.

Je passe un moment avec lui dans la salle de jeux, puis je rentre lui promettant de revenir ce soir avec Elodie.

Qui ne verra que brièvement son frère : étant au contact avec d' autres enfants, elle ne peut que lui faire un bref coucou pour éviter toute infection.

Au bout de huit jours il rentre à la maison, avec un traitement de fond et pour les crises probables !

L' hiver laisse place au printemps et la date de son entrée en maternelle. Pourtant il n' est pas propre. La directrice me dit qu'il y viendra comme les autres.
Le jour de sa rentrée arrive et je crois être plus angoissée que lui. Pourtant, il ne pleure pas. La raison est simple, il connaît l' école puisqu'il y vient tous les jours, et la présence de sa soeur de l'autre côté du couloir est très rassurante. Et puis c'est pour une dizaine de jours, les vacances de Pâques permettront de faire un bilan.
En attendant, dans son sac d' école il y a des changes en nombre !

Journal d'une patiente...impatiente.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant