Chapitre 4 : les réponses

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La relève, l'élu, ... Tout ça n'avait aucun sens. L'inconnu parlait comme si Ethan pouvait comprendre quelque chose, hors, c'était loin d'être le cas.

- Oh, excuse mon impolitesse, je ne me suis même pas présenté. John, John Minster, ton instructeur, pour vous servir, reprit-il tout en exécutant un mouliné avec son bras droit pour accompagner la fin de sa phrase.

- Mon... Quoi ? Ecoutez, je ne comprends rien à ce qu'il se passe, répondit Ethan.

- C'est tout à fait normal, nous sommes tous passé par là. Enfin, par « tous », je veux dire les élus, dit-il en souriant, comme si ça aurait pu être drôle. Mais assieds-toi, il est temps que je réponde aux nombreuses questions que tu dois surement te poser.

« Nombreuses » était un euphémisme vu l'état de confusion dans lequel se trouvait Ethan ; innombrable aurait été un mot plus juste. Impatient d'en savoir plus, Ethan s'assit sur la chaise de gauche et mit ses mains entre ses jambes pour les empêcher de trembler. Il avait certes envie d'en apprendre plus mais aussi peur de ce qu'on allait lui annoncer. Après tout, il était sous la terre, entouré d'inconnus et, si on voulait le retenir ici, il était piégé.

- Alors Ethan, par quoi veux-tu commencer ?

- Mais comment vous connaissez mon nom ? Je ne vous ai jamais vu ! répondit Ethan.

- Question facile ! répondit John en riant. Tu aurais pu t'en douter, nous avons retrouvé ta carte d'identité dans ton portefeuille, voilà tout.

Ethan se leva, sentant la colère monter en lui. Si ces personnes lui avaient volé son portefeuille, elles étaient sans nul doute doué de mauvaises intentions.

- Eh, vous n'avez pas le droit, ce sont mes affaires personnelles ! D'ailleurs, vous n'avez pas le droit non plus de me tenir enfermé ici ! Alors laissez-moi sortir, je m'en fou de vos histoires !

Ethan était terrifié mais tenta de paraître le plus persuasif possible.

- Allons, calme-toi mon grand ! Répondit John. Si ça peut te rassurer, nous ne te voulons aucun mal et tu peux sortir d'ici quand tu le souhaites. Cependant, tu risques de le regretter si tu pars maintenant. N'as-tu pas envie de savoir ce qui t'as poussé à venir jusqu'à nous ?

Ethan ne répondit pas. Il ne savait pas s'il pouvait lui faire confiance mais, trop curieux d'en savoir plus, il se rassit, et John reprit :

- Eh oui, c'est toi qui est venu ici, nous n'avons rien à voir avec ça. Et je sais également que tu cherchais depuis longtemps cet endroit, sans pour autant en connaître sa localisation précise.

Impossible. Ethan n'en avait jamais parlé à personne, jamais, pas même à ses propres parents. Alors comment un inconnu rencontré il y a à peine deux minutes pouvait-il en savoir autant ? Une seule solution était plausible : Ethan avait parlé pendant la période dont il ne se souvenait rien.

- Quand est-ce que je vous ai dit ça ? Je n'ai plus aucun souvenir à part être sorti de l'hôtel, à Genève, vers 2h. D'ailleurs, il est quelle heure ? Ça fait combien de temps que je suis ici ?!

Plus le temps passait, plus Ethan se posait de questions.

- De Genève tu dis ? répondit John, pensif. Uhm, tu as donc conduit plusieurs heures sans t'en rendre compte.

Il saisit un stylo et prit note sur une feuille avant de reprendre.

- Tu es arrivé ici vers 11h du matin, heure de Genève, si je calcule bien. Bien sûr, tu as dû faire un long chemin en voiture et à pied ; nous t'avons alors directement déposé dans ta chambre. Si tu m'as bien suivi, nous ne t'avons donc pas parlé. Ah oui, il est actuellement 19h13 pour toi.

Ces derniers mots rassurèrent quelques peu Ethan, il n'avait donc dormi que 8h et il ne s'était pas écoulé plusieurs jours, comme il le redoutait. Cependant, il était tout à fait possible que son interlocuteur ne dise pas la vérité, et un manque de cohérence poussa Ethan à demander :

- Si ce que vous dites est vrai, et que je n'ai pas parlé, comment pouvez-vous savoir que je cherchais cet endroit ? Enfin, je ne le cherchais pas vraiment mais... C'était bizarre et...

- Je sais, Ethan, l'interrompit John. Moi-même, il y a 40 ans, je suis passé par là. Tu es ce qu'on appelle un « élu ». Chaque année, cinq à six personnes dans le monde sont poussées à venir ici, et ce par une force encore aujourd'hui inexplicable scientifiquement. Cela commence le plus souvent vers 18 ans ; l'élu est alors irrésistiblement attiré jusqu'ici, et ce de plus en plus fort au fil du temps.

John s'interrompit, laissant le temps à Ethan de digérer ce qu'il venait de dire, puis reprit.

- Toi, tu as tenu jusque 20 ans avant de te laisser guider, ce qui est plutôt pas mal. Certains ne tiennent que quelques mois, d'autres beaucoup plus. Le record actuel est détenu par le bon vieux Jack, qui n'est arrivé ici qu'à 26 ans, tu le croiseras sûrement. Le pauvre, il était devenu complètement fou et obnubilé par cet endroit. Jamais je n'avais vu un tel apaisement quand il est arrivé ici, dit John en riant.

- C'est vrai, depuis que je suis ici, je me sens plus libre d'esprit, constata Ethan.

- C'est normal, puisque tu as atteint le but. Quelque chose en toi savait exactement où aller, et la seule solution qui s'offrait à toi était de te laisser totalement guider, en toute confiance, sans te poser de question. C'est d'ailleurs sûrement à Genève que tu fis le vide dans ton esprit, car c'est à partir de ce moment-là que tu ne te souviens plus de rien. Presque tous ceux que tu verras ici sont passés par là, Ethan.

Ainsi, son instinct ne s'était pas trompé, il était destiné à venir ici.

- Mais alors, où sommes-nous en Europe ? Demanda Ethan. Je n'ai pas pu rouler bien loin en une nuit.

- En fait, nous ne sommes plus en Europe, répondit John. Il y a 4 passages dans le monde permettant d'atteindre cet endroit : en Europe, Asie, Amérique et Afrique. Ils existent depuis la nuit des temps et ne sont pas d'origine humaine. Toi, tu es bien entendu arrivé par la porte Européenne, où un garde t'a repéré et t'a conduit ici-même, c'est-à-dire sous l'océan Atlantique.

Ethan bondit de sa chaise involontairement.

- C'est impossible ! Cria-t-il presque. Pas en si peu de temps ! Et une construction pareille ne peut pas exister sous l'océan !

John rit à sa remarque et lui répondit :

- A partir de la porte Européenne, nous t'avons ramené ici via un véhicule militaire d'une rapidité dont tu ne peux t'imaginer. Il n'y a pas de trafic sous l'océan et donc pas d'excès de vitesse, pouffa-t-il. Quant à nos bâtiments, ils ont été construits au fil du temps, pendant des centaines d'années, et rénovés au fur et à mesure. Mais je ne peux pas te raconter toute l'histoire, ce serait beaucoup trop long.

Ethan fronça les sourcils :

- Des centaines d'années ?! Par qui ? Et pourquoi ? Et comment ?!

- Ne t'inquiètes pas, répondit John, riant de plus belle. Je sais que cet endroit nous fait poser beaucoup de questions, mais ta curiosité sera assouvie au fil du temps.

Ethan haussa les épaules, il est vrai que répondre à toutes ses interrogations prendraient des heures . Cependant, il ne put s'empêcher de poser une dernière question :

- D'accord mais... Vous dites que les « élus » sont tous attirés vers cet endroit. Mais qu'est-ce qu'il y a de spécial ?

John sourit, comme si, depuis le début de cette entrevue, il n'attendait que ça.

- Ah ! Nous arrivons au plus intéressant. Maintenant que tu es relativement rassuré, il est temps de t'amener à ce pourquoi nous sommes tous ici : le portail. 

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Voilà un gros chapitre, j'espère qu'il vous plaît ! J'attends vos commentaires avec impatience :) 

Entremondes : l'éluOù les histoires vivent. Découvrez maintenant