Chapitre 13:

1K 110 1
                                    

   J'avais choisi,  très jeune,  de marcher dans la vie comme sur une corde raide.  Seulement,  maintenant,  je me dis qu'il faut que je songe à une reconversion,  pour devenir enfin une femme rangée,  même si j'ai l'esprit un peu dérangé  c'est possible.  Nombreuses sont les femmes qui étaient écervelées pendant un moment de leur vie et qui se sont métamorphisées en mères de famille exemplaires .

   J'étais persuadée que c'était possible jusqu'à ce que je rencontre une de mes vieilles amies Tata Marième Fall.  Elle a dix ans de plus que moi et je l'avais connue du temps où je vivais à la Médina.  Elle était ma voisine de chambre et nous avons sympathisé très rapidement.  Elle était tellement pauvre qu'elle n'avait même pas quoi ces payer un petit déjeuner. Pour moi non plus ça n'allait pas trop,  mais quand même,  je pouvais partager avec elle et cela nous a rapprochées.  Elle n'avait plus de relation avec sa famille,  parce qu'elle désapprouvait sa conduite. Ta Marième était venue d'un village près de Fatick et la vie en ville lui avait un peu tourné la tête. Elle avait quitte le milieu,  chassée par les plus jeunes et à cinquante ans, Elle avait eu la chance de croiser un avocat,  un monsieur,  la trentaine , de bonne famille,  dont le seul défaut était la fréquentation des bordels et surtout les femmes quinquagénaires.  C'est ce jeune avocat qui lui avait loué cette chambre à la Médina et qui venait souvent la voir et lui laissait des miettes avec lesquelles elle ne pouvait même pas survivre. Lorsqu'il en a eu assez,  l'avocat l'a abandonnée et elle a été obligée de déménager,  sous la menace des huissiers.  Elle avait complètement disparu et quelques années après,  je l'ai croisé à Tilène . Elle était très heureuse,  parce que mariée à un homme qui s'occupait bien d'elle.  Tata Marième à tenu à m'emmener dans sa maison à Pleine.  Et lorsqu'elle a su que je vivais toujours en location elle m'a proposé de venir vivre chez elle où il y avait une chambre inoccupée.  Et j'ai pu constater que c'était l'aisance et la prospérité. 
 
   C'était comme un paradis. Un paradis où il y avait cependant un homme qui semblait sortir de l'enfer.  Je ne peux m'expliquer mais l'époux de Tata Marième m'intriguait et j'avais un peu peur de lui.  Il avait des tics qui trahissaient sa nervosité.  Mon sixième sens me disait que ce type n'était pas net. Et puis,  il y avait des entrées et sortie suspectes.  Après un mois dans cette famille d'accueil peu ordinaire,  des policiers sont venus le chercher  avec des menottes et ce fut très impressionnant.  Le gars n'était pas un revendeur de drogue mais un magicien,  un soit disant multiplicateur de billets,  en complicité avec un grand djinn.  Le gars disait qu'il pouvait multiplier cent mille francs en cent millions et des pigeons se sont fait ainsi avoir.  Une fois,  cet homme en taule, Tata Marième et moi,  nous nous sommes retrouvées dans la rue,  chacune retournant de son côté dans la galère. 

  Moralité de l'histoire:

Moi, ce que les gens honnêtes  n'apprennent qu'à travers les pages faits-divers,  c'est en «live» que je le vis.   Et avec ça,  vous voulez que je sois en plus une femme normale.  Autant d'histoires,  ça rend forcément détraquée.

Chronique De Fatim: De La Traînée À La Sainte Où les histoires vivent. Découvrez maintenant