Violence conjugales

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Il s'agit pour une grande partie du témoignage, de la vision du témoin encore enfant à l'époque. Parce que les violences conjugales ne concernent pas que les conjoints. 

Merci au témoin d'avoir partagé son histoire.

"Si les parents divorcent ou, pire, se battent ce n'est jamais la faute des enfants."

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À quelle période les événements ont débuté ?

Je pense que ça a commencé un peu avant ma naissance, soit il y a un peu plus de vingt ans.

Quel était votre quotidien à ta famille et toi-même ?

Je ne sais pas vraiment, je n'étais pas en âge de comprendre mais je sais que ma mère a quitté plusieurs fois mon père et est retournée vivre chez ses parents avec moi dans les bras.

Était-il violent physiquement, mentalement ou les deux ?

Les deux, ça j'ai pu le voir vers l'âge de six ans où j'ai vu mon père hurler des injures contre ma mère, balancer des bouteilles de bières et la frapper. Par contre il ne nous, les enfants, a jamais touché.

Comment avez-vous réagi toi et le reste de ta famille ?

Quand ma mère a présenté mon père à ses parents, mon grand-père a failli sortir la carabine... Il avait un "léger" soucis avec les maghrébins... Ma mère a toujours tout fait pour nous protéger et l'a quitté plusieurs fois pour ça. Quant à moi, je ne pouvais pas vraiment réagir du haut de mes six ans, mais j'ai quand-même essayé de protéger mon frère en l'empêchant de regarder et en lui bouchant les oreilles. Je me souviens d'ailleurs encore de lui voulant tirer des fléchettes en plastique sur son père pendant qu'il hurlait... Il n'avait que quatre ans pourtant ...

Quelle relation entretenais-tu avec les autres membres de ma famille ?

Ma famille paternelle je ne l'ai jamais connue, par contre ma famille maternelle c'est mon cocon. Ça l'a toujours été. Une sorte de havre où j'étais pleinement heureuse.

La situation a-t-elle empirée avec le temps ?

Je pense que c'est allé crescendo jusqu'à ce qu'on arrive à l'épisode des bouteilles de bières et des fléchettes en plastique. Là ma mère a mis un stop définitif.

En as-tu parlé avec quelqu'un d'autre qu'un membre de ta famille, présent dans le conflit ?

Jamais, mais ma famille maternelle était au courant ou du moins s'en doutait.

Quelles répercussions cette situation a-t-elle eu sur toi et ta famille ?

À cause de ça j'ai développé un caractère très protecteur et altruiste. On peut me faire toutes les crasses du monde, mais traite de con mon frère ou une autre personne de ma famille et tu auras affaire à une lionne enragée. Ma mère, par contre, s'est beaucoup renfermée à tel point qu'il est rare de la voir réellement rire ou même sourire ... Mon frère est devenu comme moi même si c'est arrivé plus tard car il ne savait pas tout et je le lui ai appris il y a seulement quelques années. Il a pourtant gardé une trace dans son esprit sans le savoir et ça a eu des répercussions.

Comment tout s'est terminé ?

Après l'épisode des bouteilles et des bières ma mère a définitivement coupé les ponts avec lui. Mais ça n'est pas réellement terminé même presque vingt ans plus tard ... Il y a cinq ans, par exemple, j'ai commencé à recevoir des messages sur Facebook et mon blog émanant de lui pour me jurer qu'il m'aimait, que j'étais sa fille unique et préférée etc... J'ai aussi eu droit à des menaces parce qu'il avait appris, sûrement via mon mur, que je sortais avec des garçons, et mon frère aussi en a reçu. Il est même allé jusqu'à appeler mon lycée ...

En veux-tu encore à ton père ?

Je lui en veux à tel point en fait que je pourrai sans doute étrangler cet homme de mes mains ...

Ta famille et toi-même, avez-vous réussi à vous reconstruire ?

Pas vraiment. J'ai quitté ma région pour mettre un maximum de distance entre ces souvenirs et moi, mais c'est toujours quelque part dans la tête et ça ne demande qu'à sortir ... Ma mère a eu de nouvelles relations tout aussi toxiques, et mon frère s'en est plus ou moins remis mais ils en garderont les stigmates à vie.

Cette situation a-t-elle encore aujourd'hui des répercussions sur ta vie et/ou celle d'un ou plusieurs membres de ta famille ?

Oui. Aujourd'hui j'ai un compte Facebook mais sous un pseudonyme, idem pour les sites de covoiturage. Mon frère a opté pour la même "défense". Et pour les infos qui étaient déjà sur le net j'ai "noyé le poisson" sous un tas de choses futiles du genre "aujourd'hui j'ai mangé une pomme". On a essayé d'effacer au maximum les traces qu'on avait laissé sur la toile.

Ton père continue-t-il encore aujourd'hui son harcèlement envers vous ? A-t-il tenté de vous rencontrer physiquement ?

Oui, il m'arrive encore de recevoir des messages sur Facebook. Mais je ne réponds jamais quand je comprends que c'est lui (il passe son temps à créer des comptes) et je signale les comptes. Il y a quelques mois il en a même envoyé un à toute ma liste d'amis ! Alors quand j'ai été prévenue par une de mes amies, j'ai averti tous les autres. Depuis je n'ai plus eu de soucis, mais ça recommencera forcément ...

Pas depuis le lycée je pense, même si à cette époque il était dans un autre pays, continent même. D'ailleurs il a refait sa vie avec femme et enfants ... Mais ça ne me surprendrait pas qu'il soit revenu quelques fois en France juste pour ça. Il faut dire que ma famille n'est pas difficile à trouver ^^

Un dernier mot pour la fin ?

Si les parents divorcent ou, pire, se battent ce n'est jamais la faute des enfants. Si un ami ou votre femme vous frappe : partez. Si vous êtes au courant d'une situation comme ça, essayez d'aider les victimes en leur parlant, en les emmenant dans des associations etc... Faites attention aux signes. Ça peut être une personne qui refuse de se découvrir les jambes ou les bras. Alors qu'en été par exemple, elle avait l'habitude de se mettre en short et t-shirt. Il faut savoir que les personnes qui frappent leurs conjoints ont tendance à frapper des zones du corps facilement dissimulable. Le silence tue aussi bien que des coups.

J'aimerai aussi vous conseillez "Rose Madder" de Stefen King, qui traite du sujet et qui a aidé ma mère et une amie à "prendre conscience".

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Numéros et liens utiles :

France : SOS Femme Violence Conjugale : 3919 - SOS Violences Familiales : 01 44 73 01 27 - SOS Familles en Péril : 01 42 46 66 77 

Belgique : Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales : 02 539 27 44 - Ecoute Violences Conjugales : 0800 30 030 

Suisse : VIOLENCE QUE FAIRE ? : www.violencequefaire.ch - SOLIDARITÉ FEMMES : 022 797 10 10/ www.solidaritefemmes-ge.org 

Canada/Quebec :  SOS Violences Conjugales : 1 800 363 9010/www.sosviolenceconjugale.ca 



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⏰ Dernière mise à jour : Oct 02, 2017 ⏰

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