Chapter 13

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Dans les films, quand une fille est emportée dans les bras d'un type qui n'est probablement pas humain, elle a peut-être un peu le vent dans la figure au début, mais elle s'habitue vite et elle finit par profiter du paysage. Pas moi. Ça n'a rien à voir avec une balade en moto, ni même une course à cheval. C'est plutôt comme des montagnes russes, ça secoue, ça monte, ça descend, ça tourne, ça s'arrête et ça repart... Et s'il y a un truc que tout ceux qui me connaissent savent, c'est que les manèges et moi ça fait deux.

Quand on était petite, Katia et moi on est partie en voyage scolaire au Futuroscope avec le reste de la classe. Les attractions là-bas sont quand même pas super violentes niveau émotions fortes hein ? Pourtant j'ai passé deux jours d'enfer à avoir la nausée en permanence. Au moment de la photo souvenir, j'étais à deux doigts de rendre mon déjeuner sur les chaussures de mes petits camarades et ça se voit.

Alors autant dire que ballottée dans tous les sens avec les bras de mon kidnappeur en guise de sangles de sécurité, je n'en mène pas large. Je tente de me débattre à nouveau, en vain. Alban baisse la tête vers moi et lève un sourcil interrogateur. Comme s'il ne comprenait pas pourquoi ! Je combats la nausée assez longtemps pour réussir à lui crier :

"Laisse-moi descendre !

- Bientôt."

Il ne ralentit pas. Au contraire, il accélère. Je ferme les yeux, un cri au bord des lèvres. Je serre mon bracelet si fort que sa forme est s'imprime dans la peau de mes doigts.

Et puis le sol est à nouveau sous mes pieds. Alban me relâche, mais mes jambes tremblent violemment et il me ratrappe avant qu'elles ne cèdent sous mon poids. Je m'autorise à m'appuyer sur lui le temps que la terre arrête de tanguer. Franchement, je ne comprends pas cette partie de moi qui tend vers lui en permanence, malgré la peur qu'il m'inspire.

Un peu plus stable, je me redresse et je le repousse. Il n'essaie pas de me retenir cette fois. Je n'ai aucune idée de là où je me trouve. Nous sommes au milieu d'arbres, oui, mais la forêt la plus proche est à au minimum une heure à pieds du lycée. Je n'entends rien d'autre que les bruits de la nature, les oiseaux et le vent. Pas un seul moteur de voiture, pas la moindre radio pour m'indiquer la présence de la civilisation. Je pourrais sortir mon téléphone, mais avec Alban juste à côté... Je n'ose pas.

"Je suis vraiment désolé. J'aurais préféré que ça se passe autrement, mais j'ai besoin de te parler et je ne peux pas attendre indéfiniment qu'une occasion se présente. Il y a trop de choses en jeu.

- C'est pour mon bien, oui, j'ai compris l'idée générale."

Mon ton est plus sarcastique que je n'en avais l'intention. Mais au lieu de se mettre en colère comme je m'y attendais, Alban sourit, un vrai sourire, et il se détend un peu.

"Crois moi ou pas, mais c'est la vérité."

Il reprend un air sérieux, l'affection dans ses yeux couleur de lune laissant place à quelque chose de plus sombre.

"Écoute, avant toute chose... Qui est cet "autre type" que Katia a mentionné ?"

Il fait un pas en avant et malgré moi, j'en fais un en arrière. C'est humiliant, de se sentir toujours si vulnérable face à lui, mais je ne suis pas Katia. Je n'ai pas sa confiance en elle, ni ses ceintures d'art martiaux pour me rassurer face au danger. Si je n'étais pas aussi sûre qu'il pourrait me ratrapper sans le moindre effort, je serais déjà en train de m'enfuir à toutes jambes.

"Je... Je n'ai rien à te dire.

- Ambre, tu ne comprends pas ce qui est en jeu et..."

Il fait encore un pas en avant, un sourire indulgent sur les lèvres. Condescendant. Comme si j'étais une enfant. Cette fois je ne recule pas. J'avais peur, maintenant je suis furieuse. J'ai toujours peur dans le fond, je ne pense pas que qui que ce soit de sain d'esprit pourrait ne pas être un minimum inquiet dans ma situation... Mais la colère a pris le dessus, chassant ma timidité au passage. Je serre les poings.

l'Étreinte des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant