Chapitre 1

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Je faisais glisser mon doigt sur la buée de la vitre pour suivre le trajet des gouttes de pluie.
C'était en novembre, avant les grandes vacances dont nous allions profiter. Mais avant, il fallait encore supporter trois semaines de cours.
Ma mère nous conduisait vers le complexe scolaire de Gipsum Valley, un endroit si américanisé qu'il faisait peine à voir, surtout aux abords de l'une des villes les plus fameuses de France.
Ma sœur jouait avec ses cheveux à l'arrière, et moi, j'avais la tête posée sur la vitre de la voiture, me préparant mentalement pour une évaluation en mathématiques avec coefficient 6 sur un chapitre que je ne connaissais que de nom.
Ma mère tourna la tête vers moi et expira presque de manière agacée :

"Donc, comment comptes tu nommer ta chienne, Charlie ?"

Je tournai la tête et articulai posément, guettant la réaction de ma soeur :

"Je ne sais pas, peut-être Vanessa, c'est bien Vanessa.

- T'es pas sérieuse ?! Moi je pense que Miracle c'est un bon nom, non ?"proposa Diane, un sourire angélique collé sur sa tête de diablesse.

Je tournai la tête vers la banquette arrière et regardai ma sœur.

"De mon vivant, jamais, jamais ! un animal ne s'appellera Miracle et logera sous notre toit.

- Et moi, de mon vivant, jamais, jamais un animal ne s'appellera Vanessa et logera sous notre toit."

Ma sœur avait un sens de la répartie assez pacificateur et égalitaire, mais là elle dépassait tous les records.

Je croisai les bras sur ma poitrine et regardai par la fenêtre le lycée qui se rapprochait.

"De toute façon je lui ai trouvé un très beau nom.

-Ah bon ? C'est quoi ??"demanda Diane.

J'ouvris la portière avant même que la voiture ne soit garée et m'exclamai :

"La suite au prochain épisode !"

Je descendis en leur lançant un baiser de la main et refermai la portière.
En marchant vers le portail du lycée, je pensai plus sérieusement au sujet : comment allai-je nommer le chiot ?
Cela resterait une bonne réponse. Mais j'avais ma petite idée.

Mes amis m'accueillirent et nous nous rendîmes devant les salles de cours. Je remarquai que Nahéma, l'amie d'une amie, avait un bleu sur la pommette, dissimulée sous une couche de maquillage.
Je posai mon sac devant la salle de classe et lui demandai de venir vers moi.
Elle me regarda tristement et s'approcha.
Je commençai à parler :

"Ném, comment tu t'es fait ce bleu ?"

Elle pinça les lèvres et regarda autour d'elle avant de se tourner vers moi.

"Charlie..."

Elle explosa en sanglots et j'ouvris mes bras pour qu'elle s'y réfugie, ce qu'elle fit en emmenant une bouffée de son parfum exubérant.
Je n'aimais pas vraiment Ném pour son côté artificiel, mais je ne l'avais jamais vu pleurer, alors cela devait être grave.

"Nahéma, tu vas me dire ce qu'il s'est passé, OK ?"

Bertrand et Elena, les meilleurs amis de Ném restés auprès de la classe nous regardèrent, inquiets,  et commencèrent à s'approcher, mais je hochai la tête pour leur en dissuader.
Puis j'écartai la blonde de moi et lui demandai de me suivre derrière une haie.

"Alors, raconte tout. Pourquoi ce bleu, pourquoi tu es si triste ? demandai je en essayant de croiser son regard argenté.

- En ce moment j'ai l'impression que rien ne va. Mon père s'en va, ma mère est en dépression parce que ma grande sœur est enceinte et qu'elle ne veut pas avorter, et mon grand frère a raté son concours pour commencer son doctorat."

Charlie FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant