Chapitre 4

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Mon téléphone bippa dans ma poche dès la sonnerie qui annonçait la fin des cours, couverte par le bruit de la pluie.
De Nahéma 📓✏️👠 /
Pourquoi tu l'as dit à Serge !? Charlie j'aurais jamais dû te le dire mes parents m'envoient quelques jours chez un psy et le lycée renvoie Garry ! Je pensais que je pouvais te faire confiance ..

Mon cœur cessa de battre pendant une fraction de secondes. Je m'en voulais.
Ah, moi, et cette stupide envie de répandre la vérité et la justice autour de moi.
Mais Ném avait été violée.
C'était grave.
Mais..
Je ne pouvais plus rien faire.
D'un autre côté, je relativisais : si je n'avais pas dénoncé Garry, il aurait recommencé. Je soupirai.

Je me rendis sur le parking pour attendre ma mère, et dès qu'elle apparut au volant de sa voiture, le nœud qui coinçait ma gorge s'évapora.
Je me mis à la place du mort en cadence avec les essuies-glaces et lançai :

"Hello ! Ça va ?"

J'entendis aussitôt ma sœur éclater de rire à l'arrière - ma mère récupérait Diana une demi-heure avant la fin de mes cours.

"Charlie, ton chiot il est trop !"

Je me retournai pour observer ma bestiole lécher le bout du nez de Diana.
Ma mère expliqua :

"J'ai emmené Fifille le temps de vous récupérer !

- Attends... Mais d'où tu l'as appelé Fifille toi ??! répliquai-je.

-Ah bah tu sais même pas comment l'appeler alors je l'ai fait à ta place !"

Je soufflai et tendis un bras vers l'arrière pour récupérer la bébête qui crapahutait sur les genoux de ma sœur et la poser sur les miens.

"Tu peux simplement pas l'appeler Fifille, maman. Regarde ce regard plein d'intelligence."

Joignant le geste à la parole je dressai mon doigt devant le museau du chiot et celui ci me fixa, avec très, très peu de dextérité.

"Bon l'intelligence c'est pas vraiment ça.. Mais on peut constater que c'est un vrai chien de chasse, ce truc ! Une vraie bête de concours ! Son nom ça sera :"Cerbère"."

Ma sœur gémit et râla pour le reste du trajet.
En attendant, Cerbère remuait dans tous les sens sur mes genoux, puis léchait ma main et mordillait mon index.
Finalement, je l'aimais bien.

Arrivées chez moi, on sortit de la voiture et ma mère me demanda :

"Charlie, garde Diana le temps que j'aille chercher ton père au supermarché."

Parce que oui, mon père travaillait comme parfumeur dans un immense centre commercial que ma mère abrégeait par "supermarché".
Elle repartir donc avec la vieille Renault bleue et j'appelai Cerbère afin qu'elle nous rejoigne dans la maison.
Quelques minutes plus tard, nous étions dans la cuisine, moi en train de faire un compte-rendu de physiques sur le bar, et ma sœur les écouteurs enfoncés dans les oreilles, penchée sur sa tablette qui chargeait grâce à la prise qui servait généralement pour la machine à café.

"Diana, tu as quoi à faire pour demain ?

-Rien, j'ai tout fait la semaine dernière, je te rappelle.

- Mais les profs t'ont pas donné autre chose à faire ?"

Soudain, un bruit sec et sourd retentit dans la pièce.
Quelques secondes après, d'autres coups vinrent.
Quelqu'un essayait de forcer la porte de la maison.

Diana me fit les gros yeux et se précipita dans le salon pour regarder ce qu'il se passait, suivie de Cerbère, qui galopait avec ses pattes courtes et qui jappait comme une hyène.

"Charlie !! Y'a des gens !!"

Sans blague. Par réflexe je pris un couteau dans le bloc à couteaux et vérifiai la présence de mon téléphone dans ma poche avant de rejoindre ma sœur. Dehors, derrière la porte, je voyais quatre ados que je connaissais bien : les escortboys de Garry.

"Charlie ! T'as fait rejeter Garry du lycée ! Ouvre qu'on aie une petite discussion !"

Ma sœur hurla et je serrai les dents. A l'extérieur, à cause du cri de ma sœur, les zozos éclatèrent de rire.

"Allez, quoi, ouvre !"

J'étais horrifiée, mon cœur battait à deux cents à l'heure. Par la vitre de la porte, ils croisaient mon regard et riaient de plus belles. La poignée de la porte s'ébranlait.
Avant cela, je pensais que personne n'était capable d'une telle stupidité. Venir chez moi, pour me menacer ! De plus, mon voisin était vétéran, et j'entendis sa voix suivie d'un coup de feu qui faillit faire rompre les battements de mon cœur :

"Nan mais oh ! Dégagez d'ici, bande de ptits pisseux !"

Les amis de Garry détalèrent comme des lapins.
Aussitôt, je vis mon voisin derrière la porte. Il avait une moustache blanche et un crâne dégarni, mais une carrure large et imposante ainsi que des traits endurcis par les rides. Il portait son fusil de chasse dans la main et une expression anxieuse sur le visage.

"Ça va, Charlie ?! Diana ?!"

Je lui ouvris et ma sœur courut se jeter dans ses bras pour fondre en sanglots.
Mais moi, je ne pouvais plus bouger.

Je compris que dans ce monde il y avait deux vérités : celle que les gens veulent et celles que les gens voient.
Visiblement, ma vérité ne correspondait qu'à moi.
Si on venait jusqu'à chez moi pour me menacer, c'est que parfois la vérité est dangereuse, et que tout le monde voyait la même chose mais était juste conscient du danger qu'elle représentait.

Charlie FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant