Prologue (partie 1)

99 9 7
                                    

          Le grincement de la porte se répercuta à travers tous les buildings de Manhattan. L'opacité de la fin du jour plongeait la ville dans une atmosphère plombante. Le bruit, d'ordinaire omniprésent, avait laissé place à une quiétude malsaine. Les véhicules en activité se faisaient rares sur la chaussée et les piétons avaient disparu. Quand les échos provoqués par l'issue de secours cessèrent, un homme se précipita vers son unique espoir.

          Derrière lui, la porte qu'il avait empruntée s'ouvrit à la volée. L'homme fit volte-face et laissant échapper un cri de surprise. Il s'accorda une fraction de seconde pour essayer de distinguer quelque chose dans la pénombre, sans succès. Il se remit à courir et parvint enfin à atteindre sa destination. Son 4x4 noir était garé près de l'entrée éclairée par un long néon.

          Lorsque celui-ci s'éteignit subitement, l'homme lâcha ses clefs de voiture qui heurtèrent le sol avec un fracas assourdissant. Il se laissa choir avec la ferme intention de les retrouver en un temps record. Ses mains tremblaient comme s'il avait la mort aux trousses.

— Allez !... Putain !... grogna l'homme en sentant la terreur l'envahir.

          Ses doigts s'emparèrent enfin de son unique chance de survie au moment où quelqu'un cria son nom dans les ténèbres :

— Larry !? Je sais que t'es là... quelque part...

         A en juger la portée de sa voix, son interlocuteur devait se trouver à au moins vingt mètres de lui. Le parking était tellement plongé dans l'obscurité qu'il était difficile de discerner le contour de ses mains en face de ses yeux. Larry craignait qu'en ouvrant sa voiture, les phares et le son ne trahissent sa position. Cependant, il ne pouvait se permettre de rester ici et risquer sa peau. Il déverrouilla les portières de son 4x4 à l'aide de sa télécommande et se précipita à l'intérieur. Le moteur gronda plusieurs fois et les pneus crissèrent sur le sol dallé.

         Larry rassembla tout son courage pour sortir du parking sans encombre. Malgré l'éclairage de ses feux de route, il ne trouva pas son poursuivant.

         Son véhicule se retrouva enfin sur le trajet coutumier qu'il arpentait chaque jour pour rentrer chez lui. Mais cette fois, Larry savait qu'il devait se contenter de rassembler ses affaires et de partir le plus loin possible... Il n'avait pas de famille à embrasser une dernière fois, pas d'amis qu'il allait décevoir... Sa vie était synonyme de « solitude » et ça lui allait très bien comme ça.

— Je pourrais peut-être prendre un peu de repos à Bali, songea à haute voix le conducteur en pensant à la chaleur accablante du soleil indonésien sur les plages paradisiaques de l'île.

            Prendre du recul sur son quotidien lui ferait du bien mais il regrettait déjà de s'éloigner de l'immense projet sur lequel il avait travaillé d'arrache-pied pendant un an. Il était censé changer le monde... créer une immense communauté d'intérêts à travers la planète... peut-être même changer les mentalités des individus, allant jusqu'à privilégier l'entraide au détriment de l'individualisme...

              Une larme coula le long de sa joue et s'écrasa sur son poignet qui tenait le volant. Larry se trouvait ridicule mais savait que tout ceci ne serait pas vain. En fuyant, il sauvait des millions de personnes dans l'ombre. Un sourire se dessinait finalement sur ses lèvres et s'il devenait un héros reconnu mondialement ? Et s'il devenait « Larry Boscova » : le héros geek ? Cette simple pensée lui redonna un peu de courage et de sérénité.

             Larry haussa les épaules en expirant bruyamment pour se détendre. C'est à ce moment-là que quelque chose heurta brusquement le flanc gauche de sa voiture. L'impact fut si brutal que son véhicule se retourna quasi-instantanément pour glisser hors de la chaussée. La tête de l'homme se cogna violemment contre la vitre et il faillit perdre connaissance. Ses yeux clignèrent plusieurs fois et il mit du temps à comprendre qu'il était à présent à l'envers. Sa vision floutée lui vrillait le crâne. Il posa ses mains sur le toit et se coupa contre les nombreuses particules de vitres qui avaient explosées sous la puissance de l'impact.

            Les battements du cœur de la victime accélérèrent à nouveau lorsqu'il vit la voiture de son agresseur garée près de la sienne. La portière du conducteur s'ouvrit lentement et Larry put distinguer ses chaussures de costume lorsque ce dernier descendit du véhicule. Il s'approcha sans précipitation et s'accroupit face à lui. Larry put enfin distinguer les traits hargneux de son visage carré dissimulé derrière de larges lunettes de soleil. 



    (Amis Wattpadiens, la seconde partie du prologue est déjà disponible !)

InteractWorld [sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant