Hate me Harder

Chapitre 6: Partie 1

- Espèce de malade ! Vous ne pouvez pas regarder où vous allez !? s'écria-t-elle en secouant son portable pour tenter de le débarrasser du café qui lui avait coulé dessus.

- Je suis désolé mais c'est vous qui m'avez foncé dessus parce que vous étiez trop occupée à fixer votre téléphone, rétorqua le criminel en essuyant la manche tâchée de son pull.

Kimi s'apprêtait à lui envoyer une réplique bien sentie lorsqu'il fit quelque chose qui la troubla au plus haut point. Il lui saisit le poignet et l'examina avec attention puis fit la même chose avec l'autre bras. Elle était si choquée qu'il ose la toucher, qu'il ose lui parler de cette manière et qu'il se comporte de manière aussi odieuse avec elle, qu'elle n'osa pas bouger. Ne savait-il pas à qui il avait à faire ? Elle allait le réduire en cendres, elle avait le pouvoir et les moyens de s'occuper de son cas.

- C'est un peu irrité mais avec un peu d'eau froide il ne devrait pas y avoir trop de dégâts, déclara-t-il en lui rendant ses mains.

Kimi bouillait de rage. Elle était déjà bien énervée avant que ce tocard n'arrive, mais là, avec en plus la douleur qui s'étendait sur ses bras, c'était la cerise sur le gâteau. Il faisait comme si de rien n'était, comme si ce qu'il venait de faire n'était pas grave et pire, il faisait comme si ce qu'il venait de se passer était de sa faute à elle ! Elle avait envie de le gifler. Elle ouvrit la bouche mais une fois encore, il la prit au dépourvu en l'attrapant par le bras et en la conduisant près du bar où il demanda un verre avec des glaçons. Kimi s'arracha à son étreinte et recula d'un pas.

- Qu'est-ce que vous faites ? s'enquit-elle sur un ton menaçant.

- Je vous évite une mauvaise brûlure. Pas la peine de me remercier, railla-t-il en attrapant son poignet contre son gré.

- Vous remerciez ? Vous vous foutez de moi...

Il prit un glaçon et le fit doucement glisser sur la peau irritée de Kimi. Elle ravala l'insulte qu'elle avait sur le bout de la langue et serra les dents pour ne pas montrer que cela lui était désagréable. Elle eut un mouvement de recul au moment où il passa le glaçon dans le creux de son poignet, sur une zone un peu plus brûlée que les autres mais il la retint.

- C'est douloureux ? demanda-t-il en relevant les yeux.

Kimi croisa son regard et une chose des plus étranges se produisit. Un petit looping se forma au creux de son ventre et sa fureur se transforma en simple agacement. Elle prit quelques secondes pour le dévisager, secondes durant lesquelles elle eut le temps de remarquer l'inquiétude qui brillait au fond de ses yeux noisette parsemé de pigments plus foncés tels des étoiles au caramel peuplant une galaxie profonde de chocolat. Pour la première fois de sa vie, elle fut intimidée. Elle baissa les yeux sur sa main qu'il tenait dans la sienne, un peu chamboulée.

- Non, répondit-elle, refusant de mettre sa fierté de côté.

Du coin de l'œil, elle vit qu'il esquissait un sourire amusé, ce qui fit apparaître une petite fossette sur sa joue droite. Elle garda son regard fixé une fraction de seconde sur ses lèvres pleines avant de détourner les yeux. Souriant toujours, il prit son autre main et appliqua le glaçon sur les zones légèrement brulées. Elle s'empêcha de grimacer, restant simplement plantée là, impassible et refusant de le regarder.

Il la trouvait particulièrement amusante à se montrer aussi têtue. Il voyait aux traits de son visage que ce n'était pas agréable pour elle et pourtant, elle ne disait rien. Pas la peine d'être un génie pour voir que cette femme avait un sacré caractère. Elle avait un petit côté altier, du genre princesse capricieuse qui l'intriguait. Fière, froide et enragée, elle était charmante. Il poursuivit ses gestes, espérant qu'elle n'aurait pas de marques. D'accord, c'était elle qui lui était rentrée dedans mais c'était son café qui l'avait brulée et il s'en serait voulu de laisser des traces sur une peau aussi jolie que la sienne. Le glaçon fondit entièrement et il s'essuya les mains sur une serviette en papier. L'inconnue récupéra ses mains à la hâte, grommela un « merci » à peine audible et s'enfuit sans un regard en arrière. Il était satisfait : il avait quand même obtenu son merci.

Il compta jusqu'à trois dans sa tête. Au bout du chiffre trois, la porte du café se rouvrit brutalement pour laisser place à la jeune femme. Elle le fusilla du regard, alors qu'il n'avait rien fait cette fois-ci et arriva sur lui telle une tornade. Elle récupéra le téléphone qu'elle avait oublié sur le comptoir puis repartit à nouveau. Il aurait pu lui dire mais elle avait eu l'air si énervée qu'il n'avait pas voulu la contrarier encore plus. Et puis, ça avait été marrant de la voir revenir telle une furie donc ne regrettait rien.

Kimi était d'une humeur massacrante. D'abord Sephora qui lui faisait passer un stupide interrogatoire, ensuite ce foutu Adrian qui lui posait un lapin et maintenant ce taré qui la brûlait au cinquantième degré avec son café dégoutant ! Ce n'était pas son jour ! Et il s'était permit de lui prendre les mains et de la regarder avec condescendance et, et elle, elle s'était ridiculisée en oubliant son portable. Elle le détestait. Pire, elle le haïssait.

Elle héla un taxi et s'engouffra dedans avant même que la voiture ne se soit entièrement arrêtée. Elle prit une profonde inspiration pour se calmer, ne souhaitant pas se montrer désagréable avec le chauffeur et donna son adresse à celui-ci d'un ton glacial mais poli. Son t-shirt blanc était foutu, quant à sa veste jaune, il était peu probable qu'elle soit récupérable. Elle tenterait de l'amener au pressing mais l'espoir n'était pas au rendez-vous. Comme cet abruti d'Adrian d'ailleurs !

En arrivant chez elle, son humeur ne s'améliora pas. Sephora, Isaac et Roméo profitaient de la piscine, riant avec un homme qu'elle ne connaissait pas. Brun à la carrure athlétique, elle était prête à parier qu'il s'agissait d'Adrian. Il valait mieux que ça soit lui parce que si c'était un nouveau prétendant, il n'avait pas être déçue du voyage !

Roméo écarquilla les yeux en voyant sa sœur arriver. Ses yeux verts lançaient des éclairs, et ses vêtements paraissaient abimés. Sachant à quel point elle affectionnait ses habits, Roméo se dit qu'elle devait être assez énervée. Il se pencha vers Sephora et chuchota à son oreille.

- Je vous avais dit qu'elle serait furieuse...

Les trois autres tournèrent la tête en même temps. Ils eurent tous juste le temps d'apercevoir le visage courroucé de Kimi avant qu'elle ne se plante devant eux, les mains sur les hanches.

- Kimi, tu es là ! Je te présente Adrian, tenta Sephora avec un grand sourire, espérant que ça passerait.

Elle récolta un regard mortel. Kimi croisa les bras sur sa poitrine, préférant rester muette pour éviter de se mettre à hurler. Elle espérait fortement que Sephora lui faisait une blague. Quoique, avec toutes leurs blagues chiantes, elle commençait à en avoir par-dessus la tête. Dans son coin, Adrian faisait de son mieux pour passer inaperçu. Avec un peu de chance, il se ferait oublier.

- Il y a eu un malentendu, il a cru qu'il devait venir te récupérer ici et ensuite t'emmener au café. N'est-ce pas galant de sa part ? poursuivit Sephora, les doigts croisés.

Isaac et Roméo ne se fatiguaient pas à essayer. Ils savaient d'expérience que lorsque Kimi était dans cet état-là, mieux valait s'aplatir et se confondre en excuses. Sephora était également censée savoir ça, sauf que son caractère à elle était de tout prendre à la légère et de régler tous les problèmes par l'humour. Parfois, c'était utile et elle détendait l'atmosphère comme personne. Elle parvenait toujours à dédramatiser les pires situations. D'autres fois, c'était juste peine perdue. Comme aujourd'hui. Voyant qu'elle n'arriverait pas à dérider sa meilleure amie, Sephy abandonna la partie.

- Je suis désolé, intervint Adrian avec un petit accent. Que puis-je faire pour me rattraper ?

Kimi prit sur elle pour ne pas l'envoyer bouler. Elle n'avait aucune envie de passer du temps avec lui, ni de lui parler. Elle pouvait être d'une bonté sans limites, adorable, gentille, douce et marrante mais quand elle était en colère, elle était excessive, bornée et terriblement têtue. Elle darda ses yeux verts sur le garçon et, ne prêtant aucune attention à son air contrit, elle répliqua.

- Rien pour l'instant. Tente ce que tu veux, tu verras bien si ça marche !

Elle tourna les talons et les planta tous là. Une fois dans sa chambre, elle retira ses vêtements. Elle jeta son t-shirt à la poubelle et mit sa veste de côté pour l'emmener au pressing à l'occasion, où alors, elle laisserait un mot à Clothilde pour qu'elle le fasse à sa place. Elle se changea, enfilant un jean et un sweat à l'arrache puis jeta un coup d'œil à ses brûlures. Ça la picotait un peu, rien de plus. Elle n'aurait plus rien d'ici quelques jours, il y avait eu plus de peur que de mal. Ou dans son cas, plus de colère que de mal.