eLle T2 : La Sérénade Du Serpent (terminé)

12 Août 2017, 11:38

Eyia et moi discutons dans la cuisine pendant que je prépare la salade pour ce midi et la conversation tourne quasiment autour d'un seul sujet : le nouvel arrivant. Ce dernier ne devrait d'ailleurs plus tarder à arriver, Oyau est parti le chercher à l'aéroport d'Édimbourg ce matin. Et je dois avouer être curieuse de rencontrer le fameux Rigel. D'autant plus après avoir discuté de lui avec Eyia qui semble vraiment très enthousiaste, le jeune homme semble déjà lui plaire, même si elle ne se prononce sur rien, préférant me laisser le découvrir seule et n'étant de toute manière pas sûre de ces visions. Mais ça ne nous empêche pas de nous interroger à partir des éléments qu'Oyau nous à confier. Eyia s'interroge d'ailleurs tout particulièrement sur la relation entre les deux garçons, se posant tout de même des questions sur les motivations profondes de son frère en invitant un quasi-inconnu à emménager chez lui. Après tout, ils ne se sont jamais vus en vrai. Ce qu'il y a de rassurant, c'est que si Rigel est un dangereux psychopathe, il n'a pas tout de suite tenté d'assassiner Oyau puisque ces derniers sont bien partis de l'aéroport et qu'Eyia a reçu un message de son frère. Et de toute manière, ce serait plutôt improbable de tomber sur un psychopathe avec la triple surveillance des Pirie.

Quand la porte d'entrée de chez Oyau s'ouvre, nous entendons tout de suite les deux garçons rentrer; mais nous ne nous précipitons pas sur le nouveau. Nous nous sommes tous mis d'accord pour ne pas directement l'agresser et le laisser et moins poser ses bagages avant de faire les présentations complètes de la tribu (ou de la meute au choix), après tout, avec les trois autres Pirie, Pandora, Nolan et moi, nous sommes tout de même six. Et Rigel vient tout de même d'Indonésie, ça doit faire près de vingt-quatre heures qu'il est parti et il doit être un peu épuisé en plus du changement horaire important. Nous attendons donc encore un peu, jusqu'à entendre Oyau lui dire qu'il allait le présenter aux autres. Comme dans ces maisons, c'est clairement communicant, lorsqu'Eyia et moi sortons par la véranda pour rejoindre la terrasse, les quatre derniers habitants sont déjà en train de faire de même. De sorte que nous arrivons au niveau de la terrasse presque tous en même temps.

Rigel est comme sur les photos que nous a montrées Oyau, le teint hâlé, les yeux verts et les cheveux mi-longs. Mais je suis tout de même surprise en le voyant, il fait plus jeune que je ne l'aurai cru. Si j'en juge à son physique, il semble même plus jeune de moi, étant beaucoup plus gringalet que mon frère et ses amis. Mais ça ne doit être qu'une impression, après tout, chaque personne grandit différemment. En tout cas, une chose est sûre, il a l'air gentil, souriant pudiquement à notre arrivée, mais ayant aussi beaucoup de bienveillance dans le regard.

Nous faisons alors les présentations et Rigel semble en déperditions face à la prononciation de nous prénom, plus particulière avec les prénoms Pirie, répétant leur prénom avec difficulté. Il a d'ailleurs un visage étonnamment expressif. Il a également l'air plutôt dépiter face aux accents de Pandora et Nolan, ayant un peu de mal à les comprendre. Pourtant, il parle très bien anglais, même s'il s'excuse à plusieurs reprises de faire des erreurs. Apparemment, c'est sa langue maternelle, l'ayant après grâce à sa mère qui est écossaise, ce qui lui permet d'être à l'aise en anglais, même si ça se voit qu'il n'a pas l'habitude de parler en permanence en anglais, ou que plus simplement il est fatigué.

Et alors que les présentations sont terminées et que nous allions passer à table, nous entendons des oiseaux piaillés. Mais à l'intérieur.

— Désolé, s'excuse Rigel. Mes perroquets commencent à s'impatienter, ils n'ont pas l'habitude d'être enfermés si longtemps...

Oyau nous en avait également parlé, mais ça ne nous a pas empêchés d'être surpris, c'est typiquement le genre de bruit dont nous n'avons pas l'habitude ici. Mais nous nous habituerons sûrement vite.

— S'ils ne risquent pas de faire de dégâts, tu peux leur ouvrir, propose Oyau. Après tout, ils doivent avoir besoin de se dégourdir les...

— Ailes ? propose Eyia en sentant son frère hésiter sur le terme approprié.

— Vous seriez d'accord ? s'exclame-t-il heureux. Je vous promets qu'ils ne feront aucun dégât. Vous n'avez bien pas de chat ici ? vérifie-t-il tout de même inquiet.

Nous confirmons l'information et il part donc chercher ses oiseaux, ravi. Puis il revient, une ou deux minutes plus tard avec un perroquet sur chaque épaule, un rose et un blanc, avec tous les deux une petite houppette sur la tête. Les deux semblent inquiets, regardant autour d'eux et n'ayant pas du tout l'intention de quitter leur maître pour l'instant. Voyant bien leur crainte, j'utilise mon Dō̂ron pour tenter de les rassurer, après tout, communiquer avec les animaux a ses avantages parfois. Officiellement, sûrement que c'est interdit, mais personne n'en saura jamais rien et ce n'est pas la première fois que j'utilise mon Dō̂ron en présence de non-Dýnamaï.

— Bangsat ! Espèce de cacatoès ! s'exclame le perroquet rose en parlant étonnamment bien, d'une voix grave.

— Bizarre, bizarre, bizarre, répète le second sous le regard choqué de Rigel.

Je ne sais pas exactement ce que j'ai fait de mal, mais je crois que je les ai choqués. Et je crois qu'ils parlent. Surprise, je rigole, et les autres membres de la maisonnée se joignent à moi, sauf Rigel qui rougi à vu d'œil, visiblement honteux.

— Désolé, s'excuse-t-il. Normalement ils sont très gentils. Je ne sais pas ce qu'il leur a pris ! Je ne savais même pas que Clyde savait dire ça.

Et moi, je n'étais même pas au courant que mon Dō̂ron pouvait perturber autant un animal. J'avais déjà eu des expériences qui montraient que certains trouvaient ça bizarre, mais de là a réagir ainsi.

— Ce n'est rien, le rassuré-je avant de penser que c'est étrange que je me sente visée.

— Ça veut dire quoi Bangsat ? l'interroge Oyau curieux.

— C'est dur à traduire... On l'utilise un peu dans les mêmes circonstances que quand ma mère dit bordel de merde ou des trucs comme ça.