9. Nous ramenons Sa Majesté au château.

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J'ouvris doucement la porte de la salle de jeu, mais me figeai en entendant la voix de Louis. Lentement, je glissai un œil à travers l'entrebâillement du battant, le cœur battant. Il était assis en tailleur, au sol, et entouré de ses enfants. Ceux-ci babillaient adorablement, lui racontant ce qu'ils avaient fait la veille, ou leurs rêves de la nuit.

Je m'appuyai contre le chambranle, ne pouvait m'empêcher d'observer à la dérobée les traits de Louis. Dieu qu'il était beau... Je ressentis le même habituel serrement de cœur lorsque je détaillais son visage. Et là, à l'abri de leurs regards, je m'interrogeai une énième fois. M'avait-il réellement aimée ? Ou n'avais-je été pour lui qu'un amusement ? Seul le fait qu'il ne m'ait jamais aimée pouvait expliquer le mépris total qu'il manifestait à mon égard.

Je pris une brusque inspiration, crispant ma main sur mon corsage. Les petites voix des enfants m'apaisèrent rapidement, comme toujours. Sans eux... Oh, je me serais effondrée.

« - Et c'est là que vous êtes apparus, comme un fantôme, et vous avez couru dans le feu, mais sans être blessé !

- Eh bien, je suis un vrai héros dans tes rêves, Louise Françoise... »

Louis embrassa son petit front. Et Louis César se hissa dans ses bras en déclarant :

« - Moi j'ai rêvé que vous aimiez encore Lottie ! »

Aussitôt, je sentis mon cœur se serrer, encore une fois. Et je vis Louis Auguste faire de gros yeux à son petit frère, comme si c'était un sujet tabou.

Mais le petit continua vaillamment :

« - Avant, Lottie était tout le temps contente, elle souriait, elle riait, et maintenant... Elle est tout le temps triste, même si elle essaye de pas le montrer. Alors nous on fait semblant de pas avoir vu qu'elle est triste, mais moi j'aime pas la voir comme ça...

- Louis César... soupira son père. Charlotte s'est mal conduite, et je ne pouvais laisser passer son comportement sans la sanctionner.

- Mais, osa demander Louise Françoise. Vous l'aimiez, Lottie ? »

Je n'osai plus bouger, consciente que je n'aurais jamais dû être là. Mais je voulais avoir la réponse indirecte de Louis.

Et il finit par soupirer :

« - Ce sont des affaires de grandes personnes, et elles ne concernent que Charlotte et moi. »

Je laisser échapper un souffle de déception amère. Oh non, il ne m'avait pas aimée. Sinon, il aurait répondu...

Je pris sur moi pour ne laisser rien paraître de ce que je ressentais, et profitai du silence pour toquer à la porte. Puis, je l'ouvris, et mimai la surprise en posant mon regard sur Louis :

« - Oh, Majesté... Je ne vous avais point entendu. »

Je plongeai dans une profonde révérence. Il m'ordonna rapidement de me relever, alors je me redressai, et accueillis Louise Marie Françoise qui se jeta dans mes bras. Je couvris son petit front de baisers en souriant, puis lui demandai :

« - Comment vas-tu, mon cœur ?

- Bien ! Et toi ?

- Bien, j'ai bien dormi. »

C'était un tout petit mensonge, qui se rajoutait à tous ceux que j'avais déjà servi aux enfants. Non, je n'avais pas bien dormi. Je m'étais réveillée en pleurs au milieu de la nuit, persuadée que Louis allait me prendre dans ses bras en m'assurant que tout allait bien. Mais il n'était pas là. Il n'était plus là.

Deux sœurs pour un roi (Tome 2) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant