19. Je ne vous oublierai pas, je vous le promets.

2.8K 248 93
                                    

Le cœur lourd, je bouclai ma dernière malle. J'y avais rassemblé mes livres, ainsi que les bijoux offerts par Geoffroy. Les présents de Louis étaient, eux, bien en vue sur ma coiffeuse, afin qu'il les reprenne. Je ne voulais plus rien de lui. J'avais plié mes habits dans plusieurs autres malles, aussitôt après avoir pris ma décision. J'allais partir.

En soupirant, je me redressai pour étirer mon dos douloureux. J'eus un regard pour mon lit, sur lequel se trouvaient les deux billets. Ils contenaient deux messages très différents. Dans celui adressé à ma sœur, je lui écrivais que j'étais au courant de ses manigances, et que je souhaitais m'expliquer avec elle. J'y joignais un lieu de rencontre, ainsi qu'une heure précise.

Dans le billet adressé à Louis, j'écrivais au contraire que j'avais bien réfléchi, et que je souhaitais ardemment le revoir. Le lieu était le même que celui de la rencontre avec ma sœur, mais l'heure était légèrement décalée, afin qu'il arrive, normalement, après Athénaïs. Et, normalement, j'aurais commencé à injurier ma sœur.

Pour que ma manœuvre fonctionne, Athénaïs devait apercevoir Louis alors que je l'injuriais, et lui rappeler la menace qu'il avait proférée à mon encontre : me bannir si je m'attaquais de nouveau à la mère de ses enfants. Après cette sanction, je partirais dans le château légué par mon père. Et tout serait rentré dans l'ordre.

Je refoulai l'immense peine qui tentait de m'envahir, et me relevai. Je n'avais plus le choix. Il était mieux que je parte. Déterminée, je m'emparai des billets, et sortis de la pièce pour aller trouver un domestique.

Après lui avoir confié les deux billets, je retournai dans ma chambre pour vérifier que je n'avais rien oublié. Il me restait encore deux heures avant la scène que j'avais patiemment orchestrée.

..................................................................................................................

Je patientai dans l'un des salons de la demeure, le cœur battant. Tout devait bien se passer. Mes mains tremblaient, alors je les serrai contre mon ventre pour tenter de dissimuler ma nervosité. J'étais placée face à un miroir. Normalement, Athénaïs devrait venir se placer devant moi. Ainsi, elle aurait une pleine vue sur l'arrivée de Louis.

Je pris une profonde inspiration pour tenter de me calmer. Je n'avais plus le choix. Cette phrase tournait dans ma tête depuis que j'avais arrêté ma décision. Geoffroy avait raison : je devais me concentrer sur moi-même. Et je ne pouvais pas le faire si je restais ici.

Des bruits de talons résonnèrent soudain. Je reconnus par habitude la démarche d'Athénaïs. Elle avait coutume de bien faire claquer ses talons afin que tous l'entendent. Et cela fonctionnait. J'entendis la porte s'ouvrir, et sa voix me parvint aussitôt :

« - Comment as-tu eu l'audace de me convoquer, moi, comme une vulgaire domestique ? »

Je ne daignai pas me retourner. C'était à elle de venir.

J'entendis un soupir agacé, et ma sœur se posta devant moi, la mine hautaine. Et encore une fois, je me rendis compte d'à quel point nous étions vraiment différentes. Elle était sûre d'elle, et étalait sa fierté aux yeux de tous. C'était cela qui l'avait rendue si hautaine, méprisante. Mais c'était aussi cela qui plaisait aux hommes. Et qui avait plu à Louis.

Je décidai de ne pas attendre qu'il soit là, certaine qu'il n'allait pas tarder. Je voyais déjà une calèche dans les jardins. J'attaquai aussitôt, croisant le regard gris de ma sœur :

« - Je sais ce que tu as fait pour que Louis te revienne. Tu es abjecte ! »

Athénaïs eut un rire amusé et un geste moqueur de la main :

Deux sœurs pour un roi (Tome 2) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant