Prologue

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Depuis ma tendre enfance, j'inspirais la peur et le dédain chez autrui. J'étais d'un caractère taciturne, colérique et je n'appréciais guère les contacts physiques.

On me nommait souvent la "bête flamboyante" durant mes années de scolarité. Cela était en majeur partie dû à la couleur éclatante de mes cheveux et à mon caractère de sauvageonne. Cependant, je dois
avouer que mon comportement n'était en rien ordinaire. J'étais la plupart du temps absorbée par mes pensées, je ne communiquais que très rarement avec mes pairs et il m'arrivait souvent d'en venir aux mains avec les élèves de mes différentes classes. J'avais malheureusement un léger penchant pour le combat au corps à corps.

"Les autres" comme j'aimais les nommer ne m'intéressaient aucunement. Je trouvais les gens  futiles et ennuyeux. Leur existence ne se résumait qu'en de simples actions répétées indéfiniment et inlassablement.

Mes parents, ces seuls êtres trouvant grâce à mes yeux, n'avaient jamais émis de jugements à mon égard. Ils faisaient seulement de leur mieux pour que je m'intégre. Ma mère, cette femme dévouée était toujours présente. Et celà même quand mes nuits étaient hantée par de cauchemars atroces et mes jours par des intuitions étranges.

...

Je me souviens d'un soir où je me réveillais en pleurs après un songe immonde. Elle m'avait serrée avec bienveillance entre ses bras en me murmurant à l'oreille.

- Soit forte... Un jour tu comprendras d'où te viennent ces visions étranges. Un jour tu comprendras leurs sens profonds. Elle me serra contre elle jusqu'à ce que je sombre à nouveau dans les bras de Morphée.

...

Ce fut le jour où je croisai pour la première fois le regard de Logan que tout bascula. Tout comme moi, son tempérament était de feux. Il avait les yeux verrons ; son oeil gauche était d'un gris brumeux et son oeil droit d'un bleu gris profond. Ces cheveux était d'un noir de gaie et ses mèches rebelles recouvraient bien souvent une partie de son visage laiteux. Toujours souriant, charmeur et enjoleur, il ne laissait jamais la gente féminine indifférente. Et pourtant, c'est sur moi qu'il porta tout son intérêt.

Durant trois longues années, nous ne nous sommes jamais séparés. Nous ne pouvions respirer l'un sans l'autre. Grâce à sa présence, à son aura, le monde qui autrefois me paraissait si brumeux se teinta de couleurs chatoyantes. J'avais pris goût à la vie.

...

Pourtant le monde est cruel n'est-ce pas? Il nous offre le bonheur pour mieux nous le retirer.

...

C'est le soir de mes 23 ans que je compris que ma place n'était plus en ce monde. En effet, en cette soirée du 20 juillet, j'attendais avec impatience la venue de Logan. Nous devions annoncer à mes parents que nous souhaitions nous installer ensemble. Nous allions enfin entamer notre vie commune, partager nos joies et nos peines sans jamais avoir à nous séparer la nuit venue.

Hélas, malgré de nombreuses heures d'attente, Logan ne vint jamais. J'étais en larmes devant mes parents le coeur brisé et un goût amère dans la bouche. Je savais que quelque chose n'allait pas mais je ne pouvais mettre un mot sur cette sensation qui me tordait les entrailles. Je sentais un énorme vide à l'intérieur de moi comme si je venais à l'instant même de perdre quelque chose de précieux.

A 23h00, cette même nuit, le téléphone de la maison sonna. Je me dirigeai en courant pour décrocher  mais avant que je ne puisse saisir le combiné, les mains bienveillantes de ma mère m'en empêchérent. Elle me sourit tristement et chuchota:

- J'aurai tant voulu me tromper ma chérie. Elle décrocha, le visage tendu et le regard vide.

Le silence s'empara violement de la pièce. Je sentais l'ensemble de mes muscles trembler, ma vision était embuée par les larmes et mon coeur menaçait de rompre. Moi aussi, tout comme elle j'avait la même impression, la même certitude. Logan ne reviendra jamais. Logan n'était plus.

Je me tournais vers le fond du couloir et distinguais la silhouette de mon père appuyé contre le battant de la porte de sa chambre. Dans la pénombre, j'apercevais son air sombre.

Soudain le silence prit fin.

- Eloryanne... Je suis tellement, tellement désolé... Je ne sais que dire... La voix vibrante de ma mère était teintée par des sanglots.

C'est à cet instant que je m'effondrai  sur le sol. Mes jambes ne parvenaient plus à me soutenir, ma poitrine se soulevait difficilement mais étonnement aucun son ne pouvait s'échapper de ma bouche. J'aurai pourtant souhaité crier à pleins poumons  toute ma souffrance, ma haine. J'aurai voulu pleurer toutes les larmes de mon corps mais elles restaient coincés tant la douleur était fulgurante.

...

Logan était mort. J'avais perdu ma raison de vivre.

...

 Eldarya / Doppelgänger Où les histoires vivent. Découvrez maintenant