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Axel venait de descendre du car scolaire qui avait emmené des élèves de Bretagne à Paris. Quelques unes de ses mèches noires se rebellaient et tombaient sur ses yeux, accentuant le côté mystérieux que son regard tout aussi sombre provoquait. 
Il ajusta sa veste en cuir et jugea le bâtiment du regard. C'était un bel hôtel, et, selon lui, sa place n'y était pas. Mais il n'avait pas le choix, et se dépêcha donc de suivre les accompagnateurs qui leur expliquaient un tas de choses. 
Lorsqu'un homme appela Axel Moore, ce dernier s'avança à regret, ne prêtant pas attention aux autres qui se demandaient qui était ce garçon. 

-Tu seras dans la chambre d'un cinquième. Michaël Cooper. Essaie de ne pas l'effrayer, Monsieur le badboy. 

Voilà un des surnoms que les adultes lui donnaient souvent. Ils le pensaient en crise d'adolescence, alors qu'il avait toujours été quelqu'un de discret. 
Il remarquait tout et tout le monde, mais rien ni personne ne le remarquait. 
Cela dit, ça ne dérangeait pas Axel, puisqu'il préférait le silence au bruit. Et les humains étaient, pour lui, synonyme de bruit. 
Il espérait donc franchement que ce Michaël soit suffisamment poli pour respecter son besoin. 

Lorsqu'il arriva devant la chambre 408, il put remarquer une adolescente de son âge qui marchait, tête baissée, un gros casque sur les oreilles, vers une porte similaire à la sienne. Elle portait un tee-shirt bordeaux foncé sous une veste en cuir noire et un jean de la même couleur. 
Ses cheveux de jais bouclés, épais, et en bataille se balançaient devant son visage, ne laissant entrevoir de ce dernier que la pâleur de sa peau. 
Axel regarda un garçon passer devant elle sans la voir et la mystérieuse jeune fille entra dans sa chambre. 
Lorsqu'il fit de même, il découvrit un adolescent à peine plus jeune que lui, assis sur son lit, une pile de livres à ses côtés. Il se réjouit silencieusement d'être tombé sur ce fameux Michaël et s'installa, un bouquin en mains, sur un fauteuil. 

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Lorsque Michaël vit arriver Axel Moore, il craignit d'abord que son camarade de chambre ne veuille discuter, mais ce dernier s'assit simplement de son côté. 
Il le détailla longuement. C'était un adolescent relativement grand aux yeux bleu azur et au teint clair. Son style vestimentaire laissait penser à un de ces badboys dont les filles raffolaient tant. Veste en cuir, gilet à capuche en dessous, un tee-shirt noir accompagné d'un jean plutôt serré et d'une paire de baskets blanches. 

Finalement, Michaël décida de partir chercher un endroit à l'abri des regards.
Mais, lorsqu'il trouva enfin le coin idéal, il vit qu'une jeune fille de son âge y était déjà installée. Elle ne leva pas les yeux, mais il pu tout de même remarquer qu'ils étaient marron clair. Avec ses longs et lisses cheveux blonds, elle lui inspirait toute la grâce du monde.
Contre toute attente, il décida de s'asseoir à côté d'elle et d'ouvrir ses livres chéris. 
Elle le regarda enfin et lui sourit timidement avant de rougir comme une pivoine. Il répondit à son sourire avec délicatesse, et elle lui demanda d'une petite voix haut perchée ce qu'il lisait.

-Inhuman. Un livre de science-fiction absolument génial.

-Avec des robots et tout ?

-Non ! Juste un léger virus qui a contaminé une partie de la population.

-Et ils survivent ?

Elle avait posé sa question avec tant de naïveté que Michaël ne pût s'empêcher de la regarder avec tendresse.
Rouge de honte, elle baissa la tête.

-Eh... Que se passe-t-il ?

-C'est juste que... D'habitude, les gens ne me voient pas, et toi, tu débarques d'un coup, et je foire tout.

-Si ça peut te rassurer, les gens ne me voient pas non plus, en général.

-C'est vrai ?

-Oui. Mais quand je me rends compte que grâce à ça, j'ai pu te rencontrer, je me dis que c'est un mal pour un bien.

Ils discutèrent encore un petit moment et Michaël ne cessa de penser que ses parents avaient eu la meilleure idée de leur vie, puisque, grâce à cette même idée, il avait rencontré Maya. La jolie Maya. La douce Maya. La timide, Maya.

Les InvisiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant