6 :

101 18 2
                                    

Lorsqu'Alexis descendit du car scolaire, elle souffla un grand coup avant de voir tous les élèves passer devant elle sans même la voir.
À une époque, elle avait détesté ça. Mais cette époque était révolue, et elle était maintenant bien heureuse d'être transparente à leurs yeux.
Elle suivit la foule jusqu'à un grand hôtel et y entra.
Une femme l'appela et lui annonça qu'elle serait dans la  chambre d'une certaine Maya Forman.

-Essaie de ne pas la manger, Madame le grand méchant loup.

Super. Encore un de ces surnoms stupides que les adultes s'amusaient à lui donner. L'assistante de sa psychologue l'appelait souvent comme ça à cause de ses traits durs et de sa "beauté brutale". N'importe quoi. Elle repoussa une longue mèche d'ébène de son visage et monta à l'étage de sa chambre.
Devant la porte, elle marqua un moment d'hésitation avant d'entrer.
Elle espérait simplement que cette Maya ne serait pas une pile électrique.

Lorsqu'elle passa le seuil, elle fut rassurée de ne voir qu'une jeune fille plus jeune et toute timide qui ne semblait aucunement vouloir entamer une quelconque conversation.

Elle écouta un long moment des chansons d'ACDC avant de se décider à sortir.
Elle marcha, tête baissée, comme toujours, jusqu'à un coin tout tranquille. Mais elle y trouva un jeune homme de son âge au style vestimentaire semblable au sien.
Il leva la tête et parut la reconnaitre, mais ne dit rien. Elle s'installa face à lui et commença à écrire une chanson, comme à son habitude.

Au bout d'un temps, Alexis sentit un regard peser sur elle. Elle se rendit compte qu'il s'agissait de l'adolescent aux cheveux noirs et le fixa étrangement.
Ce qui lui paraissait dingue, c'était, justement, que quelqu'un la remarque. C'était la première fois. Ou à peu près.
Il lui tendit sa main et dit :

-Axel. Axel Moore.

-Alexis, répondit-elle en lui offrant son poignet. Alexis Corbyn.

-Qu'est-ce que tu écris ?

Et voilà. S'il l'avait abordée, c'était sûrement dans le but de savoir ça. Elle se crispa donc et replongea ses yeux dans son carnet de chansons.

-Eho ? Je te parle, Corbyn.

-Et moi, je ne te réponds pas, Moore.

-Oui, j'ai cru remarquer.

Elle fit une moue exaspérée avant de se remettre à son écriture. Elle comprit bien vite qu'il ne la laisserait pas tant qu'elle n'aurait pas répondu, et décida alors de le faire :

-J'écris des chansons.

-Tu vois ? C'était pas bien compliqué, Corbyn.

-La ferme, Moore.

-Ouh... La petite brune se rebelle ?

-Tire-toi.

-J'étais là avant, me semble-t-il, fit remarque Axel avec un sourire railleur.

-Je vais le tuer, marmonna-t-elle.

-Qui ? Moi ?

-Non, mon frère.

-Je pratique le sarcasme, mais là, j'ai un doute, Corbyn.

-Ce n'était pas du sarcasme.

-Pourquoi est-ce que tu veux le tuer ?

-Il m'a forcée à venir ici. Et me voilà coincée avec un psychopathe qui ne comprend ce que je raconte.

-C'est méchant, ça, Corbyn.

-Désolée, Moore. J'ai juste... pas l'habitude de parler à des gens.

-Moi non plus. Je suppose que tu es aussi transparente que moi, puisque tu es ici.

-Tu as peut-être raison, dit-elle mystérieusement.

Les deux adolescents passèrent encore un bon moment à rire et à parler avant se séparer pour entrer dans leurs chambres respectives.

À l'intérieur, Alexis bénit intérieurement son frère pour l'avoir envoyée à Paris pour la rencontre nationale.

_______________________________________

Lorsque Maya apprit qu'elle devrait partager sa chambre avec une autre fille, elle se mit à paniquer, comme toujours.
Mais, lorsqu'Alexis arriva dans leur chambre, son casque sur les oreilles, sa veste sur l'épaule, la jeune fille comprit bien vite que sa camarade n'avait rien à voir avec ces pimbêches qui ne pouvaient s'empêcher de parler à tort et à travers.
Non. Alexis, elle, était restée silencieuse avec les mouvements d'une habituée de la discrétion.
Finalement, Maya décida de partir se chercher un coin calme où passer le reste de son séjour à Paris.
Lorsqu'elle trouva l'endroit idéal, elle commença à danser, puis entendit des bruits de pas, et se rassit, honteuse.
Un garçon de son âge arrivait en fait.
Michaël.
Ils firent connaissance et discutèrent longuement. Ce qui, selon elle, était extraordinaire. Enfin, elle remarqua que, lui aussi, avait des manies de furtivité.

Les InvisiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant