16 - La Marque

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Point de vue de Draco.

Il était là. Il me regardait avec ses yeux de serpent. J'avais froid et à la fois peur. Je n'arrivais pas à croire ce qui allait se passer dans quelques instants. J'avais l'impression que tous les regards étaient posés sur une seule et même personne, c'est à dire moi. Mon père gardait son air froid, son visage bouleversé l'avait à présent quitté, mais je pouvais bien voir qu'il s'en voulait. Ma mère était différente, elle ne parvenait pas aussi bien que mon père à cacher sa douleur de me voir condamné à ce destin. Lui était toujours là, en plein milieu de cette foule que je trouvais bien trop étouffante. Je n'avais qu'une seule envie, c'était de retourner dans ma chambre. Non, même cela n'était pas assez en fait, je voulais tout simplement partir loin d'ici et y échapper. C'était lâche, mais au moins je ne deviendrais pas ce monstre ! J'allais être comme mon père et pleins d'autre mangemorts au final. Le maitre me faisait signe d'avancer tandis qu'il réclamait le silence et qu'il me souriait de toutes ses dents comme si c'était le plus beau jour de sa vie et de la mienne. Il se trompait, il le savait, mais il était comme ça, il était né pour être cruel. Il commençait alors à dire le pourquoi du comment nous étions tous réunis ici, mais ses paroles étaient inutiles. Elles ne servaient qu'à renforcer la peur dans mon ventre qui menaçait de se retourner d'une seconde à l'autre. Je sentais aussi la boule dans ma gorge se former tandis qu'il me faisait signe d'avancer, mais je venais d'adopter mon masque de fer comme je savais si bien le faire. Muni de sa baguette magique, il attrapa alors fermement mon bras. Il me demandait de relever ma manche pour pouvoir lui montrer ma peau encore innocente. Elle n'allait le rester que pendant quelques secondes, après cela, il n'y aurait plus aucun retour en arrière possible. Je le fis, mais mes mains se mirent à trembler alors ses doigts se resserrent encore plus autour de mon poignet. Je grimaçais légèrement, mais cela n'était rien à côté de ce que j'allais ressentir comme peine. Toujours avec ce grand sourire, il dévoila mon bras gauche à tout le monde et pointa délicatement sa baguette sur le fameux endroit où j'allais dans quelques instants porter la Marque. Je n'aimais pas quand il prononçait mon prénom, il ne sonnait sans aucune tendresse, mais avec tant de malice malsaine. La formule arriva bien trop vite et mon coeur fit un sale bond dans ma poitrine. C'était donc ça comme sensation. Jamais je n'aurais pu la décrire complètement. Le froid m'envahi si vite que mon souffle en fut coupé. La chaleur m'avait quitté et déjà mes genoux menaçaient de se plier. Il ne fallait pas, c'était lâche, pas digne d'un Malfoy, mais la douleur grandissait au fur et à mesure et il prenait plaisir à répéter la formule magique. Pourquoi ? Pourquoi moi ? A cause de mon père. Se rendait-il compte maintenant ? Il me voyait moi au milieu de cette foule, réduit à être l'esclave du maitre et là oui, il devait regretter. Je sentais la colère s'installer en plus en moi tandis que je tentais de retenir un gémissement. Sa baguette était trop froide, mais tout était illogique car il était en train de me brûler le bras au fer rouge virtuel.

Point de vue de Narcissa.

Mon fils. Il était là en face de Lui. Nous ne pouvions rien faire. J'aurais préféré prendre sa place, mais le maitre avait refusé. Lucius lui avait proposé sa vie, mais il avait tout simplement rit comme si c'était l'idée la plus stupide du monde. Alors non, maintenant j'étais forcée de regarder mon unique petit garçon devenir un mangemort. Comment avons nous pu en arriver là ? « Draco ! Pas mon petit Draco ! » avais-je envie de hurler. Je voulais faire un pas vers l'avant, courir vers mon fils et le retirer de son emprise. Je sus qu'il était trop tard au moment où j'avais entendu les paroles. Lucius avait alors empoigné ma main pour m'empêcher de faire quoi que ce soit. C'était cruel, mais je ne le détestais pas, il voulait nous sauver à sa manière. Je n'eus même pas à imaginer sa peine pour la simple et bonne raison que son esprit venait de faire tomber toute ses barrières dès l'instant où le sort avait commencé à lui faire mal. Il avait voulu être fort, j'étais en train de sentir son envie de ne pas s'effondrer. Oui, il pouvait le faire, mais bientôt il finit par tomber et Lui, le maitre se mit à sourire encore plus. Je le haïssais de tout mon coeur. Il avait réussi en quelque sorte et mon fils était à sa merci. Nous avions perdu. Mon fils n'était plus innocent. Son innocence venait de s'évaporer.

[Livre 3] Lucissa - The world can stop at any momentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant