« -Allô ? »
J'ai envie de l'étrangler de m'avoir caché ça.
« -Anya ?
-Maximilien tu n'es qu'un idiot. Le plus gros idiot de cette foutue planète. »
Ma voix est si froide, si méchante que j'en ai presque l’impression d'être quelqu'un d'autre.
« -Qu'est-ce qu'il se passe Anya ? »
Et la sienne est pleine d'étonnement. Comme s'il ne se doutait pas de quoi je parlais. Idiot.
« -Tu comptais me parler de ces trois garçons quand ? »
Il ne dit plus rien. Je le comprends. Je pense que je n'aurais rien dit aussi.
« -Qui te l'a dit ?
-Peu importe. »
Je me mets à repenser à Lou. Elle est partie il y a une heure. Je la revois me désinfecter avec délicatesse, me mettre mes bandages telle une professionnelle. Je la revois prendre soin de moi et de s'excuser de me l'avoir dit comme ça et de s'être pointé comme une fleure. Elle était très gentille avec moi. J'aimais ça, tout comme ça m'énervait.
Elle ne peut pas m’apprécier. C'est impossible. Personne ne m'aime à la première rencontre. La seule personne dont je suis sure de recevoir un véritable amour est Max.
Mais je l'aime bien.
Non.
Je la déteste.
Mais bordel qu'elle est belle. Ses cheveux se marient parfaitement avec son teint et ses yeux. Son corps fin porte élégamment ses vêtements désordonnés. Je n'ai cessé de l'admirer, de regarder son doux sourire posé sur son visage, ainsi que la finesse de ses gestes.
« -J'allais te le dire, je ne ...
-Arrêtes, tu n'allais rien me dire. Tu allais le garder pour toi espérant que je ne le sache jamais.
-Je ne veux pas te rendre triste. Je ne veux pas te causer de problème. »
Je suis sur le point de pleurer, repensant à ce sentiment de ne rien être sans lui.
« -Max, j'aimerai que tu puisses comprendre que tu es cette personne qui fait que je respire. On te fait mal. On me fait mal. Tu souris. Je souris. Tu pleures. Je pleure. Tu vis. Je vis. Tu meurs. Je ...
-NON ! Je t'interdis. Tu n'as pas le droit de dire ça. Tu dois contrôler ta propre vie. »
Je fond en larme.
« -Qui te dis que ce n'est pas trop tard Max ? »
Je l'entends lui aussi se mettre à pleurer. C'est rare. Si rare qu'il verse des larmes. J'ai horreur de ça. Surtout quand j'en suis la cause.
Et une fois de plus je m'en veux d'être son amie. Parce que sans moi il serait dix fois mieux. Il n'aurait pas à subir tout ce que je lui fais subir. Il vivrait une vie calme, paisible. Normale. Je suis la cause de ses ennuis. Et je persiste. Je persiste à lui en coller un peu plus.
« -Je pense qu'il faudrait que l'on s'oublie Max. Je fais ma route. Tu fais ta route. Ça serait bien mieux pour toi. Tu pourrais vivre normalement.
-Tu penses réellement ce que tu dis ? »
Il a haché chaque partie de sa phrase. D'un côté à cause de ses pleurs, de l'autre pour me faire comprendre son étonnement et je suppose son refus. Cette question me fait m'arrêter un instant de respirer. Je le pense vraiment ? J'ai réellement dit ça ?
« -Tu sais quoi Anya. Essaies. Essaies seulement une journée de ne pas penser à moi, essaies de ne pas me regarder, de ne pas prononcer mon nom, de ne pas me parler. Et réfléchis ensuite à ce que tu viens de me dire. »
Il raccroche. Qui aurait pu croire qu'un si petit corps pouvait dégager autant de larmes ? Je m’effondre sur le tapis de mon salon. Je continue de pleurer, jusqu'à m'en endormir.
« -Anya ! Anya ! Réponds-moi ! »
Je sens que quelqu'un me secoue et mes paupières s'ouvrent lentement. Je ne sais plus où je suis. Je ne sais même pas qui m'a réveillé. Je me mets à paniquer.
« -On est où ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Maman ?
-Ça va aller ma chérie. »
Elle me prend dans ses bras et me murmure de me calmer. Et tout me revient. Lou. Max. Le « défit ». Je m’accroche à ses vêtements. Elle remarque mes bandages.
« -Qu'est-ce que tu as fais ?
-Je me suis coupée avec un verre que j'ai fais tomber. »
Je crois que ma mère panique autant que moi. Quand elle rentre elle me trouve souvent endormie un peu de partout dans la maison. Sur son lit, le mien, le canapé mais jamais par terre. Je me doute qu'elle a du me croire évanouie ou bien pire. Morte par exemple.
« -Ça va ma puce ? Qu'est-ce que tu as eu ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
Je me relève péniblement et me retire de ses bras protecteurs.
« -Oui, ça va. Je vais bien. J'ai du tomber du canapé, je ne sais pas. Je vais dans ma chambre. Je ne sais pas si je mangerai ce soir. »
Elle me regarde partir à l'étage sans dire un mot. Elle sait que la solitude est ma meilleure amie alors quand je lui montre que je veux être seule elle me laisse seule. Et j'apprécie.
Je m'allonge sur mon lit, la tête dans mon oreiller. Un tas d'images défilent dans mon esprit. Agréables comme désagréables. Je ressens un sentiment bizarre. Aucun mot ne le définirait. Ce « défit » que m'a lancé Maximilien me rend malade. Complètement malade. Demain c'est mercredi. Simplement pour une demi-journée me direz vous mais non. C'est pire. Le mercredi est notre journée à nous. On a l'habitude chaque matin de se retrouver en bas de chez moi à 8h30 pour arriver à 8h55 au lycée et commencer chacun les cours à 9h10. Ensuite nous avons le rituel d'aller manger tous les deux en ville dans un kebab ou une pizzeria. Puis, généralement, nous allons ensuite dans le parc près de chez lui avant de terminer la journée sur le toit d'un immeuble. L'immeuble où j'ai vécu quand j'étais plus petite. Quand je ne me souciais de rien, de personne. Il représente quelque chose pour moi. Il représente l’innocence et l'inconscience. Parce qu'à cette époque j'étais, innocente et inconsciente. J'ai tenu à partager cet endroit avec lui car il est celui qui parfois, me fait retrouver cette innocence perdue. Puis nous sommes tranquilles. Seuls, gouvernant le monde du haut de cette pierre taillée de dix-sept étages. J'y retourne souvent la nuit, toute seule quand je n'arrive pas à dormir. Je dors rarement la nuit à vrai dire. Seulement deux ou trois heures peut être alors je m'occupe comme je le peux. Il mets arrivé un jour de m'endormir sur ce toit et de me réveiller en panique par peur que mes parents remarquent mon absence.
« -Anya, téléphone pour toi ! »
Qui peut bien m'appeler ? Je ne vois vraiment pas. Une personne de ma famille ? Je crois que je ne suis pas allée à des fêtes de famille depuis mes quatorze ans, c'est à dire il y a trois ans. Inutile de penser que ça peut être Max.
« -Allô ? Qui est-ce ?
-Salut Anya. »
Cette voix.
« -C'est Lou. Je voulais savoir si tu allais mieux. »
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Weird World
Teen FictionAnya avait l'habitude d'être seule dans son univers. Son ami Maximilien, de son surnom Max savait qu'elle était spéciale et qu'un rien pouvait la perturber. Il faisait tout pour que la vie de sa meilleure amie soit le moins dure possible. Mais cette...