Chapitre 6

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Je passe par mon casier avant de monter en cours pour récupérer mes cours d’anglais que j'avais laissé. J'ouvre mon casier et y trouve un papier. Quelqu'un a glissé un petit papier dans mon casier. Il est plié en deux. Je ne sais pas si j'ai envie de l'ouvrir ou non. Peut être que c'est Max qui me demande de le rejoindre quelque part ou autre pour parler. Je retrouve le sourire. Je l'ouvre alors aussi vite que je le peux.

Je découvre une belle écriture fine et ronde de couleur noire.

Finalement j'aurais préféré ne pas l'ouvrir. Ou en tout cas avec moins d’enthousiasme.

« Ce n'est que le début. »

Je me fige. Je bloque sur ce papier. Je le relis je pense au moins trente fois. Si ce n'est pas plus. Je regarde autour de moi, comme pour voir si quelqu'un me regardait caché quelque part. Je respire fortement. Non non, ce n'est pas le moment de faire une crise. Il n'y a personne dans les couloirs, je suis seule. D'habitude quand quelqu'un veut faire ce genre de blague à une personne, il n'est pas très loin pour voir la réaction de celle-ci, et pouvoir souvent profiter de sa panique et se moquer ensuite. Mais vraiment personne n'est là.

Dite moi que c'est une blague, par pitié.

Le début de quoi d'ailleurs ? Je ne comprends rien.

Je regrette ce que j'ai dis à Max hier. Je ne peux pas me débrouiller toute seule. Et encore moins avec ce « début » ou je ne sais pas quoi. J'ai besoin de lui, maintenant.

Je claque la porte de mon cassier avec rage et met le papier dans ma poche. Je parcours en marchant vite chaque couloir de ce lycée miteux. Je ne le vois nul part. Je sors pour le chercher dans la cours. Il n'y est pas non plus. Je commence à paniquer. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Bien plus grave qu'hier. Tout ça serait de ma faute.

Je vis constamment dans la peur. Et c'est horrible. Douloureux. Destructeur. Je vois tout du côté négatif. Sombre. Rien ne peut être assez rassurant pour moi. J'ai peur de tout. Absolument de tout. D’où mes crises. Car ce n'est pas une peur vraiment réelle. C'est une peur que je me crée moi même. La peur est issue de mon imagination. Et c'est là que le mot angoisse apparaît. Parce que ce n'est plus de la peur mais de l'angoisse. Et parfois, mon angoisse se transforme en paranoïa. 

Je n'ai pas le temps de me poser plus de question ou de me laisser tomber en plein milieu du couloir. Le signal des entrées en classe retentit. Les élèves commencent à rentrer pour monter à leur salle respective. Je me fais bousculer par plusieurs personnes. Je ne bouge pas du milieu du couloir du premier étage. Je regarde toute cette foule rigoler, crier ou simplement parler.

« -Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas être en retard. »

Quelqu'un pose sa main sur mon épaule. Alexandre me sourit de toutes ses dents. Pas lui. Quoi que si finalement, il va me servir à quelque chose.

« -Tu sais où est Alexandre ?

-Euh, je ne l'ai pas vu ce matin. Désolé. »

Ma rage se propage dans tout mon corps. Je serre les points et essaie de me contrôler. Alexandre a toujours sa main gauche posée sur mon épaule droite.

« -Anya, t'es sure que ça va ?

-Lâches moi. »

Je lui retire sa main de mon épaule de manière pas très délicate. Je me retourne et fonce dans la foule sans me préoccuper de savoir si je bouscule des gens ou non.

« -Eh ! Fais attention. »

Je ne prends même pas la peine de me retourner pour voir qui j'ai faillis renverser.

« -Vas te faire foutre. »

Je rentre en trombe dans ma salle de cours et vais m'asseoir tout au fond contre le mur. Peu de gens sont déjà rentrés. Nous devons être sept, pas plus. Je sors mes affaires et sans le vouloir sort également mon journal intime toujours vierge. Et je le regarde, posé sur ma table. Je repense à ce papier. Je le sors lui aussi et l'ouvre. J'ouvre mon journal, tout en faisant attention à ce que mon professeur ne remarque rien. Je glisse le papier dedans et le referme.

« -Mademoiselle Piklan, pouvez-vous nous récitez la leçon pour aujourd’hui ?

-Oui. »

Je me lève et lui récite ce qu'elle souhaite entendre. Une histoire de pollution, de sauvetage des animaux marins et je ne sais quoi.

« -Je vous remercie, c'est très bien. Rasseyez-vous. »

Cela peut être très bien oui, nous traitons ce sujet depuis la troisième au moins, alors en première je devrais m'en sortir tout de même.

« -Ma chérie ? Tu es déjà rentrée ? Tu ne manges pas avec Max ?

-Non, pas aujourd’hui. D'ailleurs ne prépare rien pour moi. Je n'ai pas faim. »

Elle me regarde monter les escalier avec pitié. J'ai horreur de la pitié. C'est le pire ressentit que l'on peut donner à quelqu'un. Quand on t'adresse sa pitié, tu te sens faible. Très faible. Comme si tu n'étais capable de rien, comme si tout ce que tu faisais était un échec. Comme si tu ne pouvais pas te débrouiller tout seul. Et tellement que tu as l'air triste, dépité on prend pitié de toi.

Tu peux avoir besoin de soutien, réconfort, amour, les gens ne te donneront que de la pitié. C'est tout ce qu'ils savent donner de toute manière.

Je lance mon lit à travers ma chambre t m'assoit en tailleur sur mon lit. Je regarde à par ma fenêtre. Le ciel est couvert aujourd'hui, il est gris et il y a beaucoup de nuage. A certain endroit, il vire au noir. J'adore quand le ciel est comme ça. Je trouve ça beau quand les rayons du soleil cherchent à se construire un chemin à travers ces durs et sombres nuages.

Je récupère mon sac qui s'est à moitié vidé sur le sol et de ma chambre et finis de le vider sur mon lit. Je remets mon journal intime dedans, ainsi que ma trousse et mon nécessaire vital. Je le pose sur mon épaule et redescends dans le salon.

« -Oh, tu viens manger finalement ?

-Non, je sors. »

Le sourire de ma mère s'est estompé en une seconde à peine. Je mets mes chaussures.

« -Ton père rentre dans quinze minutes. Envoies moi un message quand tu rentreras.

-Ouais. »

Je sors et me dirige sans aucune hésitation à ce bâtiment. Je gravis chaque marche une à une avec un sentiment de libération. Je me sens toujours mieux une fois là haut. J'ouvre la porte me faisant arriver sur le toit et je me stoppe. Un garçon aux cheveux châtains qui bougent au grès du vent, assit en tailleur se trouve sur ce toit. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour réaliser à qui appartient ce corps.

Maximilien.

Je ne sais pas si je fais demi-tour ou si je le rejoins. Oh, après tout, qu'est-ce que je risque ?

Je m'assoie à côté de lui. Il ne tourne même pas son visage vers le mien. Comme s'il avait tout prévu. Je décide de commencer le dialogue.

« -Toi aussi cet endroit t’apaise ?

-Non. »

Mon regarde ne se trouve plus dans le vide mais sur son visage, et avec tout l’incompréhension qu'il peut contenir.

« -Alors qu'est-ce que tu fais là ?

-Je savais que tu viendrais.

-Alors tu voulais me voir ? »

Mon cœur reprend de la chaleur.

« -Non, je voulais qu'on parle. »

Je regarde à nouveau le paysage. Je me mets à pleurer et je me sens si idiote.

« -Tu as raison. Il faut qu'on parle. »

Je prend mon sac et sort le bout de papier de mon journal. Je le lui tends et il l'attrape.

« -Je ne comprends rien Max. Et j'ai peur, monstrueusement peur. »

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⏰ Dernière mise à jour : May 13, 2014 ⏰

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