Chapitre 4

27 2 1
                                    

Aujourd'hui j'ai fais une crise à ma mère lui prétendant que j'étais malade pour ne pas aller au lycée. Elle a bien sur vu que je faisais la comédie et que c'était juste une mauvaise volonté de ma part. Elle ne m'a pas demandé pourquoi et heureusement. Je lui aurais dit quoi ? Je ne veux pas voir la nouvelle fille du lycée car sa présence me perturbe ? Je pense qu'elle aurait explosé de rire et m'aurait demandé si ce n'était pas une blague.

J'attends Max sur le côté du portail du lycée. Il commence en même temps que moi les mardis. Il n'y a pratiquement personne ici, mais ça ne les empêche pas de me regarder comme si j'arrivais d'un endroit inconnu de ce monde. C'est désagréable, si désagréable. Je suis à deux doigts de partir en courant si Max n'arrive pas bientôt. Par chance, par grande chance, je le vois en bas de la côte. Je me sens soulagée.

Et je réalise quelque chose.

Je réalise que je suis complètement dépendante de ce garçon. Ma vie ne dépend pas de moi, ma vie dépend de lui et seulement lui. Sans lui je ne serais qu'un corps sans vie. Un corps sans âme. Juste un corps.

Je suis sur le point de pleurer. Je n'arrive pas à contrôler mes foutues émotions. Je me mors la lèvre inférieure d'une force surnaturelle. Je serais presque sur le point de me l'ouvrir si je le voulais. J'ai l'impression que Max recule au lieu d'avancer tellement que je le veux près de moi. Il a l'air énervé. Vraiment même.

« -Viens vite Anya. On rentre. »

Arrivé à ma hauteur, il ne me dit pas bonjour, il ne me salut pas. Il se contente de me balancer cette phrase en tirant par le bras pour entrer au lycée.

Je ne comprends rien, même absolument rien. Maintenant qu'il est près de moi, je peux voir qu'il ne ressent pas que de la colère mais aussi de la peur. Il paraît même terrifié. Et je crois que je le suis plus que lui.

« -Les toilettes du troisieme étage sont toujours libres ?

-Oui. »

Nous allons tous les deux à ce lieu cité. J'ai peur. J'ai peur de la croiser, là haut, comme hier. Je ne veux pas. Je n'en ai pas besoin.

« -S'il te plaît Anya, restes en dehors de la pièce.

-Mais si tu vas aux toilettes je peux rester devant le miroir et les ... »

Il me supplie de ses yeux.

« -D'accord, je t'attends dehors. »

Je ne fais que regarder derrière moi priant pour que personne n'apparaisse. Enfin pour qu'elle n'apparaisse pas.

Maximilien sort . Maintenant il n'a plus l'air en colère ni peureux. Il a l'air juste triste.

« -Est-ce que ça va ?

-Oui, tout va très bien. »

Il relève la tête et me sourit. Sourire forcé que je remarque. Je le connais par coeur son sourire. Il ne peut pas me la faire à moi. Ses sourires habituels lui font avoir des petites rides sous les yeux. Ici il n'y a rien. Aucune ride. Aucune sincérité.

Je le prends dans mes bras. A cet instant ce n'est pas moi qui ai besoin de lui, c'est lui qui a besoin de moi. La seule chose inhabituelle que je remarque c'est que son corps tout entier se crispe au contact de mon corps contre le sien.

Max a été ailleurs toute le journée. Il n'a pratiquement rien dit et ce n'est vraiment pas son genre. Vraiment pas.

A côté de ça, je suis contente, je ne l'ai pas croisé de la journée et je ne pense pas que ça soit maintenant, sur le chemin du retour, que je la croise.

Et pourtant, en arrivant dans ma rue, je vois quelqu'un devant ma porte.

Je vois de long cheveux bordeaux.

Non.

Je me mets à paniquer, je ne sais pas quoi faire. Me cacher et attendre qu'elle parte ou prendre sur moi et rentrer chez moi malgré sa présence ? Elle m'a vu. La seconde option est donc le seule possible maintenant. Elle me fixe m'obligeant à reprendre ma marche pour ne pas paraître idiote.

Plus je m'approche, plus elle sourit. Plus je m'approche, plus j'ai l'impression que mes jambes vont lâchées.

Je suis a côté d'elle. Elle sent bon. Qu'est-ce qu'elle sent bon.

« -Salut, moi c'est Lou. »

Elle me tend sa main pour que nous puissions nous saluer. Je reste bouche bée.

« -Euh.. Anya. »

Je lui prends sa main. Elle est douce et légère. Ses doigts sont beaux et son verni noir lui va à merveille.

« -Je peux rentrer ? J'ai quelque chose à te dire.

-Mais on ne se connaît ...

-Je ne resterais pas longtemps, promis. »

Non seulement elle se pointe devant chez moi sans que je ne sache comment elle a su que j'habitais là et en plus elle s'invite chez moi. Elle n'est pas gonflée tient.

Mais ça me plaît. Bizarrement.

Je la laisse entrer chez moi sans vraiment en avoir le choix. Je la vois regarder autour d'elle pour découvrir en détail le lieu ou je vis.

« -Prends la première porte à gauche, on va dans la cuisine. »

Elle me regarde et s'exécute. Elle entre et s'assoie sur un des tabourets de ma table centrale surélevée.

« -Tu veux boire quelque chose ?

-De l'eau merci. »

Je lui prépare un verre et lui sert, je m'en prend un aussi. Je m'assois en face d'elle et le regarde boire.

« -Tu es bien l'amie de Maximilien Delva ?

-Oui. »

Mon coeur se sert. Alors il allait etre notre sujet de conversation ? Bien. J'ai horreur de parler de lui avec quelqu'un d'autre. Et surtout avec elle je suppose.

« -Tu ne l'as pas trouvé bizarre ce matin ?

-Si. Mais on ne peut pas changer de sujet ? Je n'aime pas ...

-Non, c'est de lui que je suis venue te parler. »

Je ne peux m'empêcher de faire trembler mes jambes et faire tourner mon verre dans mes mains. Elles sont d'ailleurs moites. Trop moites. Pourquoi l'ai-je laissé rentrer ? Je me demande bien. La politesse me tuera un jour.

« -Je l'ai vu ce matin se faire frapper par trois autres garçons du lycée. »

Je viens de casser mon verre juste avec mes mains. Il était solide pourtant. Pas assez pour cette révélation apparemment.

« -Tu.as.dit.quoi ?

-Attends, calme toi, tu as du verre enfoncé dans la main, je vais te l'enlever. »

Mon sang coule beaucoup et l'eau du verre n'arrange rien. J'ai sali mes vêtements et je suis entrain de salir le sol. Lou se lève et m'immobilise. Je serais capable de me couper le visage sans le vouloir avec les morceaux qui sortent de mes mains. Elle me fait me rasseoir et me demande de ne pas bouger pendant qu'elle va chercher dans ma pharmacie des bandages, desinfectant et cotons.

Dans un cauchemar, je suis dans un cauchemar.

Le pire des chauchemar.

Weird WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant