1ère partie

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Son parfum hantait encore les moindres recoins de la petite chambre. Le soleil s'était levé sur son absence. L'atmosphère devenait subitement plus lourde lorsqu'elle n'y était plus. Elle était son mirage, ses délires, ses euphories, ses pleurs, ses rires. Et quand elle l'arrosait de ses sourires alors la plus jeune quittait la terre ferme. Elle devenait ivre d'allégresse. Les murs s'habillaient d'une couleur rosée et les meubles dansaient avec ses courbes finement sculptées pour être dévorées du regard, mais jamais du toucher par une autre. C'est ce que la jeune femme espérait secrètement les nuits où l'aînée promenait sa silhouette dans les rues de Séoul, loin de cette petite chambre, loin d'elle. Ces nuits-là, elle n'était plus que le reflet de son ombre. Elle ne vivait qu'à moitié ; parce qu'elle ne vivait que pour ses belles prunelles sombres.

Chaeyoung s'en était allée sans un mot, sans une promesse. La plus jeune ne savait jamais quand elle aura le bon plaisir de sonner de nouveau à sa porte. Chaque fois, elle se jurait de lui poser mille questions. Chaque fois, elle n'ouvrait la bouche que pour l'embrasser, submergé par la folle joie de la retrouver dans ses bras.

Lalice haïssait le jour, parce qu'il était synonyme de sa disparition. Elle respirait une fois la nuit tombée avec ce putain d'espoir d'entendre ses pas s'avancer de l'autre côté de la porte. Alors, la jeune femme tentait de se faire une contenance. Elle se raclait la gorge une dernière fois pour paraître plus forte qu'elle. Mais, lorsqu'elle croisait ses orbes noirs, elle tombait en amour comme au premier jour. L'aînée resserrait ses bras autour de ses maigres épaules. Chaque soir, c'était le même cinéma. Dangereusement, elle se hissait sur la pointe des pieds pour réduire la distance entre ses lèvres roses et l'oreille de la jeune femme.

« Bonsoir. Tu me manquais Lalice, alors je suis venue. »

A cet instant précis, Lalice bénissait le ciel d'avoir été la source de son manque. Elle inspirait profondément l'odeur de rose qui se dégageait de la nuque de sa belle. Elle se maudissait toujours de se montrer si faible devant cette fleur éphémère qui disparaissait comme bon lui semblait. La lune inondait le salon de sa lumière pour rendre l'ambiance plus intime qu'auparavant.

Pourtant, autrefois, elles vivaient sous le même toit. Mais, un beau matin, elle avait fait ses valises en prenant soin de laisser un petit bout de papier sur la table de chevet à côté de leur immense lit sur lequel elles se donnaient corps et âmes chaque nuit.

« Ce n'est pas de ta faute. »

Lalice avait laissé glisser le papier entre ses doigts. Il volait alors pour se choir sur le sol froid. Sans elle, tout devenait froid, vide, illusoire.

Autrefois, elles avaient des projets. Elles se marieraient aux Etats-Unis lorsque les fleurs se donneront au jour. Les pétales embrasseraient leur silhouette disparaissant au loin à l'abri des regards. Cependant, ces jours heureux ne vinrent jamais. Les rêves de la plus jeune se brisèrent avec un simple petit bout de papier sur lequel Chaeyoung avait laissé glisser sa plume. L'encre était encore fraîche. Les courbes italiques lui ressemblaient bien. Pourtant, Lalice ne voulait pas y croire. Alors, elle se jeta sur l'armoire qui trônait près de la fenêtre entr'ouverte. Il y manquait chacune de ses affaires. elle courut dans le salon, son manteau n'était plus posé négligemment sur le canapé comme la veille. Le parfum même de la belle semblait s'être évaporé avec elle. Elle lui avait tout pris. Ses espoirs, ses rêves, ses ambitions, sa force, sa joie, sa tristesse, son âme.

C'était sans espoir. Les jours, les semaines, les mois passaient, sans nouvelles. Elle l'aimait d'un amour fou. Le souvenir de ces dernières années ensemble lui brisait les côtes. Elle n'était plus rien.

« Chaeyoung ... »

Son prénom chantait sous ses oreilles. L'habitude d'entendre des cris de désespoir ne l'avait pas alerté. Elle était sous l'emprise de cet amour qui fanait de jour en jour.

𝗟𝗘𝗧 𝗠𝗘 𝗞𝗡𝗢𝗪, cɦɑelisɑOù les histoires vivent. Découvrez maintenant