3ème partie

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Lorsqu'elle avaitsonné à sa porte, la jeune femme était devenue plus confiante. Plus méfiante,également. Peut-être un peu plus folle, aussi. Les promesses se multipliaient.A chaque prière, ses pas s'approchaient de la porte d'entrée. Etait-ce un rêve,ou la réalité ?

Aucune question ne traversait la barrière de ses lèvres, parce qu'elle les avait goûtées avant qu'un son n'en sorte, avant d'un doute ne naisse. Elle se jouait peut-être d'elle. Néanmoins, elle était prête à lui pardonner en échange d'un regard, de ses beaux yeux noirs. D'abord, ses prunelles riaient, elles riaient d'elle. La lumière qu'elle renvoyait semblait dire « mais qu'es-tu devenu, mon pauvre amour ? ». Alors, elle se taisait pour ne pas sembler faible à ses prunelles qui se moquent d'elle. Jusqu'à ce que Lalice s'empare de ses lèvres, alors les prunelles brûlaient d'une danse endiablée. La belle s'offrait à son amante, elle admirait le corps de son pauvre amour et le couvrait de baisers. Chaeyoung était plus douce qu'elle ne l'avait jamais été. Impossible de résister, elle ne dominait plus ses sens sous le feu du désir.

Son parfum hantait encore les moindres recoins de la petite chambre. Le soleil s'était levé sur son absence. L'atmosphère devenait subitement plus lourde lorsqu'elle n'y était plus. Elle était son mirage, ses délires, ses euphories, ses pleurs, ses rires. Et quand elle l'arrosait de ses sourires alors la jeune femme quittait la terre ferme. Elle devenait ivre d'allégresse. Les murs s'habillaient d'une couleur rosée et les meubles dansaient avec ses courbes finement sculptées pour être dévorées du regard. Elle était un tout ; elle était son tout. Elle caressait sa peau de ses iris sombres, laissant courir ses lèvres sur le torse de son amant. L'haleine chaude réchauffait chaque parcelle de sa peau nue. Elle brillait sous un voile céleste avec la lune comme témoin de cet amour intense. Son rire voyageait dans le temps, la nuit dans ses rêves, le jour à son bureau. Le soleil de l'aube touchait leur écorce sur laquelle une fine pellicule de sueur faisait briller leur épiderme.

Chaeyoung chantait la force de ses sentiments sur la promenade des fantaisies.

Lalice rappait la douceur de leur union sur un champ de roses.

Commençait alors la symphonie de l'altruisme dans une valse légère. Ensemble, elles tentaient les bras pour dénicher une bouchée de nuages. La nuit, elles dansaient d'une étoile à l'autre, flottant dans l'espace. L'euphorie leur chatouillait le bas-ventre au milieu de leur échange fiévreux. Encore une douceur, un baiser exquis, un souffle délicat, une promesse délicieuse, un soupir divin. Juste par gourmandise. Un dessert de caresses, une bouchée de plaisir, une cuillère de délectation. Et, alors, elles sacrifieront leur dernier souffle dans un soupir amoureux, la tête dans les nuages et le corps au septième ciel.

Mais sa silhouette disparaît au petit matin. L'appétit gronde. L'amour brûle. Lalice disparaît avec elle, là où elle sera, peu importe l'endroit.

« Mais tu ne comprends pas ? »

Elle se réveille encore en sursaut cette nuit. Toujours les mêmes cauchemars. Un instant, elle pose sa tête sur ses genoux et réfléchit intensément. Les cris de la nuit semblaient si réels. A-t-elle déjà entendu ces hurlements quelque part ? Etait-ce vraiment sa voix, à elle ? Les assiettes qui éclataient contre le mur. Les cris de désespoir. Et ces fois, où ils faisaient l'amour comme pour se donner un peu de courage. Pour se donner une raison de se pardonner avant le prochain orage. Lalice n'arrivait jamais à se rappeler de la raison pour laquelle elles se mettaient tous les deux dans des états pareils.

« Regarde-nous, Lisa ... »

A la fin de l'embrasement, lorsque l'esprit reprenait le dessus, elle avait susurré ces mots, faiblement, comme pour ne pas les entendre sortir de sa propre bouche. La tête embrumée, Lalice n'avait pas tout de suite réagi mais lorsqu'elle eût compris, elle crût que c'était trop tard, qu'elle s'était endormie dans ses bras. Au petit matin, Chaeyoung n'était déjà plus là alors que le soleil se levait à peine. La lumière orange envahissait la chambre. La plus jeune gémissait suite à une douleur à l'épaule. Alors, elle se souvînt.

Les assiettes volent, les vases se brisent, des meubles se renversent à force de ne plus savoir où donner cet amour insupportable. L'ainée hurlait quelque chose que Lalice ne parvenait pas à entendre. Elle saignait. Elle saignait beaucoup. La cadette s'avança en traînant son corps fatiguée de se battre. Le sang coulait encore sur le carrelage et elle semblait tétanisée face à son regard. Elle lui semblait que ses larmes avaient dépassé les cris. Non, elle ne criait plus ; elle pleurait. Mais le liquide rouge ne s'arrêtait pas de se déverser. Une grimace défigurait son beau visage, ses traits angéliques inspiraient maintenant la pitié. Elle était si fière autrefois.

« C'est à cause de toi, s'il a fait ça. »

Oui, elle se souvient. Leur projet ne pouvait pas aboutir, à cause de lui. Le monstre la tenait encore prisonnière, mais lorsqu'il apprit leur relation, il eût la main lourde. La coulée rougeâtre inondait le sol d'un blanc impeccable.

Elle était un rêve parce qu'elle ne pouvait la retenir dans ses maigres bras. Elle ne faisait pas le poids face à lui, et il était revenu pour abattre sa colère sur elle. Il n'aimait pas qu'elles vivent ensemble de la sorte. Il portait une haine si forte contre elle qu'il se calmait sur la peau dorée de Chaeyoung.

Néanmoins, son souvenir hantait ses pensées, elle était encrée dans sa chair, comme un tatouage. Elle avait besoin d'elle. Mais, elle devait partir. Pourtant, elle revenait à chaque fois pour ressentir un peu de son amour, parce qu'elle avait le droit d'être aimée. Depuis des années que les deux tourtereaux vivaient ensemble, il avait fallu que ce soit maintenant qu'il se manifeste. Elle avait si peur, elle ne pouvait lui en vouloir. Seulement, cette fois, elle devait la retenir alors elle était allé le voir.

Dans la mesure où Lalice avait sonné à sa porte, l'homme se fit un plaisir de se décharger de toute cette rage sur elle, l'auteure de ses maux. Le lendemain, on avait retrouvé la jeune femme sur le sol de son salon. Elle était partie rejoindre l'autre parce qu'elle avait trop peur. Elle jouait la forte, mais elle tremblait sous ses doigts, dans le noir pour que la plus jeune ne voit plus ses pleurs. Pour le protéger, elle faisait mine de s'amuser d'elle. De toute façon, on lui avait dit qu'elle avait perdu la mémoire alors l'aînée s'habillait de son costume d'actrice pour mener la danse.

Malgré sa peur, elle revenait toujours. 

𝗟𝗘𝗧 𝗠𝗘 𝗞𝗡𝗢𝗪, cɦɑelisɑOù les histoires vivent. Découvrez maintenant